Les souvenirs de Charles Lagouche exposés à Clermont-Ferrand

Notre article relatant l’implication pendant plus de 35 ans de l’oncle Charles Lagouche au ravitaillement du Tour de France nous a mis en contact avec Eric Caron, qui travaille à la réalisation d’un Musée de Valorisation du Patrimoine Cycliste.

Un avant-goût de ce que l’on pourra découvrir dans ce musée était présenté à l’Hôtel Campanile de Clermont-Ferrand/Le Brezet en juillet dans le cadre d’une exposition “Tour, Retour et Détours”.

Si les plus fervents supporters des cyclistes étaient séduits par la collection des maillots distinctifs accrochés aux murs, les Clermontois de souche pouvaient retrouver les coupures de journaux relatant les étapes courues depuis un siècle dans le Puy de Dôme.

Les enfants que nous sommes tous restés s’émerveillaient devant la reconstitution en modèle réduit de la course et plus encore de la caravane.

Mais pour nous bien sûr c’est la vitrine aux souvenirs du ravitaillement qui était centrale.

Et ainsi pour nous aussi les objets avec lesquels nous avons joué enfants sont devenus des pièces de musée.

Dessine moi un arbre

Voir l’arbre généalogique dessiné est souvent la meilleure façon de mémoriser l’organisation des familles.

Heureusement nous avons des outils en ligne qui le font très bien.

Moi j’utilise surtout Geneanet.

Les personnages dont je parle sur ce site sont donc souvent présents sur mon arbre consultable gratuitement à l’adresse :

https://gw.geneanet.org/alaincauderlier?lang=fr&n=cauderlier&oc=0&p=alain+andre+jean&type=tree

Bonne grimpette dans les branches.

Jeu des 7 familles

Famille Risler-Cauderlier Le Fils

Cela fait quelque temps que çà me trotte dans la tête : et si on faisait un jeu des 7 familles à partir des données généalogiques.

Bien sûr l’objectif est pédagogique, il s’agit de proposer aux générations nouvelles un moyen de mémoriser quelques lignées tout en s’amusant.

Si l’on adopte les règles du jeu classique la principale contrainte est de trouver des couples ayant à la fois un garçon et une fille. Je sais que c’est très genré comme propos mais ce n’est pas moi qui ai inventé le jeu! En effet les familles du jeu doivent se composer d’un couple de parents ayant au moins un garçon et une fille assorti d’un des deux couples de leurs aïeux.

Après on se dit que pour que le jeu puisse intéresser un nombre significatif de joueurs il faut que les 7 familles aient un rapport entre elles c’est à dire qu’elles s’inscrivent dans un système familial bien défini. Pour nous c’est assez évident : nous nous limiterons aux lignées dont l’un des deux parents est un descendant du couple formé par Henri Cauderlier et Stéphanie née Auquier. Du coup on peut associer à chaque individu un rang de génération, génération 1 pour les enfant du couple de référence, 2 pour les petits-enfants et jusqu’à 7 pour les plus jeunes des enfants d’aujourd’hui. On peut aussi essayer d’associer à chaque famille un lieu qui serait un lieu de vie du couple des parents du couple, pour servir d’illustration de fond de chacune des cartes des membres d’une même famille.

Ensuite il faut que l’on dispose d’une photo de chaque personne ce qui suppose souvent que l’on a gardé des liens avec eux. Idéalement on cherchera une photo dont l’age sera cohérent avec le rôle choisi pour la personne dans le jeu. Enfin il faut qu’une même personne n’apparaisse au plus qu’une seule fois dans le jeu pour éviter les confusions.

Semblant de rien il y a 42 personnes à trouver et j’ai longtemps cru que je n’y arriverai pas.

Mais les choses s’éclaircissent :

Famille 1 : Risler / Cauderlier
Lieu : Boulogne-Billancourt
Père : Nicolas Risler
Mère : Eveline Risler née Cauderlier
aïeul : André Cauderlier
aïeule : Francine Cauderlier née Delannoy
Fils : Lucas Risler
Fille : Magali Risler

Famille 2 : Cauderlier / Guy
Lieu : Paris 15
Père : Raphaël Cauderlier
Mère : MaNo Cauderlier née Guy
aïeul : Alain Cauderlier
aïeule : Arlette Cauderlier née Chernet
Fils : Aloïs Cauderlier
Fille : Hazel Cauderlier

Famille 3 : Cauderlier / De La Haye
Lieu : Bayeux
Père : Henri Cauderlier
Mère : Marthe Cauderlier née De La Haye
aïeul : Léopold Cauderlier
aïeule : Emélie Cauderlier née Halley
Fils : André Cauderlier
Fille : Denise Cauderlier

Famille 4 : Le Barbey / Cauderlier
Lieu : Bd Victor
Père : Jules Le Barbey
Mère : Henriette Le Barbey née Cauderlier
aïeul : Jules Le Barbey
aïeule : Louise Le Barbey née Joncheray
Fils : Jean Le Barbey
Fille : Denise Cardaillac née Le Barbey

Famille 5 : Bourguignon / Bouthreuil
Lieu : Paris
Père : André Bourguignon
Mère : Odile Bourguignon née Bouthreuil
aïeul : Edouard Bouthreuil
aïeule : Suzanne Bouthreuil née Reech
Fils : David Bourguignon
Fille : Elsa ou Hélène Bourguignon

Famille 6 : Lagouche / Bouthreuil
Lieu : Granville
Père : Charles Lagouche
Mère : Marie-Louise Lagouche née Bouthreuil
aïeul : Paul Bouthreuil
aïeule : Hortense Bouthreuil née Cauderlier
Fils : Charles Lagouche
Fille : Suzanne Cauderlier née Lagouche

Famille 7 : Jacquemin
Lieu : Paris 18ème
Père : Marcel Jacquemin
Mère : Françoise Jacquemin
aïeul : Gaston Jacquemin
aïeule : Madeleine Jacquemin née Lagouche
Fils : Xavier Jacquemin
Fille : Marie-Agnès ou Claire Jacquemin

et même plus …

autour de mère = Emmanuelle Cauderlier mais il nous manque quelques photos
et autour de père = Marcel Lagouche mais avec les même aïeux que parents famille 6
et autour de mère = Denise Cardaillac mais avec les même aïeux que parents famille 4

Il nous reste à trouver les photos et à passer à la réalisation …

Hommage à Joseph De La Haye, Mort pour la Patrie

En ce 11 novembre 2022 je souhaite rendre hommage à Joseph De La Haye dont l’image reste à jamais comme celle du héros familial, celle de l’agneau sacrificiel de la grande guerre.

Le petit frère

Joseph de la Haye

Joseph De La Haye (que nous appellerons Joseph fils car son père s’appelle aussi Joseph), est né à Cherbourg le 19 mai 1890.

Dans sa fratrie ils sont 10 dont seulement 5 atteindront l’age adulte, 3 garçons et 2 filles. Joseph est le quatrième enfant et le troisième garçon.

Il a 11 et 10 ans de moins que ses frères ainés Francis et Louis et 7 ans de moins que sa grande soeur Marthe.

Il a aussi une petite soeur Cécile dont il est très proche et qui a 2 ans de moins que lui.

On sait de sa soeur Marthe que Joseph était un garçon attachant doté d’un charme et d’une élégance naturelle ce qui se devine bien sur les photos qu’il nous reste de lui. Marthe disait aussi retrouver beaucoup des attitudes et du comportement de Joseph dans son petit-fils André Cauderlier lorsqu’il était enfant ce qui ne faisait que renforcer son attachement pour son petit-fils.

Le premier généalogiste de la famille

Pour nous, Joseph est avant tout notre illustre prédécesseur dans l’art généalogique.

En effet, après que son père a obtenu par jugement la rectification de l’orthographe de son nom de famille, le jeune Joseph s’interroge sur ses origines et se lance dans une recherche généalogique dont il partage les résultats avec ses proches.

On dispose de ses résultats dont je ne manquerai pas de vous parler en détail un de ces jours car ils constituent l’une des interrogation majeure de notre généalogie.

Un jeune homme exalté

Je pense que ce n’est pas porter atteinte à sa mémoire que de dire que Joseph était un jeune homme exalté par les valeurs traditionnelles de l’Honneur et même par celle de Chevalerie.

Très jeune il sait qu’il veut être militaire. Il souhaiterait être officier dans la cavalerie et postule aux écoles militaires. Son rêve c’est Saumur mais il n’a pas le gabarit et la force physique requise. On lui a dit qu’il pourrait gagner en force en buvant un verre de sang de boeuf chaque jour alors bien que cela lui répugne il se rend tous les matins aux abattoir de Bayeux.

