Chronologie de la famille Le Maréchal

L’envie de comprendre la mécanique qui a conduit la famille nombreuse de Henri Cauderlier et Stéphanie Auquier à quitter le Nord de la France pour s’établir à Carentan en Normandie en septembre 1851 nous a amenés à étudier en détail la famille Le Maréchal, qui est au coeur de cette histoire.

Cette étude nous a apporté beaucoup d’indications, mais il reste aussi beaucoup d’inconnues, de questions et de mystères qui résistent à nos recherches. Ce sont ces deux aspects de ce qui est connu d’une part, et de ce qui ne l’est pas, que nous allons raconter maintenant.

Comme il n’y a pas énormément de personnages, je vous propose d’essayer de parcourir cette histoire dans l’ordre chronologique.

Et tout d’abord, comme dans toute pièce de théâtre, voici la présentation des personnages :

Cliquez sur l’image pour l’agrandir

Cet arbre ressemble beaucoup à d’autres que nous avons déjà dressés dans des articles antérieurs, mais celui-ci présente les fratries dans l’ordre de naissance de gauche à droite et comporte toutes les dates et lieux connus par les actes.

1760 et 1761 : naissances de Thomas Le Maréchal et de Marie Angélique Saint-Jean

Acte Baptême Thomas Le Maréchal
Au milieu de la page de droite :
Acte de Baptême de Thomas
Le Maréchal le 21 décembre 1760
à Vaudrimesnil (Manche)

Notre histoire commence le 21 décembre 1760 lorsque nait le petit Thomas Le Maréchal à Vaudrimesnil 1.

Vaudrimesnil est une ancienne commune rurale de la Manche située juste au sud de la petite ville de Périers, au milieu de la presqu’ile du Cotentin. La commune est si petite qu’elle a été fusionnée le 1er janvier 2019 avec 6 de ses voisines pour former la commune nouvelle de Saint-Sauveur-Villages qui peine à compter 3600 âmes.

Il semble (généalogie de notre cousin Pierre Marsaud sur geneanet) que le petit Thomas est le cinquième et dernier enfant de Jacques Le Maréchal ( lui même fils de Bonaventure) et de Catherine Elisabeth née Dadure. Son père est laboureur.

Acte de Baptême de Marie Angélique Saint-Jean
En haut à gauche :
Acte de Baptême de
Marie Angélique Saint-Jean
le 4 mars 1761 à Caen (Calvados)

Sa future femme, Marie Marguerite Angélique Saint-Jean est née 2 mois et demi plus tard le 4 mars 1761 dans le département voisin du Calvados, à Caen, dont la famille Saint-Jean est originaire depuis au moins 3 générations 2.

Le père Charles Saint-Jean (ou De Saint-Jean) est Maître Cordonnier ; avec sa première femme Marie Françoise Bellanger ils auront au moins 8 enfants, dont la petite Marie serait la troisième (généalogie de Sandrine Bezin sur geneanet) puis il épousera en secondes noces Jeanne Pannier le 9 avril 1782 à Caen, qui lui donnera au moins 4 enfants supplémentaires. Cela nous indique que la petite Marie Angélique a certes été orpheline de mère assez jeune mais qu’elle a l’étayage d’une fratrie nombreuse.

L’acte de baptême de la petite2 fait penser à un baptême précipité : il se passe le jour de sa naissance probablement en l’absence des deux parents puisque l’acte précise que c’est la tante de la petite qui la “nomme”, devient sa marraine et lui donne son prénom Angélique; Quant-à son parrain c’est un ecclésiastique qui se trouvait peut-être bien là par hasard.

Si Thomas n’a qu’un seul et unique prénom tout au long de sa vie, la petite Saint-Jean, elle, en a trois à son baptême à savoir Marie Marguerite Angélique, mais sera prénommée Marie Angélique sur l’acte de son premier mariage avec Thomas Le Maréchal, puis successivement Marie, Marie-Sophie et Marie-Sophie-Angélique sur les actes de baptême, de mariage et de décès de ses 4 enfants. En fait il est probable qu’elle se faisait appeler soit Marie, car c’est ainsi qu’elle signe à son mariage, soit Sophie, car sinon on se demande d’où viendrait que ce prénom lui soit attribué sur le tard. Entre nous nous l’appellerons Marie Angélique en oubliant Marguerite que nous ne trouvons qu’à son baptême et Sophie qui a contrario n’est pas à son baptême.

