Francis et Jeanne De La Haye

Maryvonne De La Haye Interview n°2 – Partie 2 Francis et Jeanne De La Haye

C’est en compulsant les recensements de Bayeux que j’ai découvert que l’oncle Francis de La Haye vivait en 1921 au 27 rue Saint-Jean à Bayeux. La famille compte aussi ses deux enfants Roger et Raymond, fils de la tante Maria de La Haye née Raux, et une autre femme de La Haye s’appelant Jeanne et née à Paris.

Recensement de Bayeux en 1921 Archives Départementales du Calvados

Maryvonne, qui a bien connue sa grand-mère, m’en dit plus sur leurs vies en complétant l’interview n°1.

Francis se remarie donc avec Jeanne à son retour de la guerre de 1914-1918. Tante Maria étant décédée en 1916.

Jeanne née Mattray est venue au monde à Paris, mais sa famille et ses parents habitait le Molay (avant la fusion avec Littry).

Au moment de son mariage elle est institutrice dans une petite école “un peu plus haut en allant sur Saint-Exupère”. Je pense qu’il peut s’agir de l’Ecole du Sacré Coeur au 155-157 Rue Saint-Jean.

Au départ Jeanne aide Francis qui tient une quincaillerie également rue Saint-Jean. Francis fait aussi des travaux de fumisterie. Mais son petit talent, dont personne ne m’avait parlé jusqu’ici et qui n’est documenté nulle part, c’est qu’il est aussi sourcier.

Bon je sais pour Sylvain Guichard le dessinateur de Heula, trouver de l’eau en Normandie c’est pas sorcier…

J’ai retrouvé leur acte de mariage à Bayeux le 28 avril 1919.

Le beau-frère de Francis (alias François pour l’Etat-Civil), notre arrière grand-père Henri, est témoin au mariage. Je sais depuis la lecture des cartes postales de Bayeux qu’ils étaient très proches pendant la guerre, après aussi visiblement.

Mais Francis a été gazé pendant les combats et décède à Bayeux le 24 juillet 1923, à peine 4 ans après ce second mariage.

Jeanne semble avoir pris goût au commerce mais pas à la quincaillerie. Vendre des clous et des vis, c’est pas son truc. Le fils ainé Roger de La Haye, qui est maintenant en âge d’avoir un avis, ne s’intéresse pas non plus à la quincaillerie mais à la mécanique. Alors la quincaillerie est vendue et Jeanne s’établit en librairie-papeterie toujours dans la rue Saint-Jean à Bayeux, mais de l’autre côté de la rue à proximité d’un marchand de vin nommé Pillon.

Ce commerce va fonctionner longtemps, de l’ordre d’une trentaine d’années entre 1923 et 1953.

Mais Tante Jeanne ne peut plus moderniser le commerce comme il le faudrait et de nouveaux commerces, Les Galeries, lui font une concurrence de plus en plus sensible.

A la mort de Roger un tuteur est nommé pour Maryvonne qui n’a que 11 ans. Cependant, dit-elle, le tuteur ne fait rien pour la boutique.

Et finalement lorsque Tante Jeanne prend sa retraite, le commerce ne vaut plus grand chose.

Et elle se retire à Linverville comme déjà vu dans l’interview n°1.

En recherchant d’anciennes librairies papeteries Rue Saint-Jean à Bayeux, j’ai trouvé cette photo des archives militaires britanniques. Est-ce la papeterie de la tante Jeanne ? Je crois reconnaître à l’arrière la façade de la halle aux poissons. J’ignore si c’est la même papeterie, mais sinon elle doit lui ressembler, avec ses petites bouteilles d’encre de Chine en vitrine.

