La communion d’André et Henriette Cauderlier à Bayeux le 30 mai 1920

Photo de groupe, communion d’Henriette et André Cauderlier, Bayeux 1920
Photo attribuée à Charles Lagouche

Voila bien l’une des plus jolies photos de famille qui nous soient parvenues.

Nous sommes à Bayeux, rue aux Coqs, dans la cour devant le porche.

C’est la communion “commune” d’Henriette Cauderlier et de son grand frère André. Elle porte une tenue de communiante et il a lui aussi un brassard de communiant. Au début du siècle les filles faisaient leur communion un an plus tôt que les garçons, et tous deux n’ont qu’un an d’écart.

Communion d’Henriette et André Cauderlier, Bayeux 1920
Photo attribuée à Charles Lagouche

Nous sommes le 30 mai 1920 (source interview de André Cauderlier sénior).

Ceux qui connaissent les lieux remarqueront qu’à gauche le “petit bureau” n’existe pas encore, c’est une remise.

A cette époque les photos de groupes en extérieur ne sont pas encore très courantes. Comme 3 des 4 enfants Lagouche sont sur la photo et que le quatrième Charles, qui est photographe, n’y est pas, on peut imaginer que c’est Charles qui prend la photo comme il le fait souvent dans ces années là car de plus il n’y a pas sur ces photos le cachet de Leprunier, le photographe de famille à Bayeux à cette époque.

Par chance, j’ai demandé à Tante Denise, au début des années 1990, de m’aider à identifier les personnes présentes sur cette photo.

Nous connaissons donc le nom de toutes les personnes présentes ici par ce croquis écrit à deux mains, la mienne et celle de Tante Denise :

Identification des personnes de la photo de groupe ci-dessus faite par Denise Cauderlier c.1990

Et cette photo nous interroge, elle nous questionne tant sur les présents que sur les absents.

Emélie Cauderlier née Halley et l’ainé de ses petits enfants, Georges Boucher, c.1900

Les absents d’abord, et en premier lieu la grand-mère paternelle des communiants, Emélie Cauderlier née Halley. Elle habite ici, dans cette maison où elle décèdera en 1927, soit plus de 7 ans après cette photo. Alors soit elle est fâchée soit elle n’aime pas les photos…

Je penche pour cette seconde hypothèse car elle n’est pas présente, non plus, lors de la communion d’un autre de ses autre petits-fils, Léon Boucher quelques années auparavant. En fait on a juste aucune photo d’elle à cette époque !

Les dernières photos que nous connaissons d’elle datent des années 1900 avant la mort de son mari Léopold, comme celle-ci où son petit-fils ainé Georges Boucher, né le 1er février 1897, a environ 3 ans.

La communion de Léon Boucher Bx c.1915

Dans un premier temps j’avais cru la reconnaitre dans la personne à gauche de la photo. Mais Tante Denise nous dit qu’il s’agit de Madame Guizot, leur première professeure de dentelle de Bayeux.

On note que cette même dame en noir (vêtue de dentelles authentiques sans doute) est également présente sur la photo de la communion de Raymond De La Haye que l’on n’imagine pas faire de la dentelle à cette époque très genrée !

La communion de Raymond De La Haye c.1921

Pour moi l’explication viendrait plutôt d’une plus grande proximité amicale avec les enseignantes normandes après le mariage tout récent (en 1919) de Francis De La Haye avec Jeanne née Mattray qui était alors institutrice dans la petite école du sacré-coeur de Bayeux.

On trouve en effet, non seulement cette Madame Guizot mais également les cousines Lagouche dont on sait qu’elles participaient aux enseignements de l’Institution Notre Dame de Carentan où notre communiante Henriette est probablement déjà -ou va prochainement- arriver en pension.

Enfin lors de l’autre communion, celle de Raymond De La Haye, est aussi présente la directrice de la petite école, Mademoiselle Levallois, qui restera une amie de la famille et que l’on retrouvera longtemps et sur de nombreuses photos.

Mise en vente aux enchères publiques en 1923 d’une partie des biens immobiliers de la succession de Léopold Cauderlier

Autres absents, la famille Boucher. Si Marthe, la maman des communiants a obtenu la présence des deux tiers de ses frères et soeurs (Francis et Cécile), et que seul Louis, qui habite le Cambraisis dans le Nord, fait défaut, Henri, lui, n’a pas obtenu sur cette photo la présence de sa soeur Jeanne, de son beau-frère Georges Boucher et de leurs trois fils qui pourtant habitent là, juste là à l’arrière-plan de la photo.

On peut penser qu’il y a un petit différent entre eux, une question d’héritage par exemple, qui ferait qu’on n’aura de moins en moins de photos de la famille Boucher à partir des années 20. On sait que les biens immobiliers de la succession de Léopold seront vendus aux enchères, cela peut indiquer qu’une entente sur les prix n’a pas été possible à l’amiable entre les héritiers.