1783 : Mariage de Thomas et Marie Angélique

Mariage Lemarechal St Jean
Mariage de Thomas Le Maréchal
et Marie Angélique Saint Jean
à Caen le 29 avril 1783 page 1/2
Archives dép. du Calvados

Au départ on note que Thomas et Marie Angélique sont de milieux sociaux différents. Lui est de milieu paysan, elle d’un milieu d’artisans citadins.

Leur acte de mariage nous apprend qu’à son mariage Thomas demeure à Caen depuis plusieurs années. Or il n’a que 23 ans à son mariage. On en déduit qu’il a quitté sa campagne pour venir à la ville se former, sans doute chez un maître, à un métier artisanal, la perruquerie.

C’est qu’en 1783 la perruque est un produit qui marche encore pas mal, la mode n’est plus aux perruques brunes et longues comme sous Louis XIII et Louis XIV, mais aux modèles poudrés depuis le règne de Louis XV.

Mariage Le Maréchal saint Jean
Mariage de Thomas Le Maréchal
et Marie Angélique Saint Jean
à Caen le 29 avril 1783 page 2/2
Archives dép. du Calvados

Certains, à l’instar de Diderot, ont bien commencé à prôner le retour au cheveu naturel dès le milieu des années 1760 mais cela n’a pour le moment que peu d’effet, tout juste une stagnation de l’activité perruquière à partir des années 1770.

Nos jeunes mariés quittent donc Caen pour s’installer comme perruquier dans la petite ville de Périers à deux pas de Vaudrimesnil où vivent les parents Le Maréchal.

Il n’est pas impossible que leur installation ait été facilitée financièrement par une dot payée par le père Charles Saint-Jean qui, comme Maître Cordonnier sait parfaitement ce que représente l’installation d’un jeune artisan.

Question : Rechercher un potentiel contrat de mariage

Mai 1784 : La courte vie de Sophie Clotilde Angélique Le Maréchal

Bapteme Sophie Clothilde Angélique Le Maréchal
En haut à gauche :
Acte de Baptême de Sophie Clotilde Angélique Le Maréchal le 12 mai 1784
à Périers (Manche)

Le 11 mai 1784 c’est la naissance à Périers de leur première fille qui est baptisée dès le lendemain Sophie Clotilde Angélique.

L’acte de Baptême précise que “Maître” Thomas Le Maréchal est “Maître” Perruquier. Il n’est donc pas employé mais bien le patron de son affaire.

Les parrain et marraine de la petite sont Jean Le Maréchal et Anne Le Maréchal de Carentan et c’est la toute première fois que le nom de cette ville apparait dans nos actes.

Acte de sépulture de Sophie
Clotilde Angélique Le Maréchal
à Saint-Patrice-de-Claids
le 16 mai 1784 page 1/2

Mais à peine 4 jours plus tard, le 15 mai 1784, la petite Sophie décède chez sa nourrice à Saint-Patrice-de-Claids, une paroisse située juste au nord de Périers, et le lendemain elle y est inhumée.

Note : Retrouver cet acte a été un véritable petit miracle généalogique et le déchiffrer un vrai bonheur que nous avions raconté ici.

Acte de sépulture de Sophie
Clotilde Angélique Le Maréchal
à Saint-Patrice-de-Claids
le 16 mai 1784 page 2/2

Question : Qui sont les Le Maréchal, parrain et marraine de la malheureuse Sophie et qui sont originaires de Carentan ?

Juin 1785 et juin 1786, naissance des 2 soeurs Le Maréchal

Un an plus tard, le 9 juin 1785, c’est la naissance et le baptême de la petite Léonore Marie Angélique Le Maréchal à Périers.

