Timides éloges immérités consolent de bien des critiques injustifiées (Charles Lagouche 1937)

Charles Lagouche ne s’est pas marié et n’a pas eu d’enfant mais il a laissé de nombreux souvenirs dans la famille.

Les souvenirs qu’il a construits en tant que photographe de notre histoire familiale tels les précieux clichés des années passées au château d’Auvers,

mais aussi les souvenirs de sa personne et de sa vie dont le plus marquant pour ses contemporains était son rôle comme responsable du ravitaillement du Tour de France.

Contrôle de ravitaillement du Tour de France à Béziers
Charles Lagouche et sa louche près à remplir les bidons.
Ravitaillement du Tour de France à Labouheyre

Il faut dire que même si cette fonction n’était pas supposée être remplie à titre professionnel c’est elle qui le définissait le plus intensément aux yeux des autres.

Et ce n’est pas Eveline et moi qui allons dire le contraire car même si nous n’avons pas connu l’oncle Charles, nous avons passé nos vacances d’enfants dans sa maison de campagne à Dennemont au milieu des musettes en tissu jaune, des bidons en aluminium avec bouchons en liège tenus par des ficelles, des feuilles de papier sulfurisé marquées Nestlé en diagonale et des boites d’Ovomaltine périmées.

Charles Lagouche a été aux manettes du ravitaillement du Tour de France pendant environ 35 ans ! de 1919 au milieu des années 50.

Pas une seconde à perdre…

Et comme chaque année il restait des quantités de matériel périmé, impropre à l’usage les années suivantes, nous avions là une source inépuisable de matières premières : tissu, métal, liège, ficelle, papier, de quoi confectionner toutes sortes de jouets.

En 1952, à l’apogée de sa carrière, Charles Lagouche confie à la presse helvétique quelques données chiffrées sur les volumes en jeu lors d’un Tour de France :

M. Lagouche dispose d’un personnel de 8 hommes et sa tâche est lourde, car pendant la durée de l’épreuve il faut préparer plus de 4700 musettes et environ 9500 bidons. Ces derniers sont remplis par les coureurs qui, parmi différentes bassines, peuvent choisir leur boisson préférée, soit café, thé, bière, citronnade ou eau additionnée d’alcool de menthe. Quelques coureurs émiettaient de la glace dans leur bidon l’enveloppant ensuite pour le tenir plus au frais.

Source : La Gazette de Lausanne 5 et 6 juillet 1952
“Merci au roi des ravitailleurs en toute amitié” René Bernard cycliste

Charles Lagouche appréciait visiblement ce travail, le contact avec les coureurs mais aussi avec les restaurateurs locaux auprès desquels il a su forger en trois décennies des rapports amicaux. Le changement permanent de résidence n’était pas non plus pour lui déplaire.

Au point que si durant les années 20 et jusqu’en 1935, Charles est clairement garagiste à Paris où il possède un garage au 17 rue de Clignancourt, on peut se demander s’il ne s’est pas consacré beaucoup plus intensément voire exclusivement au ravitaillement des courses cyclistes après avoir vendu son garage parisien en mars 1935.

On trouve notamment un article intitulé “Le menu du coureur en course” dans l’Ouest-Eclair du 29 août 1935 qui va dans ce sens et nous révèle que

Charles Lagouche assis sur les caisses du ravitaillement du Tour de France devant l’entrée de la Villa Rose-Marguerite à Ax-Les-Thermes

M. Machurey, en collaboration avec MM. Lagouche, Mauranne et Bonnefoy, organisent un service de ravitaillement ; cette équipe est pour ainsi dire spécialisée dans le ravitaillement des coureurs et on la trouve dans toutes les grandes épreuves officielles : le Tour de France, le Wolber, Paris-Nice, Paris-Bruxelles, etc… Nos trois ravitailleurs, qui aiment leur métier, ont acquis, au cours de leurs nombreuses années de pratique, une expérience qu’ils ont su mettre à profit ; aussi sont-ils parvenus à composer une musette standard qui est aussi une musette rationnelle composée selon les besoins du coureur.”

Il existe de nombreux articles en marge des articles sportifs pour vanter les mérites des ravitailleurs.

Mais c’est dans l’article ci-dessous que l’on entre le plus dans le récit du stress du ravitailleur en chef …

Extrait du journal Paris Soir (1923) du 20 juillet 1937. Une description du travail de Charles Lagouche comme responsable du ravitaillement du Tour de France.

et même tout à la fin dans la philosophie de l’oncle Charles.

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2 réponses sur “Timides éloges immérités consolent de bien des critiques injustifiées (Charles Lagouche 1937)”

  1. Bonjour Monsieur CAUDERLIER, Je travaille sur un projet de Musée dédié au cyclisme et au Tour de France dans le Nord et je serais intéressé pour avoir quelques renseignements sur votre oncle Charles LAGOUCHE. Serait-il possible de me contacter au 07 50 40 35 15. Bien cordialement, Eric CARON

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