Mais on peut aussi penser que les communions étant des évènements communs à toute une classe d’âge de la paroisse, et Georges Boucher étant de Bayeux et ayant au moins un frère, la famille Boucher est tout simplement invitée dans une autre communion, celle d’un neveu ou d’une nièce du côté de Monsieur par exemple. Surtout qu’on a encore des cartes postales échangées entre les deux familles en 1921 et 1922.

C’est donc probablement après, vers 1922, que s’installe une forme de distanciation entre les familles Boucher et Cauderlier.

Si la soeur d’Henri Cauderlier n’est pas présente, ses cousins Gancel, Lagouche et les Cauderlier de Dinard, sont en revanche multi-représentés.

Pour les Lagouche on a vu le rapprochement via le pensionnat de Carentan/Auvers.

Pour les Gancel on peut aussi expliquer le rapprochement car on sait que Maurice Gancel a vécu à Bayeux rue aux Coqs chez Henri Cauderlier, le cousin de son père Henri Gancel -présent sur la photo- vu qu’il y était domicilié lors du recensement de 1911.

Recensement de Bayeux en 1911, Archives départementales du Calvados

En 1911, Maurice Gancel ne travaille pas pour Henri Cauderlier, il est mécanicien pour l’entreprise “Minger” d’après ce document.

Enfin il y a Roger Cauderlier et Germaine Cauderlier qui sont venus de Dinard et c’est une chance pour nous car nous n’avons pas trop de photos d’eux.

Je vous entends qui vous dites : mais c’est qui ces Cauderlier là ?

C’est normal je ne vous en ai pas encore parlé. Ce sont 2 des 6 enfants qu’Arthur Cauderlier le fils d’Augustin de génération 1 a eu de sa femme et néanmoins cousine Jeanne Barbanchon la fille de Stéphanie Cauderlier également de génération 1.

Semblant de rien le fait que 2 des enfants d’Arthur Cauderlier soient à cette communion en 1919 signifie que les familles ne sont pas fâchées, et ça me renforce dans l’idée que la faillite de Léopold pourrait être venue d’un autre Arthur.

Alors voyez-vous, non seulement cette photo est splendide, mais en plus c’est une mine de renseignements !

Attention Fragile !

C’est encore dans un album photo de Bayeux que j’ai trouvé ce cliché inattendu.

1913 – Adalbert François – Maison Cauderlier
1913 – Adalbert François -Détail

Alors que l’album présente des photos en couleurs des années 50, au milieu, il y en a une, datée de 1913, qui est intitulée “Adalbert François – Maison Cauderlier”.

Petrificus totalus ! A l’évidence la scène a totalement pétrifié sur place deux jeunes Normandes revenant de l’école. C’est que le photographe sur le trottoir d’en face devait être assez cocasse avec son trépied et sa cape d’invisibilité.

Pendant ce temps notre ami essaie de sourire derrière sa moustache avec pas mal de kilos d’une marchandise fragile suspendue à son biceps droit tout en essayant d’imaginer la signification du mot “instantané”.

Parce que c’est parfois fragile les marchandises de la maison Cauderlier.

Henri Cauderlier – Rue aux Coqs -Bayeux

Pas tant les sacs de 50kg de sel qui font depuis toujours la réputation de l’établissement, mais les produits qui progressivement diversifient l’offre de notre établissement à destination des épiceries du Bessin.

Voyez plutôt cette facture de 1927 : Mademoiselle Fossey a bien pris un sac de sel à 56.50 francs, mais le total sur six mois fait 13 fois plus !

Facture Henri Cauderlier 1927 – Archives Départementales du Calvados
Fiche Matricule – Archives départementales du Calvados

Bien sûr, il y a toujours eu des commis pour assurer les livraisons, alors on peut se demander pourquoi seul Adalbert François a eu l’honneur de figurer dans l’album de famille.

Pour moi il faut regarder la date.

En 1913, Adalbert François a visiblement acquis une certaine aisance dans son emploi et la guerre qui va suivre va envoyer au front son patron pour presque 5 ans.

Il est possible qu’il soit devenu l’homme providentiel, car lui, il a été exempté en 1900 pour bronchite chronique puis de nouveau en décembre 1914 pour faiblesse relative. C’est fragile aussi les jeunes gens !

Le dossier militaire de Paul Adalbert François nous apprend aussi qu’il habite au 18 de la rue du marché à Bayeux.

Effectivement on le trouve bien à cette adresse sur le recensement de Bayeux en 1921 où il est employé de commerce mais plus pour la maison Cauderlier, non, …

Recensement Bayeux 1921 – Archives départementales du Calvados

…, mais pour l’entreprise Morlent, autrement dit la fabrique de porcelaine de Bayeux.