Pour son premier anniversaire ses parents, Thomas et Marie Angélique lui ont offert une petite soeur née le 8 juin 1786 et baptisée le lendemain toujours à Périers.

Malgré une jeunesse perturbée par la Révolution puis deux destins totalement opposés, les deux soeurs, qui n’ont que 364 jours d’écart, resteront solidaires. Et, comme nous le verrons bientôt, de cette solidarité naitra le grand déménagement des Cauderlier du Nord en Normandie en septembre 1851.

On ne sait pas grand chose de leur jeunesse sinon qu’elles sont toutes deux devenues couturières ainsi qu’il apparait dans leurs deux actes de mariage.

1792 Naissance de Henri Julien Narcisse Le Maréchal à Lessay

Thomas et Marie Angélique auront encore un enfant, il s’agit de Henri Julien Narcisse Le Maréchal qui est né le 29 janvier 1792 à Lessay dans la Manche à quelques kilomètres à l’ouest de Périers.

Richard Le Blanc « La foire de Lessay »,
Musée d’art et d’histoire de Granville

Les archives de Lessay ayant été détruites lors de la seconde guerre mondiale, nous ne connaissons la date de naissance de Henri Julien Narcisse que par ses actes de mariage car il s’est marié 3 fois et nous avons la chance de disposer de 2 des 3 actes de mariage.

Mais faute d’acte de naissance ou de baptême de Henri Julien Narcisse nous ne savons pas quelles étaient les adresses et professions de ses parents à sa naissance en janvier 1792.

Alors que s’est-il passé ? On peut imaginer qu’avec la Révolution, le business de perruquier de Thomas a rencontré des difficultés et que la famille a dû déménager à Lessay pour que Thomas trouve un autre emploi, peut-être un emploi agricole comme ses parents, peut-être auprès de cousins car il y a des Le Maréchal à Lessay ….

Robespierre (Thomas Espinera) dans le docu-fiction d’Hughes Nancy et Jacques Malaterre, « Révolution ! »

Car il est certain que même si certains révolutionnaires tel Robespierre porteront la perruque, elle devient inexorablement un symbole de l’Ancien Régime jusqu’à être même interdite par l’arrêté du 1er Frimaire an II (21 novembre 1793).

Question : Existe-t-il des traces indirectes de la vie à Lessay durant cette période révolutionnaire ? Des archives ecclésiastiques, ou notariales par exemple.

1793 Thomas Le Maréchal s’engage dans l’armée révolutionnaire

Le plan B que constituait le déménagement à Lessay ne semble pas avoir fonctionné correctement car nous savons que Thomas Le Maréchal va -sans doute dès 1793- quitter sa femme, ses deux filles âgées de 7 et 8 ans et son jeune fils de 1 an pour s’engager dans l’armée.

En a-t-il le choix ? Je ne crois pas.

Les contraintes politiques de ces temps de terreur et les contraintes économiques -parce qu’il faut bien qu’il nourrisse sa famille- ont sans doute contraint ce jeune père de famille de seulement 33 ans à abandonner les siens pour courir une périlleuse aventure militaire qui lui sera fatale.

20 ans sans document

Nous n’avons aujourd’hui aucune date d’évènement survenant à un membre de cette famille entre 1792 et 1812, vingt années non documentées durant lesquelles il s’est pourtant passé pas mal de choses.

Tout d’abord la disparition de Thomas aux armées (entre 1793 et 1796), puis le remariage de Marie Angélique avec Jean-François Tonnelet, mais aussi l’éducation des filles à la couture et en particulier à la confection de robes, ainsi que celle du jeune Henri qui lui permettra de s’engager dans les Douanes.

En 1812, la mère et chacun des 3 enfants aura donc trouvé sa voie, mais chacun dans une région différente.