André Cauderlier (1908-2003) et André Cauderlier (1909-2003)

Maryvonne De La Haye Interview n°2 – Partie 1 Les André Cauderlier

André Cauderlier (1908-2003) et Simone circa 1990

Un jour où mon grand-père André Cauderlier (1908-2003) visitait ses cousines Maryvonne et la maman de celle-ci, cousine Madeleine de La Haye à Caen, ils sont passés devant l’immeuble où habitait un autre André Cauderlier (1909-2003), rue du Havre à Caen. C’était l’un des 4 petits cousins Cauderlier de Carentan, les fils de Jules Cauderlier et de Marie Yvelande. Celui en question, André Cauderlier, était devenu architecte de la ville de Caen.

Pour un architecte, la Reconstruction de Caen, c’était un truc de ouf. Et architecte de la ville à cette époque là c’est comme architecte de Notre-Dame de Paris aujourd’hui, le projet de ta life.

Jules Cauderlier, Marie née Yvelande et les 4 petits Cauderlier de Carentan circa 1917. André est le 2ème en age. Je pense qu’il est à gauche juste en dessous de sa maman.

Alors qu’ils jouaient ensemble quand ils étaient petits, André, mon grand-père, sait au moment où il arrive devant cet immeuble flambant neuf de la Reconstruction qu’il n’est pas attendu. Il a sans doute trouvé l’adresse sur l’annuaire du téléphone. Il décide finalement de ne pas sonner à la porte, ce qui a marqué et peut-être même peiné Maryvonne.

Ce qu’il y a c’est que, d’après tante Denise, après que les 4 petits cousins orphelins (dont André l’architecte) eurent eu pour tuteur notre arrière grand-père Henri Cauderlier, et donc furent accueillis à Bayeux pour toutes les vacances, une vieille brouille familiale est réapparue au moment du mariage de mes grands-parents, les Lagouche-Bouthreuil de Carentan ayant un différend avec les Cauderlier de Carentan (peut-être une histoire de concurrence entre restaurateurs ou une histoire d’héritage peu importe) .

Mariage André Cauderlier Suzanne Lagouche 1930

C’est ballot parce que pour danser au mariage on avait plus de filles que de garçons. Du coup on a embauché quelques danseurs professionnels.

Et çà, ça a bien énervé tante Denise qui aimait bien ses cousins.

Tout çà pour dire que si grand-grand-père André Cauderlier n’a pas sonné à la porte de son petit-cousin André Cauderlier c’est peut-être qu’il ne savait pas trop comment il allait être reçu.

Bien des années plus tard, en octobre 1994, Arlette et moi avons osé sonner Rue du Havre à Caen chez André Cauderlier l’architecte. Mais il faut dire que nous étions attendus.

En effet à l’occasion d’une réunion de plusieurs chorales de Normandie quelqu’un a fait l’appel pour voir si tout le monde était là.

– Madame Cauderlier ?

– C’est moi ! dit Arlette Cauderlier belle petite-fille de André (1908-2003)

– Non c’est moi ! dit Annick Alberteau née Cauderlier fille de Pierre Cauderlier (né en 1913), frère cadet d’André Cauderlier l’architecte (1909-2003).

Et voilà comment on se découvre une cousine qui nous propose de rencontrer son oncle André Cauderlier, ancien architecte de la ville de Caen, et son épouse Simone.

André Cauderlier (1909-2003) Architecte de la Ville de Caen, en octobre 1994 devant l’armoire miraculée des bombardements.

On se souviendra longtemps de ce moment où ils nous ont raconté les bombardements de la ville, les cachettes dans les talus aux alentours, le retour dans les décombres et la récupération d’une armoire miraculeusement préservée au fond d’une cave qui trônait à présent dans le salon. On se souvient aussi des mots de ce fils pour sa mère Marie Yvelande tellement affectée par les deux Guerres mondiales. La première lui ayant pris son mari et la seconde tous ses biens.

Mon grand père André est décédé le 27 avril 2003, son cousin André l’architecte est décédé 4 jours plus tard le 1er mai. On lit encore sur internet les messages presque concomitants de leurs veuves Simone Cauderlier et Simone Cauderlier (ou inversement).

YES !

Un mystère a pris un grand coup de désépaississant.

On ne sait pas tout, mais les choses se clarifient.

Sans doute le plus gros mystère de la famille Cauderlier est-il en train de tomber.

