Le Ciel et la Terre

Cela fait un an que notre Papa chéri André Cauderlier nous a quitté.

Pour lui rendre hommage, après la cérémonie nous avions partagé des souvenirs de lui en regardant de vieilles photos. Et c’est alors que j’ai ressenti la nécessité impérieuse d’expliquer et commenter toutes ces photos, impulsion première à ce site généalogique.

Mais le jour même, l’année dernière, ce qui nous transportait d’émotion c’était la “dissociation” entre son corps terrestre destiné au sous-sol de cette Terre, au pays des taupes, et son âme qui connaissait la Révélation de l’Au-delà.

En généalogie aussi il y a des révélations.

Emélie Cauderlier née Halley et son petit-fils Georges Boucher, futur grand-père de Ghislaine.

C’est lorsqu’un généalogiste successoral retrouve le contact physique avec un héritier vivant d’une succession sur laquelle il travaille.

Et hier j’ai eu la première “révélation” de cette aventure généalogique lorsque Ghislaine, dont j’ignorais l’existence la semaine dernière, a répondu à mon contact en me confirmant que nous étions bien cousins !

Une histoire qui commence, promesse de belles rencontres et d’échanges de souvenirs. C’est promis nous en reparlerons.

Merci le Ciel pour ces moments.

Hypo-Taupe

En rangeant les cartes postales de Bayeux j’ai retrouvé une carte que papa André Cauderlier a écrite à sa grand-mère Marthe Cauderlier et à sa tante Denise Cauderlier alors qu’il vient d’arriver en pension pour son année de Maths-Sup au Lycée Hoche de Versailles en 1950.

Carte postale de Versailles, La chapelle du lycée Hoche, adressée à Madame et Mademoiselle Cauderlier 21 rue Echo BAYEUX (Calvados) et oblitérée le 26 octobre 1950

Transcription :

Versailles 24 octobre

Ma chère Mamy. Ma chère Tante Denise

J’ai bien reçu votre bonne lettre à laquelle j’aurais voulu répondre longuement mais le temps et le travail se joignent pour absorber toute mon activité. Tant que je n’aurai pas assimilé tout le retard qui s’est accumulé, je ne pourrai pas faire grand chose d’autre que d’essayer de le faire.
A bientôt pourtant. Je ferai l’impossible. Très affectueux baisers. André.
Les détails demandés dans ma prochaine lettre.

Carte postale de Versailles, La chapelle du lycée Hoche

Le contexte est lourd, très lourd. Car après avoir retrouvé le bonheur pendant ses années de lycée à Bayeux où il pouvait exprimer son éclectisme et sa créativité dans un environnement familial et amical reconstruit, le voilà qui doit quitter Bayeux pour un pensionnat inconnu, sans famille et sans ami pour suivre des études exigeantes et peu créatives.

C’est un défi qu’il s’impose et il le vit comme tel mais un handicap supplémentaire va être fatal à ce projet. En effet les places en internat son rares et il n’a pas de solution d’hébergement familial à Versailles. Ce n’est que mi-octobre qu’il peut enfin arriver en classe avec un mois et demi de retard (peut-être aussi à cause de problèmes de santé).

Dans cette carte on sent tout le désarroi du pauvre taupin pris dans la nasse du rythme infernal qui lui est imposé. Pour qui connaît son style habituel précis, ce texte bref paraît plutôt malhabile. Aucun doute pour moi : il est déjà en burn-out.

Nous, on a envie de lui dire que ce n’est pas grave, que s’il échoue en prépa il ira en fac où l’attend Francine qui l’aimera toute sa vie et lui donnera deux beaux enfants.

On voudrait lui dire aussi que cette expérience lui sera bénéfique car au lieu de l’enfermer dans une école de mines, de ponts, ou de chaussées, elle va lui permettre d’être un pionnier d’une discipline nouvelle pour laquelle il n’y a encore aucune école, l’Informatique.

Parce qu’on sait qu’il n’était pas fait pour une vie de taupin, qu’il lui fallait la lumière, la créativité et l’humain.

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