Mariage Lagouche Bouthreuil à Picauville en 1888

Certains actes sont particulièrement difficiles à retrouver. Ce fut le cas pour celui-ci.

En pratique ce sont souvent ceux dont on ignore le lieu avec précision, la commune ou la paroisse. Ignorer la date précise n’est pas trop handicapant, car avec les tables décadaires où même simplement les tables annuelles, celà peut être fastidieux mais on finit toujours par s’en sortir. Mais si on ignore la commune c’est presque impossible de retrouver un acte parce que 36 000 communes çà fait beaucoup à consulter. Pour tout arranger le département de la Manche comptait plus de 600 communes au 19ème siècle soit près du double de la moyenne nationale, et encore 446 aujourd’hui. C’est dire l’effort de concentration réalisé, sans que cela ne nous aide car ce sont les communes d’époque qu’il nous faut trouver.

C’est un truc à vous dégoûter des fonctionnaires, parce que les agriculteurs et les commerçants restent longtemps au même endroit, mais les fonctionnaires de police, des douanes, des impôts ou de l’éducation bougent au gré de leurs mutations souvent liées à des promotions, heureusement le plus souvent dans le même département.

Dans le cas d’espèce on savait que Charles Lagouche et Marie-Louise Bouthreuil ont eu 4 enfants (on en découvrira même un cinquième à l’occasion de cette fouille dans les archives) tous nés à Granville à partir de 1889 “du légitime mariage” de leurs parents. Bon !

Il est presque systématique que le mariage soit célébré dans la commune de résidence de la mariée, c’est à dire celle de ses parents dans la majorité des cas.

D’où la question : où habitent dans les années 1886, 87, 88 voire 89 Paul Bouthreuil et sa femme Hortense née Cauderlier ?
Malheur! Paul est percepteur des contributions directes ! Autant dire que ce n’est pas gagné.

Il commence semble-t-il sa carrière à Néhou. Après on le retrouve à Carentan où il sera enterré. La famille est aussi très présente à Méautis à coté de Carentan. Finalement il décède à St Vaast-La-Hougue. Malgré nos recherches dans toutes ces communes : rien.

Les sites de généalogie souvent très utiles Geni, Myheritage et autres Geneanet restent muets.

Notre dernière chance vient d’un arbre généalogique établi en 1982 par le cousin Pierre Malfille, qui dans la case Paul Bouthreuil écrit “percepteur à Pont-Labbé Picauville. Encore 2 communes fusionnées. A Pont-Labbé : rien. Mais à Picauville : bingo !

Mariage Lagouche Bouthreuil Picauville 8 décembre 1888 page 1 Archives de la Manche

L’an mil huit cent quatre-vingt huit à huit heures du matin, par devant Nous, Vicomte Ludger d’Aigneaux maire officier de l’état-civil de la commune de Picauville, canton de Sainte-Mère Eglise, département de la Manche, sont comparus publiquement en notre maison commune
Lagouche Charles Raphaël Gustave, marchand de nouveautés, domicilié à Granville (Manche) et précédemment au Havre (Seine-Inférieure) né à Valognes le 16 mai 1861, ainsi qu’il résulte de l’extrait de son acte de naissance délivré par l’adjoint au maire de cette ville et qui demeurera annexé au présent, fils majeur de Lagouche Charles Edouard et de Bonnemain Marie Théotiste, rentiers, âgés le premier de 55 ans et la seconde de 52 ans, domiciliés ensemble à Isigny (Calvados) et
Bouthreuil Marie Louise Agnès, sans profession, domiciliée à Picauville, née à Néhou le 21 janvier 1863, ainsi qu’il résulte de l’extrait de son acte de naissance délivré par le maire de cette dernière commune, lequel demeurera également annexé au présent, fille majeure de Bouthreuil Paul Juste, percepteur, âgé de 52 ans et de Cauderlier Hortense Josephe, sans profession, âgé de 48 ans, domiciliés ensemble à Picauville ;
lesdits pères et mères des comparants ici-présents et donnant leur consentement formel au mariage projeté.
Lesquels nous ont requis de procéder à la célébration du mariage projeté entre eux et dont les publications ont été faites devant la principale porte de notre maison commune les dimanches 18 et 25 novembre derniers, chaque jour à l’heure de midi, à la mairie du Havre les mêmes jours et aux mêmes heures, et à la mairie de Granville les dimanche 11 et 18 novembre aussi derniers, chaque jour à l’heure de midi. Répondant à notre interpellation, les futurs époux…

Page 1

Mariage Lagouche Bouthreuil Picauville 8 décembre 1888 page 2 Archives de la Manche

page2 … et les personnes présentes autorisant le mariage ont déclaré que les futurs époux avaient fait un contrat de mariage passé en l’étude et devant maître Suez (?) notaire en cette commune le 6 courant ainsi que l’établit un certificat de ce fonctionnaire délivré le même jour et qui demeurera annexé au présent. Aucune opposition au dit mariage ne nous ayant été signifiée, ni aux maires du Havre et de Granville, ainsi qu’il résulte des certificats délivrés par ces derniers, les 28 et 23 novembre derniers, lesquels demeureront également annexés au présent registre ;
faisant droit à leur réquisition, après avoir donné lecture de toutes les pièces ci-dessus mentionnées et du chapitre 6 du Code civil intitulé Du Mariage, avons demandé au futur époux et à la future épouse s’ils veulent se prendre pour mari et pour femme. Chacun d’eux ayant répondu séparément et affirmativement, avons déclaré, au nom de la loi, que Lagouche Charles Raphaël Gustave et Bouthreuil Marie Louise Agnès sont unis par le mariage. De quoi nous avons dressé le présent acte, en présence de Capelle Jules, âgé de 51 ans, propriétaire, demeurant à Valognes, Bouthreuil Edouard, âgé de 21 ans, propriétaire demeurant à Picauville, Legraverand Emile Paul, premier commis au bureau des hypothèques, âgé de 59 ans, demeurant à Valognes, Daniel Emmanuel, propriétaire âge de 43 ans domicilié à Coutances, témoins qui l’ont signé avec les parties contractantes, les pères et mères des époux, et nous après lecture.