1812 L’acte notarié annexé à l’acte de mariage de Léonore Lemaréchal et Casimir Desmezières

Heureusement nous avons la chance d’avoir un document notarié très éclairant qui sera rédigé par le notaire François Léonard de la ville de Les Pieux (Manche) daté du 6 avril 1812 et annexé à l’acte de mariage de Léonore Le Maréchal avec Auguste Desmezières, mariage qui aura lieu presque un an plus tard le 12 mars 1813 à Carentan.

Car pour se marier la petite va devoir justifier que son père n’est plus en mesure de lui donner son autorisation. Et ce document est le seul qui nous donne un petit éclairage sur ce qui s’est passé lors des 25 années antérieures d’où son importance pour nous.

Ce document nous dit que Thomas Lemaréchal est décédé et qu’à sa mort il était “fusillier de la première compagnie du second bataillon de la 197ème demi-brigade”.

Le document nous dit aussi que Marie Angélique Saint-Jean a épousé en secondes noces un nommé “Jean François Tonnelet, canonnier de la 24ème compagnie des gardes-côtes résidant à Surtainville” qui est un village non loin de la ville des Pieux où se trouve le notaire.

Questions :

  1. Quel a été le parcours militaire de Thomas Lemaréchal ?

L’information selon laquelle Thomas Lemaréchal était fusillier de la 197ème demi-brigade nous indique qu’il a disparu entre 1792 et 1796. En effet, d’après wikipedia, en 1796 l’infanterie est réorganisée en seulement 112 demi-brigades lors de ce que l’on appelle le second amalgame.
L’ennui c’est qu’avant il y avait, en réalité, deux demi-brigades numérotées 197 et que ni l’une ni l’autre n’ont semble-t-il recruté massivement dans le département de la Manche !
Suivant que Thomas Lemaréchal a été incorporé à l’une ou à l’autre des 2 demi-brigades numérotées 197, il aura été impliqué soit dans les luttes vendéennes, soit dans l’armée du Nord. Il nous faudrait l’aide d’un spécialiste pour aller plus loin sur ce sujet.

2. Qui est donc Jean-François Tonnelet ?

Signature de Jean-François Tonnelet
sur l’autorisation notariée au mariage
de Léonore Le Maréchal le 6 avril 1812
Archives départementales de la Manche

Marie Angélique Le Maréchal née Saint-Jean a donc épousé en secondes noces Jean François Tonnelet, canonnier.
Le notaire écrit son nom “Tonnellet” mais lui signe en bas de la page “Tonnelet”. Malgré mes recherches dans les archives de la Manche je n’ai pu trouver trace ni de sa naissance, ni de son mariage ni de son décès.
Je n’ai trouvé qu’un seul Tonnelet dans le secteur, il est né à Coutances le 7 février 1839, un fils peut-être ?…

Enfant trouvé nommé Tonnelet à Coutances en 1839

Eh bien non, c’est un enfant trouvé !

Peut-être a-t-il été déposé dans un petit tonneau d’où son nom de famille qui le distingue ainsi de la nombreuse famille des Paniers.

Donc pas ou très peu de Tonnelet dans la Manche.

Les deux départements où les Tonnelet sont les plus nombreux en France sont l’Aisne et le Maine-et-Loire.

Pourtant il semble que les gardes-côtes étaient habituellement recrutés localement. Et, après tout, il n’est pas impossible que notre Jean François soit lui aussi un enfant trouvé. Mais où ?

Le mystère reste entier.

1813 : Léonore Lemaréchal se marie à Carentan.

Léonore épouse donc à Carentan le 13 mars 1813 Casimir Auguste César Desmezières.

A cette époque Léonore est déjà couturière à Carentan depuis quelques temps et on peut imaginer qu’elle ne roule pas sur l’or vue sa situation familiale. J’aime à imaginer qu’elle a donc fait ,à 28 ans, un beau mariage d’amour avec le charmant Casimir Auguste César Desmezières qui est peintre et a 6 ans de moins qu’elle.

Casimir est natif de Carentan et il va se révéler un bon entrepreneur dans divers commerces, celui du sel surtout mais également dans celui de l’ardoise puis tout à la fin de sa vie dans l’export vers l’angleterre de produits agricoles principalement les oeufs.