On sait par son dossier militaire qu’il s’engage dans la cavalerie le jour de ses 18 ans puis franchit tous les grades de sous-officier pour devenir aspirant à la veille de la guerre de 14.

Une fin tragique

Il est désespéré des conditions dans lesquelles commence la grande guerre et comme cavalier il souffre de devoir servir à pied faute de chevaux.

A la veille d’être envoyé au front pour une opération qu’il sait désespérée, il écrit une dernière lettre à ses parents.

Ce sont les dernières nouvelles qu’on aura de lui car il est porté disparu et la famille ne retrouvera jamais son corps malgré des recherches désespérées auprès de toutes les autorités y compris le pape et même un magnétiseur.

Mon grand père André a repris l’enquête sur des bases historiques pour comprendre ce qui s’est passé et a rassemblé ses conclusions par écrit.

Ses grands frères Francis et Louis ainsi que son beau-frère Henri Cauderlier auront plus de chance et reviendront vivants de la grande guerre mais le souvenir tragique du jeune Joseph reste vivant dans la famille au travers de son histoire, de ses photos et jusqu’aux fleurets qu’il utilisait lorsqu’il préparait le concours d’entrée à Saumur et que l’on peut encore voir au grenier à Bayeux.

De La Haye, en trois mots s’il vous plait !

Introduction

Joseph De La Haye

L’histoire familiale a retenu que l’orthographe en trois mots du nom de famille De La Haye a été rétablie par notre héros Joseph De La Haye par décision de justice.

Ce fait nous est confirmé par les mentions marginales portées sur chacun des actes de naissance des 5 enfants de Joseph De La Haye et Marie Tranchant ayant atteint l’âge adulte.

Nous savions donc que ce jugement a été prononcé au tribunal de Cherbourg en date du 13 juin 1894.

De La Haye
Mention marginale sur l’acte de naissance de Marthe De La Haye à Pipriac (Ille et Vilaine)

Ce jugement est important pour nous car nous enquêtons encore sur l’origine de cette famille et nous avons toujours deux hypothèses.

Soit il s’agit des De La Haye de Sénoville, vieille baronnie normande remontant au duché de Normandie au temps de Guillaume comme le défendait l’oncle Joseph De La Haye, fils benjamin de notre héros ;

soit il s’agît d’une famille bretonne comme le propose un généalogiste professionnel mandaté par les enfants de Louis De La Haye, fils cadet de notre héros.

Mais comment le tribunal a-t-il justifié le changement d’orthographe du nom de famille ?

A-t-il explicitement ou implicitement reconnu le caractère noble de nos aïeux ?

Le généalogiste professionnel a-t-il eu connaissance de ce jugement ?

Alors que nous pensions devoir aller chercher dans les archives départementales judiciaires à Saint-Lô pour retrouver le texte de ce jugement, la découverte d’aujourd’hui c’est que dans la mention marginale de l’acte de naissance de Joseph De La Haye il est précisé que l’arrêt du tribunal a été retranscrit in-extenso dans l’état civil lui même, précisément dans le registre des naissances de l’année du jugement soit en 1894.

Bonne pioche !

Acte de naissance de Joseph De La Haye à Saint Coulomb
Dans la marge il est écrit :
“voir transcription du jugement Lahaie faite en l’année 1894, le 29 juin N°15 du registre des naissances”

En fait il y en a même 4 copies , une dans chaque mairie où quelqu’un est né :

  • Saint Coulomb (lieu de naissance de Joseph le père),
  • Cancale (lieu de naissance du fils ainé dit Francis),
  • Pipriac ( lieu de naissance de Louis et Marthe),
  • Cherbourg (lieu de naissance de Joseph fils et de Cécile).

La transcription du jugement

Voici donc une transcription de ce jugement avec, pour le plaisir, un petit panachage des sources. En effet le texte en est si long qu’aucun des quatre scripteurs n’a eu le courage de l’écrire en entier, pas même celui de Cancale qui a tenu bon presque jusqu’à la fin :

Extrait du registre des naissances de Saint Coulomb en 1894. Archives départementales d’Ille-et-Vilaine.

L’an mil huit cent quatre-vingt quatorze, le vingt neuf
Juin, à onze heures du matin, nous Pierre Jugant, Maire, officier de l’état
civil de la commune de Saint Coulomb, canton de Cancale, arrondisse-
ment de Saint Malo, Département d’Ille-et-Vilaine, avons trans-
crit le jugement dont la teneur suit : “République française,
au nom du peuple français Le tribunal civil de première instance
de l’arrondissement de Cherbourg a dans son audience publique
du treize juin mil huit cent quatre vingt quatorze rendu le juge-
ment transcrit à la suite de la requête ci après.

Extrait du registre des naissances de Cherbourg en 1894. Archives départementales de la Manche.

A Messieurs les Président et Juges composant le tribunal
civil de Cherbourg Monsieur Joseph Jean Marie Lahaie, maréchal des logis chef
de gendarmerie, demeurant à Cherbourg, rue des carrières, a l’honneur de vous exposer, par Maître Drouet, son avoué, qu’il est né le neuf novembre mil huit cent quarante six en la commune de Saint Coulomb (Ille-et-Vilaine) et qu’il a
été inscrit sur les registres de l’état civil de cette commune sous les noms
de Lahaie, Joseph Jean Marie.

Extrait du registre des naissances de Pipriac en 1894 .Archives départementales d’Ille-et-Vilaine.

Qu’en l’année mil huit cent soixante quatorze, il a contracté
mariage en la mairie de Cancale (Ille-et-Vilaine) et que sur l’acte
dressé par l’officier de l’état civil, il a été dénommé ainsi :
Delahaye (Joseph Jean Marie)
Que de son mariage sont issus dix enfants dont cinq
seulement sont vivants. Ces derniers se trouvent portés sur
les registres de l’état civil de la commune où ils sont nés
comme suit :

Extrait du registre des naissances de Cancale en 1894. Archives départementales d’Ille-et-Vilaine.
De loin l’acte le plus lisible et le plus complet.

– primo – Delahaye (Antoine François), né le treize mai mil
huit cent soixante dix neuf, à Cancale, canton du dit, arrondissement de Saint Malo,
(Ille-et-Vilaine). – Secundo Lahaie (Louis Charles), né le trente et un octobre
mil huit cent quatre vingt, à Pipriac, canton du dit, arrondissement de Redon
(Ille-et-Vilaine). – Tertio – Lahaie (Marthe Marie Joseph), née le trois avril
mil huit cent quatre vingt trois, à Pipriac, canton du dit, arrondissement de
Redon (Ille-et-Vilaine) – Quarto – Lahaie (Joseph Marie) né le dix neuf mai
mil huit cent quatre vingt dix à Cherbourg, canton et arrondissement du dit
(Manche) – Et Quinto – Lahaie (Cécile Marie Louise), née le premier juillet
mil huit cent quatre vingt douze, à Cherbourg, canton et arrondissement du dit
(Manche). Que dernièrement l’exposant ayant voulu faire entrer l’aîné de ses
fils comme enfant de troupe, le conseil d’administration de la compagnie de gendar-
-merie de la Manche a refusé d’accueillir sa demande, en prétendant qu’il était
impossible d’y donner suite, tant que la différence d’orthographe existant entre le
nom de l’exposant et celui de son fils ne serait pas rectifié. – Que l’exposant
qui auparavant n’aurait jamais eu l’idée de faire rectifier son nom, a dû, en
présence de l’observation qui lui était faite, et aussi en présence des difficultés que
cette dissemblance de nom pourrait créer dans l’avenir, prendre les mesures nécessaires
pour faire en sorte d’obtenir la rectification qui lui était demandée. – Que les
démarches et les recherches par lui faites à ce sujet, ont eu pour conséquence de
lui apprendre que son nom ne s’orthographiait pas “Lahaie” comme il est
indiqué dans son acte de naissance, mais bien de la haye. – Qu’en effet,
il suffit de se reporter pour s’en convaincre, aux actes de naissance et de
mariage du père de l’exposant, lesquels actes sont joints à l’appui de la présente
requête, et qu’on y verra que de tout temps le père de l’exposant et le grand père de
ce dernier, y ont été désignés sous le nom patronymique de de la haye.
Qu’évidemment la façon dont le nom de l’exposant a été orthographié dans son