Ce mystère c’était jusqu’à ce matin :

Par quelle filiation les pauvres Cauderlier du Nord ont-ils fait un héritage qui les a fait émigrer en Normandie en 1851 pour reprendre une affaire commerciale comprenant même du transport trans-Manche avec l’Angleterre ?

Au départ il y a l’histoire familiale orale qui nous parle d’une demoiselle Demasière dont hériteraient nos héros, notre couple génération 0 Henri et Stéphanie.

Mais cet héritage vient-il des parents de Henri ou de ceux de Stéphanie ? Duquel des 4 grands-parents ?..

Le truc c’est qu’il faut à la fois remonter dans l’arbre et redescendre chaque branche à la recherche de cousins qui n’auraient que l’un de nos héros comme héritier.

L’autre critère c’est que les cousins que l’on recherche doivent être riches et normands.
Semblant de rien ça élimine tout de suite pas mal de branches.

Mais attention à force de chercher on pourrait croire des truc incroyables.

En début d’année j’ai été scotché de découvrir que :

le père de notre héros Henri Cordelier étant Henri Cauderlier 1778-1836,
son père est Albert Cauderlier 1753-1830,
dont le père est Jacques Cauderlier 1716-1770
et la mère est Marie Thérèse HOURDEAU 1720-1786.

Les parents de Marie Thérèse Hourdeau sont :
Henri HOURDEAU 1691-1775
et
Péronne DEMAISIERE 1685-1757

Bingo que j’me suis dit je l’ai enfin la Demaisière de notre histoire familiale.

Sauf que pour qu’un descendant de Péronne Demaisière ait une chance d’avoir pour héritier notre héros, il faudrait à la fois qu’il n’existe aucune autre branche portant fruit dans son arbre descendant, et qu’aucune autre branche Cauderlier ou Hourdeau n’ait de descendance, ce qui est tout à la fois improbable et contre-intuitif.

Et pourtant, me disais-je, le nom de Demasiere n’est pas si répandu.

Et ben si.

A force de chercher ce matin j’en ai trouvé un autre et cette fois c’est le bon.

La maman de notre héros Henri Cordelier s’appelle Justine Sophie Lemaréchal.

En cherchant un peu j’ai fini par me faire une certaine idée de sa vie mouvementée très affectée par les guerres napoléoniennes.

Le père de Justine s’appelle Thomas Le Maréchal. Avec sa femme Marie Sophie Angélique Saint-Jean (1761-c.1827) ils ont au moins 4 enfants, 3 nés à Périers et 1 à Lessay dans la Manche. Comme on l’a dit ailleurs, il était perruquier mais à la fin de l’Ancien Régime, plus de perruques poudrées, donc plus de boulot. Il se fait militaire et meurt “Aux armées” quelque temps avant 1813. Puis sa veuve se remarie avec un sieur Tonelet (pour se désaltérer) et s’établit semble-t-il aux Pieux (pour se reposer).

Nous connaissons 4 enfants au couple Le Maréchal-Saint-Jean :
– Sophie Clotilde Angélique sa fille ainée dont les actes sont écrits avec des pattes de mouches et qui ne vivra que 15 jours en 1784 en nourrice,
– Léonore Marie Angélique 1785-1851 dont nous parlerons ci-dessous,
– Justine Sophie 1786-1816 la maman de notre héros Henri Cordelier,
– Henry Julien Narcisse né en 1792 que nous retrouverons plus bas.

La découverte, c’est que Léonore Marie Angélique Le Maréchal épouse à Carentan le 12 mars 1813 Casimir Desmezières.

Bingo bis! et là le marié vit à Carentan rue de l’Eglise (la même rue que celle où s’établiront les Cauderlier fraichement débarqués du Nord) et il est même né à Carentan le 28 février 1791 (très bonne date aussi le 28 février 😉 ).

Les deux époux (Léonore Le Maréchal et Casimir Desmezières) décèdent en 1851 (tiens tiens l’année de la migration des Cauderlier en Normandie) sans enfant identifié.