Il s’installera et installera son commerce en plein centre de Carentan rue de l’Eglise où tous deux vivront toute leur vie.

La seule ombre à ce tableau c’est qu’ils ne pourront pas avoir d’enfant.

Justine et Henry, coïncidences ou destins liés ?

Les deux plus jeunes de la fratrie, Justine et Henry ont respectivement 27 et 21 ans en 1813.

Justine est couturière en robes et Henry est douanier.

On sait que Justine est partie dans le Nord de la France et qu’elle y a rencontré un beau garçon nommé Cauderlier qui se prénomme Henri comme son frère et qui est douanier, tiens, comme son frère aussi !

Que les deux Henri soient douaniers est peut-être une coïncidence, mais on peut aussi imaginer que Justine et son frère Henri sont partis ensemble dans le Nord (on ne laisserait pas une jeune fille voyager seule dans le nord de la France en ces temps de guerre) grâce à une opportunité offerte par les Douanes (évènement, formation, séminaire, symposium, team-building, … 😉 ) et que c’est ainsi que Justine aurait rencontré Henri Cauderlier. La motivation des enfants pouvait être d’aller sur les traces de leur père Thomas dont on a vu que la demi-brigade 197 a pu être engagée dans l’armée du Nord.

Mais il y a une autre coïncidence qui peut nous donner un scénario encore plus délirant :

Cette coïncidence c’est le département de l’Aisne.

Comme nous l’avons vu ci-dessus le département de l’Aisne concentre un grand nombre des Tonnelet de France. Il y a même une famille Tonnelet à Hirson (02), la petite ville frontalière de la Belgique située juste au sud de Anor (59) dont nous avons parlé ici.

Par ailleurs nous verrons que le jeune Henri Le Maréchal a épousé en premières noces, on ne sait ni où ni quand (et c’est pas faute d’avoir cherché) une certaine Suzanne Goyanne elle aussi introuvable. Or Goyanne est un nom très rare (aucune personne portant ce patronyme n’est décédée en France depuis 1970 !), mais que l’on trouve tout de même un peu dans le département de l’Aisne (une certaine Louise Goyanne fille de Louis Goyanne est décédée à Nogentel dans l’Aisne le 13 août 1745 !).

D’où un scénario alternatif un peu tiré par les cheveux, je vous l’accorde, où Jean François Tonnelet aurait vécu, à un moment de cette période de 20 ans, avec sa femme et les petits Lemaréchal dans son village d’origine dans l’Aisne à deux pas d’Anor où les Cauderlier gardent la frontière. Le jeune Henri Narcisse Julien Lemaréchal y aurait fait ses premières armes de douanier et y aurait rencontré sa première femme Suzanne Goyanne. Sa grande soeur Justine Sophie y faisant la connaissance de Henri Cauderlier un collègue de son frère, en poste à Anor.

On peut aussi mixer ses hypothèses : Justine se rendrait dans l’Aisnes pour le mariage de son frère avec Suzanne Goyanne originaire de là et elle y rencontre Henri Cauderlier, un collègue de son frère venu en voisin.

Questions :

On cherche une trace de Suzanne Goyanne, naissance, mariage avec Henri Lemaréchal, décès.

On s’interroge sur l’emploi de douanier du jeune Henri Narcisse Julien Lemaréchal.

Car on cherche à comprendre ce que la jeune Justine Sophie Lemaréchal est venu faire dans le Nord.

1814 1816 : L’odyssée tragique de Justine Sophie Lemaréchal.

Tout comme pour sa soeur Léonore, c’est l’acte de mariage de Justine qui nous éclaire sur sa vie.

Nous savons ainsi que pour pouvoir se marier le couple a du obtenir 3 actes de notoriétés rédigés par 3 notaires différents dans 3 villes différentes.

Le plus ancien est daté du 6 février 1813, il s’agit du consentement de Marie Angélique née Saint-Jean la mère de la future.