Extrait du registre des naissances de Cancale en 1894. Archives départementales d’Ille-et-Vilaine.

acte de naissance provient, soit de la mauvaise prononciation des déclarants, soit
d’une erreur commise par l’officier de l’état-civil lui-même, – qu’il importe donc
de rectifier cette erreur qui peut avoir pour l’exposant et sa famille les plus
graves conséquences, en ce sens qu’elle peut donner lieu à de sérieuses diffi-
-cultés de la part du Trésor, lorsqu’il s’agira soit de liquider la pension de
retraite de l’exposant, soit de la reverser sur la tête de sa femme et de ses
enfants, dont elle constituerait la seule ressource. – En conséquence la présente
vous est adressée à ce qu’il vous plaise, Messieurs, dire et juger que le nom
patronymique de l’exposant, ainsi que celui de ses enfants s’orthographiant
de la haye, c’est à tort qu’il a été écrit différemment. – Primo – Dans
son acte de naissance passé à Saint-Coulomb, le neuf novembre mil huit cent
quarante six, – Secondo. – Dans l’acte de naissance de son fils Antoine François,
né à Cancale le treize Mai mil huit cent soixante dix neuf; – Tertio – Dans l’acte
de naissance de son fils Louis Charles, né à Pipriac, le trente et un Octobre mil
huit cent quatre-vingt; – Quarto – Dans l’acte de naissance de sa fille Marthe Marie
Joseph, née au même lieu le trois avril mil huit cent quatre vingt trois; – Quinto –
Dans l’acte de naissance de son fils Joseph Marie, né à Cherbourg, le dix neuf Mai
mil huit cent quatre vingt dix; – Sixto – Dans l’acte de naissance de Cécile Marie
Louise, née au même lieu le premier Juillet mil huit cent quatre vingt douze;

Extrait du registre des naissances de Cancale en 1894. Archives départementales d’Ille-et-Vilaine.

ordonner que mention de cette rectification sera faite sur les actes de l’état-civil
du sieur Lahaye, et de ses enfants qui viennent d’être mentionnés; – Dire et juger
que sur la vue d’un extrait du jugement à intervenir, le préposé de l’état-civil de
chacune des communes où a été transcrit un des actes dont s’agit, devra opérer cette
rectification. – Dire en outre que le jugement sera transcrit sur les registres de
Saint-Coulomb, Cancale, Pipriac, et Cherbourg pour l’année courante – Et vous
ferez justice. – Cherbourg, le six Juin mil huit cent quatre vingt quatorze.
Signé : A. Drouet. – Soient la présente requête et les pièces à l’appui, commu-
-niquées à Monsieur le Procureur de la République, pour être sur ses conclusions
et le rapport de Monsieur Bernard juge, statué ce qu’il appartiendra – Cherbourg,
le sept Juin mil huit cent quatre vingt quatorze. – Signé G. Théry.

Extrait du registre des naissances de Cancale en 1894. Archives départementales d’Ille-et-Vilaine.

Le Procureur de la République estime qu’il y a lieu de faire droit sous cette
réserve que le sieur de la haye, admis au bénéfice de l’assistance judiciaire
ne doit pas être condamné aux dépens, le rédacteur de la requête ne paraissant
pas avoir d’ailleurs fait d’avances. – Parquet à Cherbourg, le douze Juin mil
huit cent quatre vingt quatorze. Pour le Procureur de la République – Signé :
Osmont de Courtisigny. – Le tribunal – Vu la requête présentée par le
sieur Joseph Jean Marie Lahaie, Maréchal des Logis de Gendarmerie,
demeurant à Cherbourg, et les pièces à l’appui; – Ouï Monsieur Bernard
juge en son rapport; – Le Ministère public entendu, et après en avoir délibéré
conformément à la loi; – Attendu qu’il résulte de la dite requête que c’est
par erreur que dans son acte de naissance dressé à la Mairie de Saint-Coulomb
(Ille & Vilaine), le neuf Novembre mil huit cent quarante six, son nom patronymique
a été orthographié Lahaie alors qu’il doit s’écrire de la haye.

Extrait du registre des naissances de Cancale en 1894. Archives départementales d’Ille-et-Vilaine.

Qu’en
effet, le père de l’exposant est désigné dans son acte de naissance et de mariage
sous le nom de : de la haye, nom qui est également celui du grand père de
ce dernier. – Que ces erreurs sont évidemment la conséquence de celle qui a été commise dans l’acte originaire de leur père. – Qu’il y a lieu de faire droit par
suite à la requête en ordonnant les rectifications demandées. – Par ces
Motifs. – Ordonne que les actes de l’état-civil qui suivent: – Primo –

Extrait du registre des naissances de Saint Coulomb en 1894. Archives départementales d’Ille-et-Vilaine.

Acte de naissance
de Lahaie Joseph Jean Marie, dressé à la Mairie de Saint -Coulomb,
(Ille & Vilaine) le dix novembre, mil huit cent quarante six. – 2°
Acte de naissance de Delahaye Antoine François, dressé en la
Mairie de Cancale, arrondissement de Saint-Malo, le quatorze
Mai mil huit cent soixante dix neuf. – 3° Acte de naissance
de Lahaie Louis Charles reçu à la mairie de Pipriac, arrondis-
sement de Redon (Ille et Vilaine) le premier novembre mil huit
cent quatre vingts . – 4° Acte de naissance de Lahaie, Marthe,
Marie, Joseph dressé à la même mairie le quatre avril, mil huit cent
quatre vingt trois. – 5° Acte de naissance de Lahaie, Joseph,
Marie, dressé à Cherbourg, le dix neuf Mai, mil huit cent quatre
vingt dix. – 6° Acte de naissance de Lahaie, Cécile,
Marie, Louise, reçu à la même mairie, le deux Juillet, mil huit

Extrait du registre des naissances de Saint Coulomb en 1894. Archives départementales d’Ille-et-Vilaine.

cent quatre-vingt douze. – soient rectifiés en ce sens que dans chacun de
ces actes, le nom patronymique y soit orthographié de la façon suivante :
de la haye et non de toute autre façon.

Extrait du registre des naissances de Cancale en 1894. Archives départementales d’Ille-et-Vilaine.

Dit que le présent jugement sera transcrit sur les registres de l’année
courante de Saint-Coulomb, Cancale, Pipriac et Cherbourg, et en outre mentionné
en marge de chacun des actes à rectifier, lesquels ne pourront plus être délivrés
à l’avenir qu’avec mention de cette rectification. – Ainsi prononcé en audience
publique, le treize Juin mil huit cent quatre vingt quatorze, où étaient en séance
Messieurs Théry, Chevalier de la Légion d’Honneur, Président, Ameline et Bernard
Juges; En présence de Monsieur Delpy, Procureur de la République, assistés de
Maitre Hauvet Greffier. – Ont signé G. Théry et G. Hauvet, – Enregistré à
Cherbourg, le seize Juin mil huit cent quatre vingt quatorze, folio cinquante sept
case seize – Débit Décimes compris. Onze francs soixante dix huit centimes. – signé
Pignot.

Extrait du registre des naissances de Cancale en 1894. Archives départementales d’Ille-et-Vilaine.

En conséquence le Président de la République française mandate et
ordonne à tous huissiers sur ce requis, de mettre les présentes à exécution. Aux
Procureurs généraux et aux Procureurs près les Tribunaux de première Instance
d’y tenir la main. A tous commandants et officiers de la force publique d’y
prêter main-forte lorsqu’ils en seront légalement requis. – En foi de quoi, nous
Greffier soussigné, avons délivré les présentes. – Cherbourg le vingt deux Juin
mil huit cent quatre vingt quatorze. – signé : G. Hauvet. – Vu au Parquet.
Cherbourg, le 23 Juin 1894 – Pour le Procureur de la République. – signé : Osmont
de Courtisigny.”
Pour copie conforme – Le Maire de la commune de Cancale, le six
Juillet mil huit cent quatre vingt quatorze. Le Maire

Les actes joints

D’après le jugement seuls les actes de naissance et de mariage du père de “l’exposant” ont été joints.

Cela apparait dans l’exposition faite par l’avoué en ces termes :

Qu’en effet, il suffit de se reporter pour s’en convaincre, aux actes de naissance et de mariage du père de l’exposant, lesquels actes sont joints à l’appui de la présente requête, et qu’on y verra que de tout temps le père de l’exposant et le grand-père de ce dernier, y ont été désignés sous le nom patronymique de de la haye.