Attention, la porcelaine… c’est fragile aussi…

Un jour à la campagne à Gaël en 1954

Gaël 1954

C’est dans les album photos de Tante Denise à Bayeux qu’on retrouve 4 photos d’une belle journée passée en 1954 à Gaël.

Jules Le Barbey, sa femme Henriette, leur fils Jean, sa belle soeur Denise et sa belle-mère Marthe sont venus voir la famille de Jules à Gaël.

Gaël 1954

En constatant que sur chacune des photos il manque soit tante Denise soit Jules on en déduit qu’ils sont 2 photographes à se partager le même appareil photo, sans doute celui de Tante Denise, puisque c’est dans son album qu’on retrouve ces photos.

Gaël 1954

Sont-ils venus en voiture ? sans doute.

Ont-il fait une escale lors d’un circuit plus vaste ou sont-ils venus exprès ?

Pourquoi Nizou n’est-elle pas là ?

Comment s’est déroulé cette journée ?

Devant la maison à Gaël en 1954

Ces gens là se connaissent-ils bien ? se voient-ils souvent ?

Et surtout et avant tout qui sont les autres personnes que nous avons là ?

Il y a cette dame juste devant Marthe.

Avec son tablier on dirait bien qu’elle est chez elle.

Et puis il y a ce monsieur en sabots qui a l’air d’être chez lui, lui aussi.

Et aussi les trois autres qui forment comme une petite famille.

J’ai bien une idée mais il faudrait être sûr…

A compléter, …

Rue Holgate à Carentan (Manche)

Dans le dernier article je vous entretenais des cartes postales adressées à Estelle Bouthreuil, rue Holgate à Carentan.

A ce jour j’ignore à quel numéro de la rue Holgate se situait la dernière adresse d’Estelle Bouthreuil, mais je sais que c’est une maison de famille où étaient installés ses parents, où elle est née ainsi que ses 10 frères et soeurs et où sont morts un bon nombre d’entre eux.

En farfouillant dans les copies de documents notariés faites aux archives du Calvados cet été, j’ai trouvé une petite phrase qui m’a permis de situer dans cette même rue Holgate l’hôtel qu’exploitaient à Carentan les parents d’Emelie Halley, la femme de Léopold Cauderlier…

Extrait de la licitation entre les 6 enfants de Jules Halley Maître d’Hôtel à Carentan le 25 septembre 1885.
Archives départementales du Calvados.

… tout simplement en recherchant l’Hôtel de France maintenant que j’avais son nom. ( Note personnelle : j’adore les Hôtels du Lion d’Or et les Hôtels Bellevue mais mes préférés restent les Hôtels de France).

Fort donc de ces précieuses informations je me mets en quête d’une carte postale ancienne et, coup de chance, j’en trouve une, qui plus est avec l’inscription du nom du propriétaire E. Halley.

L’Hôtel de France, Rue Holgate à Carentan c.1890

E comme Edouard, un frère d’Emelie qui a donc pris la suite de ses parents après leur disparition en 1883 et 1885.

Je me demande donc ce qu’est devenu ce bâtiment.

Après des heures à arpenter virtuellement sur Google street-view de haut en bas l’interminable rue Holgate, j’ai fini par identifier l’emplacement grâce aux maisons d’en face. Car malheureusement l’Hôtel a visiblement été détruit et remplacé par un bâtiment du plus pur style Reconstruction.

Le 29 rue Holgate à Carentan (50) aujourd’hui. Google Street View

Cet immeuble n’est plus un hôtel mais un commerce et des bureaux, les locaux de services en sécurité privée appelé “Cotentin Manche Sécurité Protection”, CMSP pour les intimes.

Côté Manche – Vincent Giard- le 24 Sep 2020 

Tiens ce nom me dit quelque chose !

C’est que par curiosité j’avais recherché dans l’annuaire les Bouthreuil vivant actuellement à Carentan, et je n’en ai trouvé qu’un, prénommé Olivier et qui se trouve être le gérant de l’entreprise CMSP, sise à l’emplacement de l’ex hôtel de France !

Comme nous connaissons tous les descendants nommés Bouthreuil rescapés de la fratrie née rue Holgate, il faut admettre qu’Olivier est un cousin encore plus éloigné.

Si ça continue je vais créer une nouvelle catégorie dans ce blog, la catégorie “coïncidences”.

Et ce n’est pas fini car le sens de l’hospitalité qu’Eveline Risler a hérité de son arrière-arrière-arrière-grand-père Jules Halley, maître de l’Hôtel de France sis 29 rue Holgate à Carentan saura sûrement s’exprimer prochainement jusqu’en Haute-Savoie pour les lointains cousins vivants maintenant au dit-lieu. (comprend qui peut, sinon c’est pas grave).