Il nous indique que le jeune couple était prêt à se marier dès janvier 1813.

pourtant ils ne pourront se marier que le 6 juillet 1814 car ils vont être retenus en captivité lors du siège du bastion de Naarden aux Pays-Bas qui a duré du 17 novembre 1813 au 12 mai 1814.

Les casemates de Naarden en 1814.
Longues granges près d’une redoute, à gauche quelques soldats sont assis autour d’une table.
Tableau de Pieter Gerardus van Os. (collection Rijksmuseum)

C’est là, dans des conditions extrêmes qu’est né leur premier fils Joseph Marie Cauderlier le 31 janvier 1814.

Dès leur libération ils rentrent à Taisnière-sur-Hon où ils se marient 6 juillet 1814 et reconnaissent dans la foulée leur fils Joseph Marie Cauderlier.

L’acte ne mentionne pas d’autre commune où des bans auraient été publiés ce qui signifie que Justine Sophie tout comme Henri n’ont d’autre résidence que Taisnières sur Hon.

Peut-être un régime de faveur compte tenu des circonstances car on remarque que l’année précédente, la grande soeur de Justine, Léonore avait dû faire publier des bans à Surtainville, au domicile de sa mère et de son beau-père Tonnelet.

Leur second fils Henri Joseph est né à Maubeuge le 6 juin 1815, et son acte de naissance nous apprend que sa mère Justine était de passage et son père absent.

A Maubeuge ces jours là il se passe des choses historiques. C’est là, en effet, que l’Armée du Nord se rassemble et que les régiments prêtent serment à l’empereur sur les « aigles » (étendards).

L’armée du Nord se mettra en marche quelques jours plus tard, le 14 juin. Justine a-t-elle pu rentrer chez elle à Taisnières avec son fils nouveau-né ou seront-ils de nouveau assiégés au siège de Maubeuge qui commence peu après la bataille de Waterloo le 20 juin 1815 ?

On sait seulement que le premier enfant né à Naarden, le jeune Joseph Marie décède à Maubeuge le 19 août 1815. Il n’a encore que 18 mois et le siège de Maubeuge est levé depuis le 12 juillet. Justine et ses deux fils étaient donc à Maubeuge cet été 1815 à la fois juste avant et juste après le siège de Maubeuge mais on ignore s’ils ont été parmi les assiégés.

A la Restauration, les frontières retrouvent leurs places et Henry Joseph Cauderlier est affecté comme douanier à Anor.

C’est là que Justine décèdera à l’age de 28 ans le 15 mai 1816. Vu la date il n’est pas impossible qu’elle soit morte en couches. Ce qui est précisé sur l’acte c’est qu’elle est décédée chez elle dans le centre du village et donc qu’ils ne logeaient pas au poste de douanes.

Il est probable que le bébé Henri qui n’a pas un an sera confié aux bons soins de ses grands-parents Cauderlier-Auquier à Taisnières.

1827 1833 : Henri Narcisse Julien Lemaréchal, 3 mariages et 4 enfants

Le quatrième enfant de Thomas Le Maréchal et Marie-Angélique née Saint-Jean, Henri Narcisse Julien Le Maréchal est devenu douanier et comme tel il va avoir de multiples affectations.

Nous le trouvons lui-aussi à l’occasion de son mariage célébré le 20 décembre 1827 à Ranville dans le calvados où il épouse Magdeleine Victoire Désirée Fossé native du lieu.

Lui y apparait comme orphelin de père et de mère et veuf en première noce d’une certaine Suzanne Goyanne dont nous ne trouvons nulle trace.

Le bonheur sera de courte durée car le 4 janvier 1831 Victoire Désirée Le Maréchal née Fossé décède à Ranville.

Henri Le Maréchal doublement veuf épouse en troisième noce Victoire Trésor le 4 septembre 1832 à Saint Vaast La Hougue. Henri demeure alors à Isigny où il est préposé aux douanes toujours dans le département du Calvados mais à la limite du département de la Manche dont Victoire Trésor est originaire.