Comme dans l’exposé du jugement lui même qui dit :

Qu’en effet, le père de l’exposant est désigné dans son acte de naissance et de mariage sous le nom de : de la haye, nom qui est également celui du grand père de ce dernier.

Le premier acte joint est donc l’acte de naissance de son père, Jacques Julien De La Haye que voici :

Acte de naissance de Jacques Julien De La Haye à Créhen le 6 mai 1819.
Acte de naissance de Jacques Julien De La Haye à Créhen le 6 mai 1819.

Le second est l’acte de mariage de ses parents Jacques Julien De La Haye et Désirée Marie Angéliny.

En voici la première page :

Acte de Mariage De La Haye Angeliny
Acte de Mariage De La Haye Angéliny

Sur la forme notons que la froideur de l’acte de naissance pré-rempli contraste avec la douce beauté de l’acte de mariage calligraphié, mais le tribunal, lui n’a eu accès qu’à des copies forcément manuscrites des deux actes vu que la photocopieuse n’était pas disponible ce jour là.

Sur le fond il est clair que dans les deux actes fournis au tribunal, le nom de Jacques Julien, le père de “l’exposant” Joseph Jean Marie est bien orthographié “de la haye”.

Et malheureusement c’est tout ce qui semble avoir été pris en compte par le tribunal.

Malheureusement parce que le tribunal s’en tient à des considérations orthographiques qui ne nous apprennent rien sur l’origine de la famille.

On peut même dire que “l’exposant” est un peu “gonflé” de nous affirmer que “de tout temps” le nom de son grand-père a été orthographié “de la haye” alors qu’il ne produit aucun acte le concernant directement !

Au demeurant le jugement ne donne jamais les prénoms du père et du grand-père de l’exposant alors qu’il répète à loisir ceux de ses enfants.

Tiens au fait, puisqu’on en parle, comment s’appelle son grand-père ?

Sur l’acte de naissance de son fils ci-dessus il se prénomme Joseph et il est marin et présent à l’acte.
Sur l’acte de mariage ci-dessus de ce même fils, il s’appelle maintenant Jacques, il est domestique et a disparu depuis vingt quatre ans.

Ce qui est encore plus troublant c’est que l’acte de mariage ci-dessus précise qu’il s’appuie sur une copie de l’acte de naissance légalisé par le président du tribunal de Dinan !…
… avec une erreur de prénom !

Et c’est pas fini, en continuant de chercher, on trouve les actes de ce même grand-père qui s’appelait sur son acte de mariage à lui comme sur son acte de naissance, Jean Joseph cette fois et même “Jean Joseph de la haie”, avec un i.

Du coup le “de tout temps” devient un peu… étonnant.

Et il nous reste du travail pour y voir plus clair dans la vie de ce grand-père dont nous sommes sûrs, au moins, de ses initiales J. DLH.

Conclusion

L’avoué nous dit “que l’exposant qui auparavant n’aurait jamais eu l’idée de faire rectifier son nom, a dû, etc…

En fait nous savons que Joseph Jean Marie De La Haye a déjà fait rectifier sur son acte de mariage l’état civil de ses deux parents ! C’est écrit dans l’acte lui-même.

Personnellement je pense que dans sa rigueur de gendarme il était exaspéré de ces fautes à répétition commises dans la rédaction des actes en général et de son acte de naissance en particulier.

Son statut social et peut-être aussi son entourage (de source orale dans la famille) l’ont conduit à demander et obtenir ce jugement rectificatif.

D’autres dans nos familles ont réagi différemment. On pense à notre héros Henri Cauderlier déclaré Cordelier par erreur à la naissance et qui a appris à signer des deux façons.

Le commerce trans-Manche depuis le port de Carentan en 1870

Le port de commerce de Carentan au 19ème siècle

L’histoire familiale raconte que nos héros Henri et Stéphanie Cauderlier ont fait en 1851 un héritage conséquent comprenant notamment un commerce trans-Manche depuis le port de Carentan.

Cet héritage a provoqué le déménagement de leur pas si petite famille du Nord vers la Normandie.

Dans un article précédant nous avons retrouvé la trace de cet héritage mais rien encore sur son contenu précis.

Aujourd’hui nous retrouvons la trace de la composition détaillée du commerce réalisé par nos aïeux à destination de l’Angleterre en 1869 soit 18 ans après leur arrivée aux affaires à Carentan.

On doit ces informations à la copieuse production documentaire annuelle appelée “Annuaire des cinq départements de la Normandie” d’une société savante dénommée “L’association Normande” en version courte ou “l’Association normande pour le progrès de l’agriculture de l’industrie des sciences et des arts” en version longue.

L’Association Normande fait elle même aujourd’hui l’objet d’études qui conduisent à la voir un peu comme un groupe de lobbying de défense des intérêts normands. (source “L’Association Normande au XIXe siècle. Réussite et déclin d’un modèle de société savante” par Gérard Pinson, Annales de Normandie / Année 1992 / 24 / pages 43-63)

L’Association Normande a été créée en 1832 par Arcisse de Caumont, à qui l’on doit un autre chef d’oeuvre, le jardin botanique de sa ville natale, Bayeux.

Mais revenons à Carentan, nos savants s’intéressent donc en cette année 1869 à l’activité du port de commerce. Ils rencontrent tous les acteurs, étudient leur activité, essaye d’identifier les freins au développement et les axes d’amélioration.

L’ Annuaire des cinq départements de la Normandie de 1870 nous donne donc les informations suivantes :

A en croire ses successeurs, Messieurs Vaultier et Van der Hoop, l’exportation maritime de denrées alimentaires depuis Carentan vers l’Angleterre est à mettre au crédit de Mr Mosselman.

Monsieur et Madame A. Mosselman et leurs deux filles
Huile sur toile 200 x 265 cm
Alfred De Dreux / 1848

On apprend donc ici qu’Henri Cauderlier n’a pas hérité d’un commerce trans-Manche existant mais qu’il est arrivé l’année où ce commerce se mettait en place à l’initiative de Mr Alfred Mosselman.

On voudrait avoir été une petite souris ayant assisté à une rencontre entre ces deux là : d’un côté Henri Cauderlier fraichement arrivé de sa campagne nordique et de l’autre Alfred Mosselman grand bourgeois franco-belge.

On apprend aussi que c’est l’exportation du beurre et des oeufs qui domine le commerce trans-Manche au départ de Carentan.

Et on hallucine en voyant les quantités d’oeufs exportées dans les années 1860, 4 millions et demi de douzaines en 1866 ! …

…. surtout quand on sait qu’ils ne sont que trois, trois entreprises à faire travailler plus de 120 personnes.

La maison Cauderlier n’est pas directement impliquée dans l’exportation du beurre mais on apprend que le beurre est salé à Carentan et on sait que la maison Cauderlier fait commerce du sel.

La maison Cauderlier exporte aussi des volailles vers l’Angleterre.

Exemple de très petit modèle ancien de caisse en bois pour le transport des oeufs (18 douzaines).

Ce qui est passionnant dans cette étude c’est aussi la place qui est faite à la description de la logistique associée à ce commerce.

La gestion et la valorisation des déchets d’une part, albumine, jaunes d’oeuf, fumier, … Et celle des conditionnements caisses en bois pour les oeufs, mais aussi paille, foin, …

On apprend que les oeufs sont expédiés en caisses de bois.

Les petites caisses contiennent 60 douzaines d’oeufs, les grandes 120 douzaines.

Les caisses sont faites en bois blanc venant de Norvège d’abord puis en bois de peuplier local, les exportateurs se mettant en situation de fabriquer eux-même ces caisses par l’acquisition de scieries à vapeur.

Tiens-tiens cette scierie ne serait-elle pas celle opérée à Bayeux par le jeune Léopold Cauderlier ?

L’Indicateur de Bayeux du 3 août 1877. Extrait

C’est qu’une scierie à vapeur ça ne doit pas se déplacer si facilement que çà.

Et puis justement que trouve-t-on comme petites annonces dans la presse bayeusaine dans les années 1870 ?

Léopold cherche à acheter du peuplier.

Maintenant je pense savoir pourquoi.

Source :

Annuaire des cinq départements de L’Association normande de 1870

Le Ciel et la Terre

Cela fait un an que notre Papa chéri André Cauderlier nous a quitté.

Pour lui rendre hommage, après la cérémonie nous avions partagé des souvenirs de lui en regardant de vieilles photos. Et c’est alors que j’ai ressenti la nécessité impérieuse d’expliquer et commenter toutes ces photos, impulsion première à ce site généalogique.