Comment être sûr cette fois que c’est le bon ? hé bien, avant même d’aller retrouver les archives notariales de leurs successions, en consultant en ligne les archives fiscales des successions de l’époque dites “Tables des Successions et Absences” (oui parce que déjà les absents avaient tort).

Et qu’est-ce qu’on y trouve en 1852 …

On y trouve ça :

Sur la page de gauche il y a :

et en face à droite :

On zoome un peu pour mieux voir …

Pas de doute c’est bien Cordelier Henri qui hérite de 3500 francs or de valeurs mobilières et de 1170 francs de rente immobilière le 16 janvier 1852 puis de 3909 francs or le 17 avril et encore de 3700 francs le 17 juillet.

Je n’aurais jamais imaginé qu’il aurait à partager cet héritage mais c’est visiblement le cas.

Il partage avec Lemarechal Henry de St Vaast qui est le frère de Justine et de Léonore vu plus haut, et avec Lemarechal Augustine. Qui est cette dernière ?

Il y a semble-t-il une Augustine fille du Henry Lemaréchal de St Vaast, elle a d’ailleurs un frère Louis parti au Pérou ! alors le temps de lui envoyer un courrier et qu’il réponde… l’aéropostale avait le temps de se développer !

Mais il serait plus logique de rechercher une soeur Augustine, une cinquième de la fratrie que nous aurions oubliée. Car comment peut-on s’inscrire comme père et fille dans la succession d’une respectivement soeur et tante ?

Et puis, pourquoi les frères et soeurs de la femme pré-décédée héritent-ils de leur beau-frère veuf ?

Nous sommes là dans la succession de Casimir Desmezières à parler des frères et soeurs de sa femme ….

…je ne saurais le dire mais ce qui est clair c’est qu’Henri Cordelier est là en représentation de sa mère Justine Sophie Lemaréchal qu’il a si peu connue mais qui lui aura assuré son avenir par la place qu’elle lui laisse dans la succession de sa soeur Léonore et ici de son beau-frère Casimir Desmezières.

Et qu’est-ce- qu’on dit ?

Merci arrière-arrière-arrière-arrière grande Tata Léonore.

Phobie administrative

En essayant de comprendre l’histoire de Thomas Lemaréchal, il m’est venu l’idée qu’il pouvait avoir été blessé, ou pire, tué lors des campagnes napoléoniennes. En effet, dans l’acte de mariage Cauderlier-Lemaréchal, Thomas a comme profession “perruquier et militaire”. Dans les actes précédents il n’était que perruquier. Ce métier a dû être frappé d’une crise à la chute de la monarchie… La perruque était associée à l’Ancien Régime. On peut donc déduire qu’il s’est reconverti en entrant dans l’armée.

Une autre question qui m’intrigue : que fait Justine Lemaréchal, née à Périers dans la Manche, vingt ans plus tard à Taisnières-sur-Hon, dans le Nord ? Elle est couturière et encore célibataire. Supposition : Peut-être que Justine, la fille de Thomas Lemaréchal, est venue dans le Nord pour soigner ou enterrer son père. Sa mère n’a pas l’air de l’accompagner. Celle-ci se remarie dans la Manche.

Mais que sont devenus les morts de ces guerres effroyables ? Et qu’en disent les généalogistes aguerris (s’y j’ose dire) ?

J’ai découvert qu’il y a tout un projet “mémoire des hommes” qui oeuvre à les recenser.

Alors j’ai cherché les Lemaréchal morts pendant les guerres napoléoniennes natifs de Périers dans la Manche, et là pas de Thomas mais un Maurice Aimable François né le 11 janvier 1793. Un frère ou un cousin sans doute.

Ni une ni deux je consulte les archives de Périers en 1793 mais là surprise pas de naissance de Lemaréchal en janvier 1793 An deuxième de la république. Comment est-ce possible ?