Victoire Françoise Pauline Trésor est en effet née à Saint Vaast La Hougue en 1810. Elle est la grande soeur d’une famille d’une dizaine d’orphelins, son père, laboureur étant mort lorsqu’elle avait 13 ans. Heureusement ils ne sont pas seuls car il y a a de nombreux membres de cette famille Trésor qui sont principalement marins. Il existe toujours aujourd’hui une rue Trésor qui passe juste derrière l’église de Saint Vaast La Hougue.

Après leur mariage Henri et Victoire s’installent à Osmanville, petite commune rurale immédiatement au Nord d’Isigny où Henri est affecté. C’est là que nait la petite Augustine le 17 octobre 1833. Son acte de naissance rédigé le jour même nous interpelle en ce que son oncle par alliance, Auguste Desmezières y est témoin. Il est donc probable que la jeune maman se trouvant loin de chez elle ait été assistée par sa tante Léonore et son oncle Auguste Desmezières qui habitent plus près (à Carentan).

Cet épisode ne sera pas sans conséquence car nous verront que très vite Léonore et Auguste élèveront la petite Augustine comme leur fille.

On retrouve Henri Le maréchal et sa femme Victoire née Trésor à l’occasion de la naissance de leurs trois enfants suivants qui sont trois garçons.

Le premier Auguste Louis est né le 10 décembre 1838 à Ranville au nord de Caen où habitent ses parents et où Henri a 47 ans et est employé des douanes.

Le second fils, Désiré Louis Henri -que l’on appelait Louis- est né à Réville le 30 mars 1841. Cette fois nous ne sommes plus dans le Calvados mais dans la Manche juste au Nord de Saint Vaast La Hougue.

Henri a alors 50 ans et est toujours mentionné dans l’acte comme employé des douanes quoique sans doute en toute fin de carrière.

Le troisième fils, Edouard Arsène, est né à Saint-Vaast la Hougue, le 31 juillet 1846. son père Henri est désormais Marchand Faiencier dans l’acte.

Mais juste avant la naissance du petit Edouard, eu lieu un recensement de la population de St Vaast.

On y voit qu’Henri est ici Maître Epicier mais surtout on constate l’absence de l’ainée des enfants la jeune Augustine qui a maintenant 13 ans. Celà confirme qu’elle a grandi chez son oncle Auguste et sa tante Eleonore à Carentan.

1851 La succession Desmezières

5 ans plus tard en février puis en juillet 1851, Eléonore puis Auguste Desmezières disparaissent en moins de 6 mois de temps.

Leur succession va considérablement impacter les deux branches survivantes de cette famille, d’une par celle d’Henri Cauderlier et de l’autre celle de Henri Lemaréchal.

La première personne a être impacté par cette disparition est bien sûr la jeune Augustine qui vivait avec eux, qui n’a que 17 ans et qui est donc mineure. Rien n’indique qu’elle soit retourné vivre chez ses parents.

Henri Cauderlier qui entre temps s’est marié et a eu 6 enfants quitte Taisnière sur Hon pour venir installer définitivement sa petite famille à Carentan comme il est requis par le testateur.

Henri Le Maréchal, sa femme et leurs 3 jeunes garçons vivent alors toujours à Saint-Vaast La Hougue mais il apparait dans son testament qu’Auguste Desmezière n’a pas grande confiance dans cette belle-famille.

1855 Mariage d’Augustine avec Thomas Belin

Le 12 juin 1855, Augustine qui a maintenant 22 ans et est donc majeure se marie avec Thomas Belin qui est le maire de Saint-Côme du Mont et de 26 ans son aîné. Ses parents Henri et Victoire Le Maréchal qui habitent toujours à Saint-Vaast donnent leur accord notarié. Le couple s’installe alors chez Thomas Belin à Saint Côme du Mont au lieu Saint-Jean.