Mais le jour même, l’année dernière, ce qui nous transportait d’émotion c’était la “dissociation” entre son corps terrestre destiné au sous-sol de cette Terre, au pays des taupes, et son âme qui connaissait la Révélation de l’Au-delà.

En généalogie aussi il y a des révélations.

Emélie Cauderlier née Halley et son petit-fils Georges Boucher, futur grand-père de Ghislaine.

C’est lorsqu’un généalogiste successoral retrouve le contact physique avec un héritier vivant d’une succession sur laquelle il travaille.

Et hier j’ai eu la première “révélation” de cette aventure généalogique lorsque Ghislaine, dont j’ignorais l’existence la semaine dernière, a répondu à mon contact en me confirmant que nous étions bien cousins !

Une histoire qui commence, promesse de belles rencontres et d’échanges de souvenirs. C’est promis nous en reparlerons.

Merci le Ciel pour ces moments.

Hypo-Taupe

En rangeant les cartes postales de Bayeux j’ai retrouvé une carte que papa André Cauderlier a écrite à sa grand-mère Marthe Cauderlier et à sa tante Denise Cauderlier alors qu’il vient d’arriver en pension pour son année de Maths-Sup au Lycée Hoche de Versailles en 1950.

Carte postale de Versailles, La chapelle du lycée Hoche, adressée à Madame et Mademoiselle Cauderlier 21 rue Echo BAYEUX (Calvados) et oblitérée le 26 octobre 1950

Transcription :

Versailles 24 octobre

Ma chère Mamy. Ma chère Tante Denise

J’ai bien reçu votre bonne lettre à laquelle j’aurais voulu répondre longuement mais le temps et le travail se joignent pour absorber toute mon activité. Tant que je n’aurai pas assimilé tout le retard qui s’est accumulé, je ne pourrai pas faire grand chose d’autre que d’essayer de le faire.
A bientôt pourtant. Je ferai l’impossible. Très affectueux baisers. André.
Les détails demandés dans ma prochaine lettre.

Carte postale de Versailles, La chapelle du lycée Hoche

Le contexte est lourd, très lourd. Car après avoir retrouvé le bonheur pendant ses années de lycée à Bayeux où il pouvait exprimer son éclectisme et sa créativité dans un environnement familial et amical reconstruit, le voilà qui doit quitter Bayeux pour un pensionnat inconnu, sans famille et sans ami pour suivre des études exigeantes et peu créatives.

C’est un défi qu’il s’impose et il le vit comme tel mais un handicap supplémentaire va être fatal à ce projet. En effet les places en internat son rares et il n’a pas de solution d’hébergement familial à Versailles. Ce n’est que mi-octobre qu’il peut enfin arriver en classe avec un mois et demi de retard (peut-être aussi à cause de problèmes de santé).

Dans cette carte on sent tout le désarroi du pauvre taupin pris dans la nasse du rythme infernal qui lui est imposé. Pour qui connaît son style habituel précis, ce texte bref paraît plutôt malhabile. Aucun doute pour moi : il est déjà en burn-out.

Nous, on a envie de lui dire que ce n’est pas grave, que s’il échoue en prépa il ira en fac où l’attend Francine qui l’aimera toute sa vie et lui donnera deux beaux enfants.

On voudrait lui dire aussi que cette expérience lui sera bénéfique car au lieu de l’enfermer dans une école de mines, de ponts, ou de chaussées, elle va lui permettre d’être un pionnier d’une discipline nouvelle pour laquelle il n’y a encore aucune école, l’Informatique.

Parce qu’on sait qu’il n’était pas fait pour une vie de taupin, qu’il lui fallait la lumière, la créativité et l’humain.

Madame Alfred Duval née Estelle Julie Bouthreuil

Acte de décès d’Estelle Julie Bouthreuil veuve Duval.

Etrange rencontre pour moi que celle de Madame Alfred Duval née Estelle Julie Bouthreuil.

Au début des années 1990, Arlette et moi avons visité les archives municipales de la ville de Carentan à la recherche d’actes d’état civil qui se trouvent aujourd’hui en un clic sur internet.

Le hasard – dernière page avant les tables annuelles – nous a fait tomber sur l’acte de décès, le 31 décembre 1917, d’Estelle Julie Bouthreuil veuve Duval. Le nom de Bouthreuil attire mon attention. Les parents d’Estelle sont clairement les mêmes que ceux de notre aïeul Paul Just Bouthreuil.

Faire-part de décès d’Hortense Bouthreuil née Cauderlier

Pour obtenir la copie de l’acte nous en avons fait une photo argentique que nous avons ensuite scannée en noir et blanc au scanner du bureau avant de rapporter précieusement l’image à la maison sur une disquette.

Une vingtaine d’années plus tard nous retrouvons Estelle Julie sur geni ce qui nous permet de déposer le précieux fichier pour documenter la fiche geni.

Puis l’analyse de la sombre fratrie à laquelle elle appartient nous fait retrouver son acte de mariage. Estelle a épousé Alfred Duval qui travaille à l’époque à Paris.

L’analyse des photos de l’album attribué à Marie-Louise Lagouche née Bouthreuil me fait suspecter que l’une d’elles représente Estelle Julie.

Photo possible d’Estelle Julie Bouthreuil.

Mais “Est-ce-t-elle” ? comme dirait l’autre.

En relisant le faire-part de décès de sa belle-soeur Hortense, (qui a épousé son jeune frère Paul Bouthreuil), nous sommes un peu tristes pour elle d’en déduire qu’elle n’a pas eu d’enfant.

Elle y apparait en effet comme Madame veuve Duval, mais aucune mention n’est faite d’enfant ou de petits-enfants, ce qui signifie qu’aucun n’est vivant à cette date en 1912.

Le dernier rebondissement, c’est la découverte aujourd’hui 31 décembre 2020, 103 ans jour pour jour après son décès, dans des vieux papiers Lagouche à Dennemont, de 3 cartes postales adressées à Madame Duval, rue Holgate à Carentan en 1914.

Première carte recto

Ces cartes posent beaucoup de questions.

La première a été envoyée par Charles Lagouche à Madame Duval le 18 décembre 1914 de Bordeaux. Il s’y présente lui-même très élégant et conduisant un cabriolet. Quel style !

Première carte verso
De ce que j’en comprends nous avons ici :
Germaine, Irma, Marie-Louise et Suzanne

Les deux autres cartes ont des tirages photographiques de mauvaise qualité qui ont mal supporté les années. Les photos sont très pâles, peu contrastées et jaunies. Heureusement une fois numérisées on peut améliorer les choses.

Sur l’une on distingue 4 femmes dans une forêt en hiver, vêtues de fourrures, à la date du 8 mars 1914.

Au verso seulement l’adresse “Madame Duval à Carentan Manche”.

Suzanne Lagouche et la jeune Germaine dont on ne sait rien, sauf ses mensurations ….

Sur la dernière ne figurent que les deux plus jeunes femmes dans cette même forêt habillées tout pareillement. La jeune fille s’est hissée à la hauteur de son ainée. Cette fois la carte est rédigée, et a été postée. On y lit :

“Mercredi 20 mars. Chère Madame Duval, Pour vous montrer que Germaine est grande, la voici à côté de Melle Suzanne elle est presque de sa taille. Elle pèse 40 K. mesure 1m49 et chausse du 36 c’est vous dire qu’elle n’est pas dans les petites. A un de ces jours une longue lettre ( un temps épouvantable à Paris ). Yeux toujours en mauvais état. Il faut de la patience. Bons baisers Irma”

Je n’ai aucune idée de qui sont Irma et Germaine.

Carte envoyée à Madame Duval

Mais ces cartes, comment sont-elles arrivées jusqu’à moi ?

Deux de ces cartes postales sont affranchies et oblitérées, adressées Rue Holgate à Carentan. Il est donc certain qu’elles y sont arrivées et y ont séjourné. Elles ont été tenues en main et lues par Estelle Julie qui les a soigneusement rangées dans ses affaires.

Mais à la mort d’Estelle, rue Holgate à Carentan ce 31 décembre 1917, qui reste-t-il dans cette famille pour s’occuper des vieilles cartes restées là ?

Des neveux et nièces.

Il reste, les enfants de Paul :
– Marie-Louise, mon arrière grand-mère alors veuve, réfugiée à Auvers avec ses 4 enfants,
– sa soeur Suzanne, la directrice de l’institution Notre-Dame
– son frère Edouard, Berthe, l’épouse de celui-ci, et leurs 3 enfants, qui vivent à Bréhal.