Un peu de persévérance et hop voilà ce que je trouve en février soit 20 jours après la naissance du jeune Maurice :

Archives départementales de la Manche Périers 1793 Acte N°5

Transcription :

Aujourd’hui premier février mil sept cent quatre vingt treize, an deuxième de la République française, à cinq heures du soir, par devant moi Etienne Guillaume Dusignet membre du conseil général de la commune de Périers, élu le cinq décembre dernier pour dresser les actes destinés à constater les naissances, mariages et décès des citoyens, est comparu en la salle publique de la maison commune le citoyen Jean Le Maréchal, tisserand, domicilié dans la dite municipalité de Périers rue du Clos Torel, lequel assisté de Jean Desrez, cordonnier, âgé de vingt-huit ans, et Léon Nicolas Desrez, tous les deux natifs et demeurant en cette municipalité, rue et place du vieux bourg, a déclaré à moi Etienne Guillaume Dusignet que Marguerite Anquetil, son épouse en légitime mariage, est accouchée le onze janvier dernier, sur les neuf ou dix heures du soir, dans la maison située rue du Clos Torel, d’un enfant

Archives départementales de la Manche Périers 1793 Acte N°5

mâle qu’il m’a aujourd’hui présenté, ce qu’il aurait fait dans les temps prescrits par la loi si elle lui avait été connue et s’il n’avait pas été persuadé que la présentation faite de cet enfant en l’église pour recevoir le baptême n’eut pas été suffisante, nous assurant qu’aucun citoyen ne mettroit plus d’empressement à l’exécution de toutes les lois, auquel enfant il a donné le prénom de Maurice Aimable François, que les citoyens Jean Nicolas Desrez, ce dernier âgé de soixante quatre ans, ont certifié véritable, et la représentation qui m’a été faite de l’enfant dénommé, j’ai rédigé, en vertu des pouvoirs qui me sont délégués, la présente acte que Jean Lemaréchal, père de l’enfant et les deux témoins Jean et Nicolas Desrez ont signé avec moi.

Fait en la maison commune de Périers les jours mois et an ci-dessus.

Trois semaines de retard pour la déclaration ! Le déclarant se défend d’une quelconque phobie administrative… On espère qu’il n’a pas été sanctionné, peut-être avait-on déjà inventé la période pédagogique avant sanction, après tout l’Etat-Civil ne date que du 20 septembre 1792 soit à peine plus de 4 mois avant la naissance du petit Maurice, et son papa n’avait pas la télévision.

Hélas, le jeune Maurice Aimable François Lemaréchal ne vivra pas très vieux. Ses parents l’éduqueront avec amour pour servir de chair à canon dans les campagnes de Napoléon puisqu’on le retrouve dans la liste de décédés de Mémoire des hommes.

Pattes de mouches

C’est souvent un challenge de déchiffrer les actes les plus anciens, extraits des cahiers paroissiaux d’avant la Révolution française. Le prêtre qui maniait la plume avait une graphie différente de la nôtre. De grandes boucles marquent la fin des mots. Les s ressemblent à des f. Les mots sont attachés, la virgule semble inconnue. L’encre fait des pâtés. Surtout, le scripteur s’efforce d’économiser le papier. Il écrit tout petit, en pattes de mouche, et il arrive que les lignes soient si serrées qu’elles se cognent.

Je l’imagine, sollicité par l’arrivée de paroissiens, qui se met en place. Il procède au baptême. Puis il va chercher le cahier, la plume et l’encre, la bougie peut-être. Il s’installe, trempe son immense plume d’oie dans l’encrier. Il questionne. Il écoute ce qu’on lui raconte des faits.

Il interroge pour faire le tri et remettre les éléments en ordre. Ne rien oublier. Relire, faire signer. Puis ce sont les autres qui se penchent sur le grimoire, parfois moins regardant sur la place occupée par leur signature qu’il ne l’a été pour l’acte. Ils s’appliquent.