Et pour nous encourager les archives de Picauville nous offrent en extra les enregistrement des publications des bans de ce mariage.

Le premier …

et le second qui est aussi le dernier de l’année 1888 à Picauville.

Mariage Cauderlier Desrez à Carentan

Archives départementales de la Manche

L’an mil huit cent soixante dix huit, le trois
du mois de Juillet, à dix heures et demie du soir
Par-devant nous Alfred Léon houet, adjoint
au Maire de la ville de Carentan, canton de Carentan,
département de la Manche, officier de l’état civil

délégué.
Sont comparus en l’hôtel de Ville
Le Sieur Henri Guilain Joseph Cauderlier,
négociant, âgé de quarante un ans, domicilié à
Carentan, né à Taisnières-sur Hon (Nord), le
vingt-six Novembre mil huit cent trente six,
fils majeur de Henri Joseph Cauderlier, négociant,
agé de soixante deux ans, domicilié à Saint –
Hilaire Petitville, ici présent & consentant et de
Stéphanie Auquier, décédée en ladite commune de
Saint Hilaire Petitville, le vingt huit Juin Mil
huit cent soixante quinze, le tout résultant d’actes
dont expéditions en forme nous ont été remises,
d’une part
Et la dame Léonie Augustine Desrez,
cafetière, âgée de trente deux ans, domiciliée à
Carentan, née à Périers, le deux Juin mil huit
cent quarante six, fille majeure de Alexandre
Louis Desrez, et de Amélie Justine Letourneur
décédés tous deux audit Périers, le premier, le
trente Novembre mil huit cent soixante trois, &
la seconde, le quinze Mars mil huit cent
soixante onze, ainsi que letout est constaté par
actes, dont extraits en forme nous ont été remis,
et petite fille du côté paternel, ainsi que du
côté maternel d’aieuls dont le dernier domicile
et le lieu du décès lui sont inconnus, ainsi qu’aux
quatre témoins ci-après dénommés, lesquels ont
certifié par serment, conformément aux dispositions

de l’article deux de l’avis du Conseil d’Etat du
quatre Thermidor an treize que, quoi qu’ils connaissent
la future épouse, ils ignorent absolument le lieu du
décès, ainsi que celui du dernier domicile de ses aïeuls
paternels et maternels. Ladite dame Léonie Augustine
Desrez, future épouse, veuve en premier mariage de
Henri Jean Guérin, décédé en cette ville, le trente
un Mai mil huit cent soixante dix sept, ainsi
qu’il est constaté aux registres de l’Etat Civil que
nous avons aux mains, d’autre part.
Lesquels nous ont requis de procéder à la
célébration du mariage projeté entre eux & dont
les publications ont été faites en cette ville, les
dimanches vingt trois & trente Juin derniers,
devant la principale porte extérieure de l’hôtel
de ville, à l’heure de midi, conformément à
la loi.
Répondant à notre interpellation les futurs
les futurs époux, ainsi que les personnes présentes qui
autorisent le mariage, ont déclaré qu’il a été
fait un contrat de mariage entre lesdits futurs,
le vingt Juin dernier, devant Maître Godin,
notaire à Carentan.
Aucune opposition audit mariage ne nous
ayant été signifiée, faisant droit à leur réquisition,
après avoir donné lecture de toutes les pièces
ci-dessus mentionnées & du chapitre six du
titre du Code Civil, intitulé du mariage, avons
demandé au futur époux & à la future
épouse s’ils veulent se prendre pour mari &

pour femme, chacun d’eux ayant répondu
séparément & affirmativement, déclarons au
nom de la loi que le sieur Henri Guilain Joseph
Cauderlier
, & la dame Léonie Augustine Desrez
sont unis par le mariage.
De quoi nous avons dressé acte en présence
des sieurs Alexis Sylvain Lainé, capitaine retraité,
chevalier de la Légion d’Honneur, âgé de soixante
dix sept ans, domicilié à Carentan; Léopold
Cauderlier, négociant, âgé de trente un ans,
domicilié à Bayeux; Jules Desrez, photographe,
âgé de trente cinq ans, domicilié à Cherbourg;
et Artidor Le Marigny, boucher, âgé de
quarante cinq ans, domicilié à Périers, lesquels,
après qu’il leur en a été fait lecture, l’ont
signé avec nous & les parties contractantes

Toujours passionnants ces actes de mariages par ce qu’il sont faits sans précipitation, avec des témoins choisis, dans un temps long qui inclut les publications.

On est d’abord scotché qu’un mariage puisse être célébré en mairie un mercredi à 10h30 du soir ! D’accord c’est le mois de Juillet, il fait peut-être encore jour mais tout de même.

Ici on voit que l’ainé de la fratrie Cauderlier se marie sur le tard à 41 ans avec une femme qui est veuve. On ignore si elle a des enfants de ce premier lit. Elle tient un commerce de cafetière. Henri, lui, est ici déclaré comme négociant. On fait donc un contrat de mariage.

Au vingt (et) unième siècle on est étonné de cet “article deux de l’avis du Conseil d’Etat du
quatre Thermidor an treize”. Il semble que même majeure une femme doive avoir l’accord de ses parents ou à défaut de ses grand-parents pour se marier sauf à déclarer ne savoir ce qu’il sont devenus.

Comme témoin on trouve le frère du marié Léopold et son beau-frère le Capitaine Lainé.