Il reste aussi possiblement un autre neveu, s’il est toujours vivant, il s’appellerait Edouard Louis Robiquet ; c’est le fils de Virginie, la seule soeur d’Estelle qui a eu un enfant.

Alors il est bien possible qu’il soit revenu à Marie-Louise et Suzanne, parce que ce sont des femmes et qu’elles habitaient à côté, la lourde tâche de s’occuper des affaires d’Estelle.

Dans ce cas les cartes sont passées de Carentan à Auvers pour rentrer ensuite à Paris, où elles ont été prises en charge par ma grand-mère Suzanne ou son frère Charles Lagouche pour atterrir à Dennemont.

Mais alors il y a peut-être d’autres documents venant d’Estelle au même endroit …

Joli voyage en attendant pour ces petites cartes.

Bonne année 2021.

Timides éloges immérités consolent de bien des critiques injustifiées (Charles Lagouche 1937)

Charles Lagouche ne s’est pas marié et n’a pas eu d’enfant mais il a laissé de nombreux souvenirs dans la famille.

Les souvenirs qu’il a construits en tant que photographe de notre histoire familiale tels les précieux clichés des années passées au château d’Auvers,

mais aussi les souvenirs de sa personne et de sa vie dont le plus marquant pour ses contemporains était son rôle comme responsable du ravitaillement du Tour de France.

Contrôle de ravitaillement du Tour de France à Béziers
Charles Lagouche et sa louche près à remplir les bidons.
Ravitaillement du Tour de France à Labouheyre

Il faut dire que même si cette fonction n’était pas supposée être remplie à titre professionnel c’est elle qui le définissait le plus intensément aux yeux des autres.

Et ce n’est pas Eveline et moi qui allons dire le contraire car même si nous n’avons pas connu l’oncle Charles, nous avons passé nos vacances d’enfants dans sa maison de campagne à Dennemont au milieu des musettes en tissu jaune, des bidons en aluminium avec bouchons en liège tenus par des ficelles, des feuilles de papier sulfurisé marquées Nestlé en diagonale et des boites d’Ovomaltine périmées.

Charles Lagouche a été aux manettes du ravitaillement du Tour de France pendant environ 35 ans ! de 1919 au milieu des années 50.

Pas une seconde à perdre…

Et comme chaque année il restait des quantités de matériel périmé, impropre à l’usage les années suivantes, nous avions là une source inépuisable de matières premières : tissu, métal, liège, ficelle, papier, de quoi confectionner toutes sortes de jouets.

En 1952, à l’apogée de sa carrière, Charles Lagouche confie à la presse helvétique quelques données chiffrées sur les volumes en jeu lors d’un Tour de France :

M. Lagouche dispose d’un personnel de 8 hommes et sa tâche est lourde, car pendant la durée de l’épreuve il faut préparer plus de 4700 musettes et environ 9500 bidons. Ces derniers sont remplis par les coureurs qui, parmi différentes bassines, peuvent choisir leur boisson préférée, soit café, thé, bière, citronnade ou eau additionnée d’alcool de menthe. Quelques coureurs émiettaient de la glace dans leur bidon l’enveloppant ensuite pour le tenir plus au frais.

Source : La Gazette de Lausanne 5 et 6 juillet 1952
“Merci au roi des ravitailleurs en toute amitié” René Bernard cycliste

Charles Lagouche appréciait visiblement ce travail, le contact avec les coureurs mais aussi avec les restaurateurs locaux auprès desquels il a su forger en trois décennies des rapports amicaux. Le changement permanent de résidence n’était pas non plus pour lui déplaire.

Au point que si durant les années 20 et jusqu’en 1935, Charles est clairement garagiste à Paris où il possède un garage au 17 rue de Clignancourt, on peut se demander s’il ne s’est pas consacré beaucoup plus intensément voire exclusivement au ravitaillement des courses cyclistes après avoir vendu son garage parisien en mars 1935.

On trouve notamment un article intitulé “Le menu du coureur en course” dans l’Ouest-Eclair du 29 août 1935 qui va dans ce sens et nous révèle que

Charles Lagouche assis sur les caisses du ravitaillement du Tour de France devant l’entrée de la Villa Rose-Marguerite à Ax-Les-Thermes

M. Machurey, en collaboration avec MM. Lagouche, Mauranne et Bonnefoy, organisent un service de ravitaillement ; cette équipe est pour ainsi dire spécialisée dans le ravitaillement des coureurs et on la trouve dans toutes les grandes épreuves officielles : le Tour de France, le Wolber, Paris-Nice, Paris-Bruxelles, etc… Nos trois ravitailleurs, qui aiment leur métier, ont acquis, au cours de leurs nombreuses années de pratique, une expérience qu’ils ont su mettre à profit ; aussi sont-ils parvenus à composer une musette standard qui est aussi une musette rationnelle composée selon les besoins du coureur.”

Il existe de nombreux articles en marge des articles sportifs pour vanter les mérites des ravitailleurs.

Mais c’est dans l’article ci-dessous que l’on entre le plus dans le récit du stress du ravitailleur en chef …

Extrait du journal Paris Soir (1923) du 20 juillet 1937. Une description du travail de Charles Lagouche comme responsable du ravitaillement du Tour de France.

et même tout à la fin dans la philosophie de l’oncle Charles.

Amodiation, pétition et exhaure

Intro


Au départ je constate à regret que je ne dispose de presque rien concernant le couple Edouard Bouthreuil père et son épouse Berthe Drouet.

La tombe au cimetière de Carentan d’Edouard Bouthreuil père, de sa femme Berthe née Drouet et de leurs 2 filles Agnès et Denise.
c’est presque au milieu du cimetière à gauche de l’allée centrale.

Je me souviens précisément d’une photo que tante Denise m’a montrée de cette famille, les parents et leurs trois enfants tous assis dans une belle voiture. Mais je n’ai jamais (ou pas encore) retrouvé cette photo à Bayeux.

Je sais juste que le père et les deux filles vont disparaitre en l’espace de trois ans, entre 1918 et 1920, laissant seuls la mère Berthe et son jeune fils Parrain Edouard (je rappelle que chez les Bouthreuil on a 3 générations d’Edouard que nous appelons arbitrairement père, parrain -parce qu’il était le parrain de mon papa- et fils).

Si bien que j’en suis réduit, dans un premier temps, à “pomper” les photos et les infos que Frédérique a mises en ligne concernant ses grands-parents sur geni…

La concession minière de fer de Jurques

Mais bon, il reste internet, et là je découvre que Parrain Edouard Bouthreuil a écrit une pétition en 1969 (oui c’est le terme officiel quand on s’adresse à un corps constitué, ici un ministère) pour demander à renoncer à l’amodiation (disons concession si vous préférez) de mines de fer au nom des consorts Drouet (ses cousins du côté de sa mère et lui-même), héritiers de cette mine qui leur vient de leur grand-père Jules Constant Drouet.

Mine de fer du Calvados – Archives Départementales du Calvados

L’exploitation minière en Normandie au début du 20ème siècle est bien documentée sur internet :
– un document de référence intitulé “Concession des mines de fer de Jurques et de Mont-Pinçon (Calvados)” est disponible en ligne.

– plus récent, un document intitulé “Surveillance et prévention des risques miniers” mentionne également l’existence d’un puits Drouet.

La mine de Jurques dans le document de Jean de Maulde

– on trouve aussi un document ancien, de la fin des années 1910, plein de charme et de détails intitulé Les mines de fer et l’industrie métallurgique dans le département du Calvados par Jean de Maulde.

Ce que j’en comprends, c’est qu’après la guerre de 1870, la France perd la Lorraine, et avec elle ses plus gros gisements de minerai de fer. Pourtant les besoins ne cessent de croitre : c’est la pleine période de construction des voies ferrées, en particulier. Ceci explique l’engouement soudain et tardif pour le petit bassin minier normand, pourtant connu depuis le Moyen Âge. Même si le minerai n’est pas très riche, il suscite à nouveau l’intérêt. Dès 1875 les premières exploitations commencent. Au total, une quinzaine de concessions seront accordées, mais elles ne seront exploitées que par intermittence car peu rentables. De gros risques d’inondation pèsent sur les galeries. Il faut prévoir des exhaures, c’est-à-dire le détournement par puisage ou pompage des eaux d’infiltration des mines (désolé c’est le troisième mot du titre et il fallait que je le place). Des mouvements sociaux interrompent régulièrement l’exploitation. Les ouvriers désertent la mine pour s’occuper de leurs champs : on appelle cela ” la grève de moisson “. Pauvres patrons ! Et pauvres mineurs si mal payés qu’il leur faut avoir un deuxième travail !

Extrait de Surveillance et prévention des risques miniers

La concession de Jurques décrétée le 26 novembre 1895 au profit de Jules Constant Drouet s’étend sur 365 hectares situés sur les communes de Brémoy et de Jurques dans le Calvados.

Ces mines sont exploitées jusqu’en 1940, année de l’arrêt de l’extraction de minerai.

La demande de renonciation a finalement été faite le 25 juin 1969 par les consorts Drouet représentés par parrain Edouard Bouthreuil.

Il faut comprendre qu’une concession non exploitée, ce sont des risques et donc des frais d’assurance, sans revenu et sans espoir de revenu. Et les risques sont réels avec tous ces puits abandonnés en rase campagne, en dessous de ce qui est aujourd’hui un parc animalier qui reçoit des milliers de visiteurs par an. Le dernier accident notable date de janvier 1986 : un cheval est tombé dans le puits Drouet, et il n’a pu être sauvé.

Il était donc important pour nos consorts Drouet de réaliser les travaux de sécurisation demandés pour obtenir au plus vite la fin de cette concession.

Les travaux de fermeture ont été effectués en 1971, plus de 30 ans après l’arrêt de l’exploitation, et la renonciation a été acceptée le 16 mars 1972. Au total, l’exploitation a tout de même permis de produire 300 000 tonnes de minerai sur cinq périodes discontinues : 1895-1906, 1909-1912, 1921-1922, 1926-1927 et 1939-1940.

Source généalogique de la descendance de Jules Constant Drouet

Cette histoire nous donne (ci-dessous) un bijou pour généalogiste amateur : la liste des amodiataires héritiers de cette mine vers 1971, donc la liste exhaustive à une date donnée des héritiers vivants de l’ancêtre Jules Constant Drouet.

Oui parce qu’en généalogie comme pour Montaigne, on “marche plus sûr et plus ferme à mont qu’à val”, et pour être sûr d’avoir tous les descendants d’une personne, la seule bonne solution reste d’aller chercher la trace de sa succession.

Autre bonheur du généalogiste, décrypter l’illisible, et là on est servi.

Allez, on essaye de lire :

– Mademoiselle BAUDOUINS Madeleine, Marguerite, Juliette
– Monsieur DROUET Roger, Charles, Louis
– Monsieur BOUTHREUIL Edouard, Paul, Jules
– Monsieur DROUET Charles, Henri, Louis
– Madame LANGLOIS Odette, Marthe,
veuve de M. Georges Pierre DROUET
– Monsieur DROUET Guy, Pierre
– Madame DROUET Thérèse, Marie, épouse de M. CHIEU,
Pierre, Claude, Robert.

puis on cherche un peu partout pour retrouver tout ce petit monde et c’est ça qui est vraiment fun.

Généalogie descendante de Jules Constant Drouet

Ce coup ci on a de la chance : on les a tous les 7 ! Youpi.

Reprenons un peu tout ces gens un par un :

Génération 1

(cette numérotation est bien sûr conforme aux autres numérotations générationnelles de ce site)

Le couple fondateur Jules Constant Drouet et Geneviève, Modeste, Victorine Brione (ou Brionne) a d’abord pas mal de difficultés pour se marier. L’acte de mariage Drouet-Brione est un poème en prose où l’on ne comprend que dans les dernières lignes toute la dramaturgie qui s’est jouée dans la famille dans cette fin des années 1860.

Acte de mariage Drouet-Brione

En résumé, Jules (21 ans) est épris de Victorine (23 ans ; c’est par son troisième prénom qu’elle signe son acte de mariage) et ils veulent se marier, sauf que lui est encore mineur (“quant au mariage” comme dit l’acte, pas au sens de mineur dans une mine, même s’il en exploitera une plus tard). Et comme ses deux parents sont décédés ainsi que ses deux grands-mères, il revient aux deux grands-pères de donner leur consentement. Le grand-père paternel Drouet est d’accord (le Grand-Père OK comme on disait chez nous dans le Nord…) et il en fait part à son notaire.

Côté grand-père maternel c’est différent. Refus. Il faut dire que l’acte nous informe que la profession de la demoiselle est “domestique” et qu’elle habite dans la même rue que le jeune homme. Ceci aurait-il un rapport avec cela ? Le grand-père s’opposerait-il à une mésalliance ?

Jules Constant Drouet

Renversement de situation dans les deux dernières lignes de cet acte, le Procureur Impérial, véritable Deus ex machina, écrit une lettre pour autoriser ce mariage en dépit de l’avis du grand-père maternel.

Si on ajoute le problème d’orthographe du nom de la belle-mère, on comprend par l’acte lui-même qu’il a été un calvaire à obtenir.

Seulement voilà, la bébée Juliette, elle, elle a tenu son planning et au moment du mariage elle est déjà là. Les jeunes époux en profitent pour la reconnaître “Réellement leur fille, sortie de leurs oeuvres” dit l’acte. Au total ils auront 4 enfants, deux filles et deux garçons.

Sacré parcours tout de même pour cette jeune maman, Victorine, quand on sait qu’elle finira sa vie seule aux commandes d’une jolie petite industrie minière.

Dans un premier temps, c’est-à-dire jusqu’à ses 48 ans, Jules Constant Drouet est dans le commerce du vin et de produits alimentaires à Vire.

La place de l’Hôtel de Ville de Vire et son commerce de vin (en dessous de l’horlogerie à droite)

Comment et pourquoi Jules Constant se lance dans l’industrie minière, mystère, car pour obtenir par décret une concession il fallait sûrement venir avec un dossier en acier trempé.

En pratique il semble qu’il sous-traite l’exploitation à des industriels spécialisés. On le retrouve à Caen d’abord et finalement à Venoix, un petit village de 600 habitants à l’ouest de Caen (aujourd’hui annexé à la métropole) dont il est le maire lorsqu’il décède en 1913 à 66 ans.

Sa veuve Geneviève lui survivra 23 ans. Pour garder la bonne mine qu’on lui connaît (haha) elle retourne sans doute à Jurques, puisque c’est là qu’elle s’éteint le 23 mars 1936 à 90 ans (un bel âge pour l’époque, mine de rien).

Génération 2

Les 4 enfants de Jules et Victorine Drouet vont se marier et avoir des enfants.

Juliette Marie Drouet

Juliette Drouet

Juliette, l’ainée, est donc née à Vire le 26 février 1869, un bon mois avant le mariage de ses parents.

On la retrouve, 20 ans plus tard, toujours à Vire, le 7 mai 1889, lorsqu’elle épouse Jules Victor Baudouins (que l’on appelait Victor semble-t-il), de 10 ans son ainé.

C’est un beau militaire de carrière, capitaine d’Infanterie.

Ils ont 2 enfants (génération 3) :

Victor Baudouins

Un garçon, André Jules Emile, né le 13 novembre 1891 à Granville.
On peut donc raisonnablement penser qu’ils ont vécu à Granville peu après leur mariage.

Et une fille, Madeleine Marguerite Juliette, née le 14 octobre (très bonne date depuis 1066…) 1894 à Caen chez ses parents au 134 bis rue de Branville.

Puis Victor décède le 13 juin 1904 à Caen à l’âge de 45 ans à son domicile toujours situé au 134 bis rue de Branville.

134 bis rue de Branville à Caen
Image Google street view

Témoin dans son acte de décès, son beau-père Jules Constant Drouet est domicilié également rue de Branville à Caen mais sans précision du numéro.

Pour notre enquête c’est très intéressant, en recherchant dans les recensements on pourrait trouver s’ils sont au même numéro ou pas et aussi du coup on se dit que peut-être le mariage Bouthreuil-Drouet s’est déroulé à Caen. Malheureusement je ne le retrouve pas.

Juliette devient donc veuve à 35 ans avec deux ados de 13 ans et 10 ans.

André Baudouins

Son fils André suit les traces de son père et s’engage dans l’infanterie le 9 décembre 1909 à la mairie de Levallois-Perret.

Il a tout juste 18 ans et 26 jours, et pour s’engager il fallait avoir 18 ans révolus. Il est affecté au 28ème bataillon de Chasseurs à pied.

Il gravit très vite les échelons : Il est Caporal le 13 avril 1910, puis Sergent le 25 septembre, Sergent fourrier un an plus tard le 24 septembre 1911.

On sait tout çà grâce à son dossier militaire, comme on sait qu’il a les yeux bleus et qu’il mesure 1.61 m.

Dossier militaire de André Baudouins

Le 1er octobre 1913 il est admis comme élève à l’école militaire d’infanterie.

Il en sort sous-lieutenant à la fin de l’année scolaire le 2 août 1914.

Le lendemain, 3 août, l’Allemagne déclare la guerre à la France et envahit la Belgique en faisant fi de sa neutralité.

André est “tué à l’ennemi” le 6 septembre 1914 au col des Journeaux dans les Vosges. Il n’a pas 23 ans.

Sa petite soeur Madeleine Baudouins vivra beaucoup plus longtemps et elle figurera donc “en première ligne” dans notre liste des héritiers de Jules Constant Drouet en 1971.

Les tombes militaires du col des Journaux dans les Vosges.

On la trouve dans la succession en représentation de sa mère Juliette, qui était décédée le 10 octobre 1957 à Caen à la trop célèbre adresse du 93 rue Caponière, synonyme d’asile. C’est malheureusement le lieu de décès de plusieurs membres de notre famille.

Madeleine décèdera célibataire sans enfant à 85 ans le 24 mai 1984 à Caen.

Madeleine Baudouins

Une erreur dans son acte de décès (qui est trop récent pour être accessible publiquement) lui donnera comme patronyme Beaudouins avec un e, juste histoire de brouiller à nouveau les cartes.

Jules Henri Victor Drouet

Acte de naissance de Jules Henri Victor Drouet en 1871

Contrairement à son frère et à ses deux soeurs, Jules Henri Victor Drouet n’est pas né à Vire mais juste à côté, dans le village de Saint-Martin-de-Tallevende, le 11 octobre 1871 (ou peut-être la veille vu que le maire a oublié de nous préciser si le petit était du jour même ou pas !).

Dans la foulée le maire manque aussi le premier prénom (Geneviève) de sa mère qui signe Victorine.

De même, le prénom usuel de Jules Henri Victor était semble-t-il Henri, plutôt que Jules qui était le prénom de son père.

L’acte de naissance nous apprend tout de même qu’en 1871 son père Jules Constant Drouet est épicier et habite dans la commune. Le commerce du vin se serait donc étendu à d’autres marchandises.

Acte de naissance de Henriot Drouet à Caen en 1898.

Mais revenons à Jules Henri. A 27 ans il épouse à Anet le 16 juillet 1898 Louise Ismérie Dupont,native d’Anet en Eure-et-Loir. Il est fabricant horloger. Le jeune couple s’installe d’abord chez Jules Henri à Caen au 196 rue Saint-Jean. Eux aussi, comme ses parents avant lui, ont quelques problèmes avec les délais de mariage puisque leur fils ainé Henriot naitra à Caen le 28 août 1898 soit à peine plus d’un mois après le mariage de ses parents.
Du coup comme on note que les parents Drouet ne sont pas présents au mariage, on imagine qu’il s’est peut-être fait en petit comité.

Leur second fils Roger nait moins d’un an après, le 20 août 1899, mais à Anet cette fois, où Jules Henri est toujours fabricant horloger.

Dossier militaire de Henriot Drouet

En 1916, dès ses 18 ans révolus, Henriot s’engage pour 4 ans dans l’armée. Il demeure alors à Ouilly-le-Basset à coté de Falaise. Il est rendu à ses foyers en novembre 1920, ses 4 ans étant réalisés, et il s’installe alors à Anet.

Les 2 frères Henriot et Roger se marieront tous deux en 1922 et auront chacun un fils.

Roger épouse une jeune femme prénommée Ismérie comme sa mère (en second prénom), ce qui est quand même assez rare. Se peut-il qu’elle ait été sa filleule ?

Henriot est électricien et/ou mécanicien à Anet et pendant l’occupation il rejoint la Résistance, il est au nombre des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI).

Il est “tué au combat” dans le département tout proche de l’Eure. Il est déclaré “mort pour la France” le 19 août 1944 à l’âge de 45 ans 11 mois et 22 jours. (Sources Service historique de la Défense, Caen Cote AC 21 P 173660).

Quand on regarde ce qui se passait le 19 août 1944 dans ce secteur, on constate que les troupes allemandes refluaient mais que les combats faisaient rage.

Une autre personne est décédée peu avant, c’est leur maman Louise Ismérie Drouet née Dupont. La date de son décès interroge car le 26 mai 1944 est un jour de grand bombardement allié, à l’Est principalement mais à Chartres aussi, la préfecture de leur lieu de résidence. Louise Ismérie serait-elle l’une des 50 victimes civiles de ces bombardements ?

Naturellement dans notre liste d’héritiers on retrouve Roger (en 2éme ligne) et Charles Henri Louis le fils d’Henriot ( en quatrième ligne). Ce dernier a une descendance bien documentée sur geneanet.

Berthe Marie Drouet

Berthe Bouthreuil née Drouet

Berthe Drouet est la troisième de la fratrie, elle est née le 10 février 1877 à Vire.

Il ne m’a pas été possible de retrouver son acte de mariage avec Edouard Bouthreuil (père) et je n’ai trouvé aucune indication du lieu et de la date de ce mariage.

On sait tout de même que Berthe et Edouard auront trois enfants tous nés à Barfleur où Edouard père était percepteur des contributions directes :

Agnès née le 14 juin 1899, Denise née le 14 avril 1904 et Edouard (parrain) né le 6 mai 1906.

Comme déjà dit au début de cet article, cette famille va vivre trois années terribles :
en 1918 Edouard père décède à Périers ainsi que la petite Denise à Auvers.

Le 11 avril 1920 c’est Agnès qui décède à Carentan et Berthe se retrouve seule avec le jeune Edouard qui n’a que 14 ans.

Edouard fera une carrière militaire. Le schéma est très proche de celui qui est arrivé à sa soeur Juliette 14 ans plus tôt, mais avec plus de chance dans la vie pour Edouard.

Et c’est, comme sa soeur, au tristement connu 93 rue Caponière à Caen, que Berthe décède le 27 décembre 1953, 3 ans avant sa soeur ainée Juliette.

C’est ainsi qu’Edouard (parrain) se retrouve donc seul représentant de sa mère à la succession de son grand-père Jules Constant Drouet.
Il est en troisième ligne du document.

Georges Pierre Drouet

Pierre Drouet

Georges Pierre Drouet que l’on appelle Pierre est le petit dernier de la fratrie. Il est né le 7 mai 1882 à Vire.

Il s’est marié deux fois :

Une première fois en 1911 à Saint-Pierre-du-Fresne dans le Calvados avec Blanche Briard.

Ils ont un fils, Guy Pierre Drouet, que l’on retrouve à la succession.

Pierre et Blanche divorcent le 30 octobre 1918.

Odette Drouet née Langlois

Pierre se remarie le 22 janvier 1953 à Jurques (14) avec Odette Langlois (1901-2000). Ils ont une fille, Thérèse Drouet, qui épouse Pierre Chieu. Thérèse figure dans la liste des héritiers.

Pierre décède à Jurques le 21 décembre 1965.

En résumé, on retrouve à la succession en représentation de Pierre, ses deux enfants issus chacun d’un de ses mariages, et sa deuxième épouse Odette.

En regardant les dates il semble peu probable que Thérèse soit née après le mariage de ses parents en 1953.

Car en 1953 son père a 71 ans et sa mère 52 !

De plus, on sait que Thérèse est mariée en 1971 . Si elle était née en 1953 elle aurait tout juste 18 ans.

Il est plus probable que le mariage de Pierre avec Odette Langlois soit une sorte de régularisation avec pour conséquence la présence d’Odette à la succession alors que la première épouse de Pierre, qui est toujours vivante, n’y est pas en raison du divorce.

Conclusion

Les sites généalogiques et les archives en ligne m’ont permis de retracer les grandes lignes de l’histoire de cette famille.

Si l’objectif de retrouver tous les héritiers mentionnés sur la demande d’abandon des droits sur la concession de la mine a été atteint, je reste avec le regret de ne pas avoir tellement avancé sur l’histoire de Berthe et Edouard, qui était pourtant l’objectif initial, par absence de leur acte de mariage. J’espérais, en retraçant le parcours du père de Berthe, découvrir son lieu de résidence et partant le lieu du mariage de Berthe et Edouard, mais je n’ai pas trouvé cette information.