Le résultat, c’est cela :

Archives de la Manche
Inhumation de Sophie Clotilde Angélique Lemaréchal
le 16 Mai 1784 à Saint Patrice de Claids
page 1

Et voici ce que je crois lire :

Le dimanche seize jour de May de l’an 1784 le corps de Sophie Clotilde Angélique Lemaréchal fille de Thomas et de Marie Angélique Saint Jean de la paroisse St <Quelquechose> de Périers décédée hier chez <quelqu’un> Yon de cette paroisse où elle était en nourrice âgée d’environ quinze jours.

Archives de la Manche
Inhumation de Sophie Clotilde Angélique Lemaréchal
le 16 Mai 1784 à Saint Patrice de Claids
page 2

a été inhumé dans le cimetière de ce lieu par nous <quelqu’un> soussigné et Mr Le Barrier et Mr <quelquechose> sous signés.

Evidemment, pour les noms propres, le challenge est encore plus grand. J’espère avec le temps m’habituer au déchiffrage. Peut-être que dans quelques mois ou années les gribouillis ci-dessus n’auront plus de secrets pour moi. Pour l’instant, ils sont hélas pleins de mystère. C’est dommage, car ce sont bien les noms propres qui permettent d’avancer vers le haut en généalogie.

Je ne suis pas le seul à m’arracher les yeux sur les actes anciens. La personne qui a rédigé la table annuelle de ce cahier paroissial a eu bien du mal à lire le nom de la petite, et a indiqué dans la marge ‘Le Morisset’. Il va sans dire que j’avais bien peu de chances de tomber sur ce document. Mais une fois de plus j’ai été aidé. Cette fois, c’est une recherche dans généanet qui m’a permis de découvrir la naissance et la mort de cette petite, à quelques jours d’écart. Pauvre enfant, pauvres parents…

Le mystère de la tasse fêlée

La tasse fêlée Henri Cordelier de Bayeux

Ceux qui auront l’opportunité de venir dans la maison familiale de Bayeux pourront voir dans le buffet de la salle à manger, au milieu des autres objets de vaisselle courante une vieille tasse dorée et fêlée où est inscrit le nom de “Henri Cordelier”.

La seule personne à avoir porté ce nom est notre ancêtre, l’arrière grand-père de mon grand-père, celui là même dont la sage-femme a fait la déclaration de naissance à Maubeuge en 1815 en écorchant son nom de famille.

Voir évènement Naissance de Henri Cauderlier (ou Cordelier)

Si l’on admet que cette tasse lui appartenait, son histoire est plutôt rocambolesque.

En effet ce ne peut pas être un cadeau de communion, car à cet âge Henri était retourné dans son village où tout le monde connaissait son vrai nom.

Il ne peut donc s’agir que d’un cadeau de naissance ou de baptême à Maubeuge en 1815.

Note : il faudrait rechercher son baptême …

Il faut aussi admettre que cette tasse a ensuite été déménagée du Nord vers la Normandie par diligence pour arriver à Carentan.

Là, on se plait à imaginer qu’Henri l’a donnée à son petit-fils Henri mon arrière grand-père pour sa naissance ou son baptême.

A moins que l’histoire soit beaucoup plus simple et que ce soit juste une nouvelle erreur de patronyme semblable à la première, faite 2 générations plus tard…

Il n’y a qu’en datant précisément le style de cette tasse qu’on lèvera ce terrible mystère…

Maryvonne De La Haye Interview n°1

Un fils de Louis (Cambrai) De La Haye (Louis ou Roger de Valencienne) a envoyé dans les années 1990 à Maryvonne un dossier épais de généalogie des de La Haye. C’était sans doute le résultat du travail d’une généalogiste professionnelle mandatée par lui pour éclairer le travail précédemment réalisé par l’oncle Joseph de La Haye.

La tante Jeanne de La Haye, seconde épouse de l’oncle Francis De La Haye (François pour l’Etat Civil) était la grand-mère de Maryvonne. Ils n’ont été mariés que 3 ou 4 ans autour de l’année 1921, date du recensement de Bayeux qui nous l’a fait découvrir.

Francis tenait une quincaillerie rue Saint-Jean à Bayeux. A sa mort, Jeanne ne souhaite pas reprendre ce commerce et s’installe comme libraire de l’autre coté de la rue. Il y aurait aussi un marchand de vin et une boulangerie à coté. Plus tard Tante Denise Cauderlier aurait travaillé dans l’un de ces commerces tenu alors par la famille “Le Cordier” (peut-être les prédécesseurs de Coutard au 22/24 rue St Jean) .

Les parents de Jeanne habitaient Le Molay-Littry même si Jeanne est née à Paris. Elle avait un frère “pas très courageux” à qui elle a abandonné des biens immobiliers pour le sortir de l’embarras, mais plus tard c’est elle qui n’avait plus rien pour vivre. Elle est alors venue vivre à Linverville.

Le nom de Douet n’évoque pas des certitudes. Dans les albums nous avons des enfants Douet prénommés Amédée, Jeanne et Marie-Louise. Amédée Douet pourrait avoir un commerce de pièces d’or sur la côte du Calvados du côté de Riva-Bella.

Tante Cécile De La Haye habitait chez une amie fortunée, Mlle Léger, qui vendait des tableaux et habitait rue Echo à Bayeux. Elle tricotait des chaussettes en laine que toute la famille se devait d’acheter. Maryvonne se devait aussi de les porter tous les jeudis car Tante Cécile venait ce jour là à la librairie.

D’après cousine Madeleine, la “Tante Guégué” (femme de Louis De La Haye père née Aglaé Blareau) avait des idées particulières !?!

Les Boucher ont été établis place du marché aux pommes où ils vendaient de l’essence.

Louis De La Haye fils a eu 2 filles l’une est décédée à 50 ans d’un cancer et la seconde s’est remariée plusieurs fois et a eu des enfants établis un peu partout y compris sur la côte d’Azur.

Raymond De La Haye est mort à 20 ans de la tuberculose avant le mariage de son frère Roger. De son côté Cousine Madeleine aussi avait perdu une jeune soeur peu de temps avant son mariage. Du coup l’ambiance au mariage était plutôt lourde.

Raymond allait souvent à Saint-Vigor où des amis fermiers, des gens simples et fortunés, s’occupaient de lui au grand air de la campagne en même temps que de leur fille qui avait le même mal. Leur fille ( Peggy Longuet filleule …. ???) s’en est sortie mais pas Raymond.

Roger est mort en février 1951 également d’un mal aux poumons. Il n’avait pas le goût de la quincaillerie mais celui de la mécanique.

Il s’occupait d’un projecteur de cinéma équipé d’un lampe à arc électrique. Un jour il se rend compte que sa montre de fonctionne plus, il l’apporte chez un horloger près de la cathédrale de Bayeux et là on s’inquiète que ses poumons sont rongés comme sa montre.

A la fin il lui faudra l’aide de ballons d’oxygène pour respirer. Peut-être que le terrain de la famille était propice aux maladies des poumons.

Après la mort de son mari Roger, Cousine Madeleine sous l’influence de sa mère qui souhaitait que ses trois filles soient fonctionnaires (pont l’Eveque) passe des concours et s’installe à Caen. Maryvonne est triste de quitter Bayeux, elle a 13 ans et doit quitter ses amies et ses cours de musique. Sa grand-mère maternelle était native de la Manche et la maison de Linverville est une maison de famille. En fait c’est la maison d’à côté qui était la maison des grand-parents et la maison actuelle de Maryvonne était une annexe mais elle a l’avantage de ne pas avoir de servitude.

Avec le droit d’aînesse Madeleine a pu choisir de garder cette partie là que Roger aimait beaucoup.

Après la guerre, il n’y avait pas d’essence et c’était donc impossible de venir à Linverville.

Après la mort de Roger de nouveau c’est devenu difficile faute de conducteur.

L’acquisition d’une 4CV a redonné l’autonomie à Madeleine et Maryvonne. Mais Madeleine n’aimait pas Linverville autant que Maryvonne et l’aurait bien vendu si elle avait été seule.

La photo de Paul Bouthreuil et Hortense Cauderlier

La première page de l’album qui me faisait rêver enfant représente le couple d’Hortense Cauderlier et Paul Bouthreuil, mes arrières-arrières-grands-parents du côté de ma grand-mère paternelle. La photo les montre jeunes. Ils se sont mariés en 1862. Elle est signée “Photographie GALLOT à Cherbourg” et dessous il est écrit “Seul représentant du Panthéon de l’ordre Impérial de la Légion d’honneur pour le Département de la Manche”

Comme le second empire s’achève en 1870 on peut raisonnablement penser que cette photo date des années 1860. C’est sans doute l’une des plus anciennes que nous ayons de nos aieux.

Quoique je connaisse cette photo depuis un demi siècle çà ne fait qu’une quinzaine de jours que j’ai pu identifier les personnes en les comparant à des portraits d’eux ultérieurs. Ce fût une grande joie.

Et en plus ils sont très beaux…

Du coup j’ai choisi cette photo comme premier emblème du site.

Les Cartes postales de Bayeux

Le 6 septembre 2020

Dans la maison de Bayeux, je retrouve des albums contenant des cartes postales. Ces albums sont ceux de mamie de Bayeux, Marthe. On s’écrivait comme des textos, tous les jours ou presque, pour ne pas dire grand-chose sur ces courriers sans enveloppe. la différence, c’est qu’il était courant de conserver et collectionner les cartes postales.

De nombreuses cartes sont envoyées à Carentan par des amis de Marthe et Henri, avant puis après leur mariage, par ses frères et sœurs, ses amis.

Marthe réside chez ses parents à la gendarmerie, son père Joseph en est le capitaine.

On découvre certaines personnalités, comme celle de sa sœur Cécile de la Haye née le 1er juillet 1892 qui écrit même quand elle est encore petite. Elle est spontanée et bavarde, elle écrit énormément. Les visites sont fréquentes de Bayeux à Carentan, à Caen et à Cherbourg, par le train.

On se rend visite le dimanche.

Une amie Jeanne Douet écrit très souvent depuis Cherbourg à Marthe, jusqu’au mariage de Jeanne Douet. Elle donne des nouvelles de Madame Viala.

Cherbourg a une importance particulière pour la famille de la Haye.

Les naissances donnent lieu à des échanges de cartes, ainsi que les fêtes.

La guerre de 1914-1918

Francis de la Haye et son beau-frère Henri Cauderlier sont mobilisés ensemble dans le même bataillon. Ils séjournent à Cherbourg, puis partent vers l’est à Belfort, en 1915 à Bray-sur-Somme.

Les permissions sont rares.

Georges Boucher est mobilisé et blessé.

Les cartes adressées à la petite Denise, âgée de 3 ans, ne lui épargnent pas les ruines et les destructions.

En l’absence des hommes, les femmes font tourner le commerce. Henri explique à Marthe comment gérer la comptabilité client.

Visite des cimetières de Bayeux, Carentan, Méautis et Donville

Le 5 septembre 2020

Nous nous rendons d’abord au cimetière de Bayeux Saint-Exupère, puis à celui de Carentan.

A Bayeux, nous photographions les tombes familiales.

A Carentan, je vais droit vers les tombes de Paul et Hortense Bouthreuil, voisine de celle de leur fils Edouard (père), sa femme Berthe et leurs deux filles décédées très jeunes Agnès et Denise. La tombe de Jules Cauderlier et Marie Yvelande est toute proche aussi. Elle fait l’objet d’une reprise par la mairie 50 ans après le décès de de Marie Yvelande en 1967.

A Sébeville, nous retrouvons l’église et un beau château voisin. Le cimetière est presque vide. Tout au fond, des tombes qui paraissent être celles d’enfants, mais pas de mention du nom d’Eugène Cauderlier. C’est peut-être trop ancien.

Nous allons ensuite à Méautis. Le manoir de Donville est devenu un mémorial de la 2de Guerre mondiale. Les deux cimetières sont paisibles, mais je n’y retrouve pas de Bouthreuil.