1856 dernière présence connue des Le Maréchal à St Vaast

En 1856, c’est le dernier recensement à Saint Vaast où apparait encore la famille Le Maréchal. Les 2 fils ainés Auguste et Louis, âgés respectivement de 17 et 15 ans sont tous deux marins. Le petit Edouard a 10 ans mais ce qui surprend c’est la mystérieuse absence de leur mère Victoire. Où est-elle ? Est-elle partie en éclaireuse à Cherbourg où la famille va bientôt s’établir ou est-elle déjà internée à Saint-Lo comme nous savons qu’elle le sera 8 ans plus tard.

1863 Louis Le Maréchal décède au Pérou

Un grand flou subsiste sur le devenir des deux frères ainés.

Le second, Louis, serait mort à Lima au Perou le 2 octobre 1863 d’après une information transmise par notre cousin Pierre Marsaud (sur geneanet) mais dont ignorons la source.

1864 Mariage d’Auguste Le Maréchal et Anne Henriette Leclerc à Cherbourg

Le plus grand, Auguste se marie à Cherbourg le 19 novembre 1864 avec Anne Henriette Leclerc. …… originaire de l’Aulne.

Les parents Le Maréchal, Henri et Victoire, sont alors domiciliés à Cherbourg et Victoire est moralement empêchée au mariage de son fils. Elle réside alors à Saint Lô ce qui peut signifier qu’elle y est internée soit en prison soit dans un asile. Mais c’est temporaire car elle en ressortira.

Puis le jeune couple Auguste et Thérèse disparait on ne sait où malgré nos recherches. Peut-être sont-ils partis en mer vers un ailleurs sans retour.

Il existe tout de même une piste, celle d’un Auguste Louis Lemaréchal qui a été douanier, décoré pour avoir sauvé quelqu’un puis retraité en 1901 avec seulement xx années de service ce qui laisse penser qu’il a eu une vie avant la douane sans doute de militaire possiblement dans la marine. Cependant cette piste …

1865 décès d’Henri Le Maréchal à Cherbourg

4 mois après le mariage de son fils Auguste, Henri décède à Cherbourg le xxx et dans la table des successions n’est mentionnée comme héritière que sa grande fille Augustine comme si ses trois frères avait disparus.

On est pourtant sûr que le plus jeune de ses frères, le petit Edouard est toujours là puisqu’il va se marier à Bayeux le xx avec LeDevy.

1866 Une pension de réversion des douanes est octroyée à Victoire

……. à Bayeux ?

Mariage d’Edouard Le Maréchal avec le devy à Bayeux


3. Qu’est devenue Marie Angélique Saint-Jean ?

Elle aussi reste introuvable ; on ignore toujours le lieu et la date de son décès, on sait juste qu’elle avait un notaire dans la Manche (Les Pieux) en 1812 et 1813, qu’elle était encore vivante en 1816 au décès de sa fille Justine Sophie, et qu’elle ne l’était plus en 1827 au second mariage de son fils Henri Narcisse Julien.

Auguste se marie et disparait

Edouard à Bayeux

Décès des parents

1908 décès d’Augustine

Qui reste-t-i alors de cette famille ?

Sources

1 Acte de Baptême de Thomas Le Maréchal à Vaudrimesnil (50) le 21 décembre 1760
2 Acte de Baptême de Marie Angélique Saint-Jean à Caen (14) le 4 mars 1761

Acte de Mariage de Thomas Le Maréchal et Marie Angélique Saint Jean à Caen (14) le 29 avril 1783

Acte de Baptême de Sophie Clotilde Angélique Le Maréchal à Périers (50) le 12 mai 1784

Acte de Sépulture de Sophie Clotilde Angélique Le Maréchal à Saint Patrice de Claids (50) le 16 mai 1784

Acte de Baptême de Léonore Marie Angélique Le Maréchal à Périers (50) le 9 juin 1785.

Acte de Baptême de Justine Sophie Le Maréchal à Périers (50) le 9 juin 1786.

Acte de Mariage de Léonore Le Maréchal et Auguste Desmezières à Carentan le 13 mars 1813

Acte de Mariage de Justine Sophie Le Maréchal et Henri Joseph Cauderlier le 8 juillet 1814

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