071. Jeanne Cauderlier et Georges Boucher

Jeanne Cauderlier c.1880

Jeanne Léopoldine Cauderlier est née à Bayeux le 22 novembre 18701.

Ses parents Léopold Cauderlier et Emélie née Halley viennent de s’y installer.

Ils arrivent de Carentan où ils ont grandi et se sont mariés le 11 novembre 18692 (qui n’était pas encore un jour férié).

On note1 que Jeanne naît avant même que ses parents ne s’installent rue aux Coqs.

A l’époque ils vivent encore rue Saint Patrice, probablement en location.

Puis lui arrive un petit frère Henri en 1873, peu avant l’emménagement de la famille rue aux Coqs.

Jeanne Cauderlier c.1890

C’est là que Jeanne vivra toute sa vie à l’exception de ses toutes premières années (rue Saint-Patrice) et de ses toutes dernières (à Caen).

Jeanne épouse à Bayeux le 14 avril 18963 Georges Albert Boucher.

Georges Boucher est également natif de Bayeux.

Il y est né le 13 janvier 18733.

Ses parents à lui, Auguste Cyprien et Marie Virginie née Duhamel sont épiciers -peut-être des clients de Léopold Cauderlier- au 19 rue Saint-Malo.

Georges Albert Boucher c.1890

On sait aussi par les dossiers militaires qu’il a un grand frère Louis Joseph Boucher né le 29 juillet 1870, qui est menuisier.

Georges Albert, lui, est typographe au journal de Bayeux et c’est donc un peu grâce à son travail que l’on a des informations sur l’histoire de notre famille.

Jeanne et Georges Boucher s’installent au 19 rue aux Coqs, dans la maison située en vis à vis de celle de Léopold et Emélie Cauderlier, sur la même cour, au 21.

C’est pratique : chacun chez soi mais seulement une cour à traverser pour aller se voir.

Jeanne et Georges Boucher auront trois garçons.

Georges Boucher et sa grand-mère Emélie Cauderlier c.1900

L’ainé Georges Léopold Auguste Jean -que nous appellerons donc Georges Boucher fils pour le distinguer de son papa- nait le 1er février 1897.

Il fait la joie de ses grands-parents maternels dont il est le premier petit enfant.

Puis vient Henri qui nait le 18 juin 1901, 39 ans avant l’appel du Général.

Et le petit Léon qui nait le 11 novembre 1904.

Un certain goût pour les dates historiques peut-être ?

Georges Boucher
Henri Boucher
Léon Boucher
Georges et Henri Boucher
Henri et Georges Boucher
Famille Boucher Bayeux 1906
La famille Boucher à Bayeux dans la cour vers 1906
Carte envoyée par Jeanne à son neveu mon grand-père pour la Saint André 1918

Puis en 1907 c’est au tour d’Henri Cauderlier, le frère de Jeanne de se marier et de s’installer avec sa femme Marthe rue Echo.

Henri et Marthe Cauderlier habitent chez les parents, Léopold et Emélie Cauderlier, dans la maison d’en face au numéro 21.

Comme il leur suffit de traverser la cour pour se rencontrer nous avons peu de correspondance entre les Cauderlier et les Boucher.

Carte envoyé de Belfort pendant la première guerre mondiale par Georges Boucher père à tante Denise Cauderlier

Quelques cartes de vacances tout de même nous permettent de découvrir les jolies écritures de Jeanne et de Georges Boucher.

Le dimanche, les familles Cauderlier et Boucher au grand complet, accompagnées même de quelques amis, vont volontiers à la mer, à la villa des Martyrs construite par Léopold.

La villa des Martyrs, 1909

Sur cette photo devenue iconique dans la famille on retrouve à gauche les pères et leurs fils, et à droite les femmes et Léopold “lisant” le journal.

Mon interprétation personnelle de gauche à droite : André Cauderlier bébé, Georges Boucher fils, Henri Cauderlier, Léon Boucher, Georges Boucher père, un ami cycliste, Henri Boucher au sol
Mon interprétation personnelle de gauche à droite : Marthe Cauderlier (méconnaissable), Jeanne Boucher, Emélie Cauderlier et Léopold Cauderlier.
Les femmes font mine de faire des travaux d’aiguille alors que Léopold feint de lire ou de montrer le journal.
Henri, Georges et Léon Boucher

Peu après la prise de cette photo, le 26 mai 1909, Léopold décède rue Echo à l’âge de 61 ans4.

C’est Georges Boucher père qui déclare le décès de son beau-père à la mairie de Bayeux le jour même4.

Puis vient la Première Guerre mondiale et Georges père est mobilisé en 1914. Son fils Georges part au front le 11 janvier 1916.

Il nous reste quelques cartes envoyées pendant la guerre par Georges père et Georges fils à leurs oncle, tante, neveux et nièces Cauderlier.

Dossier Matricule de Georges Boucher père.

Mais ce sont surtout les dossiers matricules de l’armée qui nous donnent tous les détails de leur engagement.

Vers 1915 Léon fait sa communion à Bayeux alors que son père et son oncle sont semble-t-il en permission. Georges Boucher fils est absent.

La photo est pliée et présente des manques mais c’est la seule photo de famille que nous ayons des Boucher. C’est aussi la dernière photo que nous ayons de Jeanne, de Georges Boucher père et de Léon.

La Communion de Léon Boucher, Bayeux c.1915
De gauche à droite. Devant : Léon Boucher le communiant, la jeune Denise Cauderlier, Jeanne Boucher, Henriette et André Cauderlier. Derrière : Augustine Jeanne Boudard (source sa petite-fille Ghislaine Moreau), Henri Boucher, Georges Boucher père, Henri Cauderlier, Marthe Cauderlier

Georges Boucher père revient de la guerre sans trop de casse.

Georges Boucher fils par contre a été gazé puis gravement blessé au bras.

Lorsqu’il finit par rentrer, Georges Boucher fils retrouve son emploi d’instituteur. Il est nommé dans au moins deux petites communes du sud de Bayeux. Il se marie (en l’absence de ses parents) et devient père d’une petite Edith. Puis la petite famille s’embarque pour le Maroc. Voir la page de Georges Boucher fils et Augustine Jeanne Boudard .

Henri Boucher aussi est attiré par les destinations exotiques. