Transmission d’entreprise à Bayeux

Acte notarié de transmission du commerce de Léopold Cauderlier à son fils Henri la 1er octobre 1897. Archives départementales du Calvados.

Si la transmission inter-générationnelle des PME est un sujet d’actualité à l’ère du papy-boom, c’est aussi une réalité intemporelle tant elle était courante du temps de nos aieux.

Dans la section notariale des archives départementales du Calvados, on retrouve au milieu des successions et des actes de propriété la transmission par Léopold Cauderlier à son fils Henri de son commerce d’épicerie en gros.

Même si la photo est malheureusement floue -Il faudra aller refaire cette photo un jour- on arrive tout de même à lire le texte que voici :

Entre les soussignés, Léopold Cauderlier demeurant à Bayeux rue Echo N° 19 et 21 d’une part et Henri Cauderlier, son fils, demeurant chez son père, d’autre part, il a été convenu et arrêté ce qui suit
Savoir :
Monsieur Léopold Cauderlier cède par les présentes à Monsieur Henri Cauderlier, son fils, sa maison de Commerce comme commerçant en gros de sel, oeufs, bière et divers; lui cède son matériel et tous les ustensiles pouvant être utilisés au commerce. Henri Cauderlier déclare les bien connaitre et prendre possession du dit fonds à partir du Premier Octobre mil huit cent quatre vingt dix-sept, en jouir, faire et disposer à sa volonté.

La présente vente est faite moyennant un inventaire qui sera donné des marchandises existant en magasins et du matériel que Monsieur Henri Cauderlier paiera dans un délai de trois ans pour la moitié et le reste dans cinq ans par acomptes ou à sa volonté sans intérêt.

Fait et signé double et de bonne foi après lecture, à Bayeux, le Premier Octobre Mil huit cent quatre vingt dix-sept.

Suivi des splendides signatures de Léopold et de Henri. Quelle émotion !

Car il y a quelque chose de cornélien dans cette transmission, non pas d’un choix mais de sa motivation possiblement liée à la nécessaire force physique que requiert le commerce de sel en gros.

L’acte date d’octobre 1897, Léopold, qui est né le 27 juillet 1847, a tout juste 50 ans lorsqu’il entreprend de céder son entreprise à son fils Henri.

Et puis il y a cette concision extrême de l’acte en une page, pas plus, qui ajoute encore à la dramaturgie. A croire qu’il était facturé au nombre de pages tamponnées.

Naissance surprise, rue Echo à Bayeux

Si reconnaitre un adulte sur une vieille photo est déjà une gageure, identifier un bébé est mission impossible.

Ce qui fait que jusque là j’avais plutôt délaissé cette photo de l’album.

Mais voilà qu’en voulant détacher une photo de l’autre côté de l’album pour illustrer un futur article sur les photos des demoiselles Cauderlier, j’ai détaché aussi cette photo-ci.

Berthe Marie Le Gallier, Caen 1881

Pas de chance, ou plutôt si !

Parce qu’au verso, quoi donc ? Une inscription mystérieuse, énigmatique et fascinante …

Mais de qui s’agit-il donc !?.. Le mystère est épais et l’enquête s’annonce rude.

OK la photo n’est pas terrible, mais faut-il rappeler que l’artiste s’appelle Baudelaire, que de peintre il est devenu photographe, vu que personne ne lui a encore jamais parlé de tenter la poésie…

En fait, avec toute les infos écrites au verso, date et lieu de naissance, c’est trop facile de retrouver parmi les 162 naissances de Bayeux en 1881 notre petite Berthe née en mars chez Léopold Cauderlier.

Sur son acte de naissance, on apprend que la maman de la petite Berthe est Adeline Le Gallier née Halley, c’est-à-dire la soeur d’Emelie Halley, la femme de Léopold Cauderlier.

Acte de Naissance de Berthe Marie Le Gallier
30 mars 1881 Rue aux Coqs à Bayeux
chez Léopold et Emelie Cauderlier

On remarque au passage qu’Adeline appelle sa soeur Amélie et non Emélie comme l’état civil.

On voit aussi que Léopold est venu signer l’acte de naissance de sa nièce par alliance.

Du coup on imagine bien la fierté des parents qui habitent à Caen d’envoyer une petite photo de leur enfant âgée de quelques mois à Léopold et Amélie.

Finalement cette petite photo, par l’acte très complet qu’elle nous fait découvrir, nous en apprend pas mal sur la fratrie d’Emélie Halley.

Jusque là nous ne connaissions que la liste des 6 membres de cette fratrie appelés à la succession de leur mère en 1884.

J’ai trouvé ce document aux archives notariales de Caen.

Et on y retrouve bien en 4ème position Adeline épouse Richard Le Gallier, les parents de la petite Berthe.

Fratrie venant à la succession Halley.
Archives départementales du Calvados

Maryvonne De La Haye Interview n°1

Un fils de Louis (Cambrai) De La Haye (Louis ou Roger de Valencienne) a envoyé dans les années 1990 à Maryvonne un dossier épais de généalogie des de La Haye. C’était sans doute le résultat du travail d’une généalogiste professionnelle mandatée par lui pour éclairer le travail précédemment réalisé par l’oncle Joseph de La Haye.

La tante Jeanne de La Haye, seconde épouse de l’oncle Francis De La Haye (François pour l’Etat Civil) était la grand-mère de Maryvonne. Ils n’ont été mariés que 3 ou 4 ans autour de l’année 1921, date du recensement de Bayeux qui nous l’a fait découvrir.

Francis tenait une quincaillerie rue Saint-Jean à Bayeux. A sa mort, Jeanne ne souhaite pas reprendre ce commerce et s’installe comme libraire de l’autre coté de la rue. Il y aurait aussi un marchand de vin et une boulangerie à coté. Plus tard Tante Denise Cauderlier aurait travaillé dans l’un de ces commerces tenu alors par la famille “Le Cordier” (peut-être les prédécesseurs de Coutard au 22/24 rue St Jean) .

Les parents de Jeanne habitaient Le Molay-Littry même si Jeanne est née à Paris. Elle avait un frère “pas très courageux” à qui elle a abandonné des biens immobiliers pour le sortir de l’embarras, mais plus tard c’est elle qui n’avait plus rien pour vivre. Elle est alors venue vivre à Linverville.

Le nom de Douet n’évoque pas des certitudes. Dans les albums nous avons des enfants Douet prénommés Amédée, Jeanne et Marie-Louise. Amédée Douet pourrait avoir un commerce de pièces d’or sur la côte du Calvados du côté de Riva-Bella.

Tante Cécile De La Haye habitait chez une amie fortunée, Mlle Léger, qui vendait des tableaux et habitait rue Echo à Bayeux. Elle tricotait des chaussettes en laine que toute la famille se devait d’acheter. Maryvonne se devait aussi de les porter tous les jeudis car Tante Cécile venait ce jour là à la librairie.

D’après cousine Madeleine, la “Tante Guégué” (femme de Louis De La Haye père née Aglaé Blareau) avait des idées particulières !?!

Les Boucher ont été établis place du marché aux pommes où ils vendaient de l’essence.

Louis De La Haye fils a eu 2 filles l’une est décédée à 50 ans d’un cancer et la seconde s’est remariée plusieurs fois et a eu des enfants établis un peu partout y compris sur la côte d’Azur.

Raymond De La Haye est mort à 20 ans de la tuberculose avant le mariage de son frère Roger. De son côté Cousine Madeleine aussi avait perdu une jeune soeur peu de temps avant son mariage. Du coup l’ambiance au mariage était plutôt lourde.

Raymond allait souvent à Saint-Vigor où des amis fermiers, des gens simples et fortunés, s’occupaient de lui au grand air de la campagne en même temps que de leur fille qui avait le même mal. Leur fille ( Peggy Longuet filleule …. ???) s’en est sortie mais pas Raymond.

Roger est mort en février 1951 également d’un mal aux poumons. Il n’avait pas le goût de la quincaillerie mais celui de la mécanique.

Il s’occupait d’un projecteur de cinéma équipé d’un lampe à arc électrique. Un jour il se rend compte que sa montre de fonctionne plus, il l’apporte chez un horloger près de la cathédrale de Bayeux et là on s’inquiète que ses poumons sont rongés comme sa montre.

A la fin il lui faudra l’aide de ballons d’oxygène pour respirer. Peut-être que le terrain de la famille était propice aux maladies des poumons.

Après la mort de son mari Roger, Cousine Madeleine sous l’influence de sa mère qui souhaitait que ses trois filles soient fonctionnaires (pont l’Eveque) passe des concours et s’installe à Caen. Maryvonne est triste de quitter Bayeux, elle a 13 ans et doit quitter ses amies et ses cours de musique. Sa grand-mère maternelle était native de la Manche et la maison de Linverville est une maison de famille. En fait c’est la maison d’à côté qui était la maison des grand-parents et la maison actuelle de Maryvonne était une annexe mais elle a l’avantage de ne pas avoir de servitude.

Avec le droit d’aînesse Madeleine a pu choisir de garder cette partie là que Roger aimait beaucoup.

Après la guerre, il n’y avait pas d’essence et c’était donc impossible de venir à Linverville.

Après la mort de Roger de nouveau c’est devenu difficile faute de conducteur.

L’acquisition d’une 4CV a redonné l’autonomie à Madeleine et Maryvonne. Mais Madeleine n’aimait pas Linverville autant que Maryvonne et l’aurait bien vendu si elle avait été seule.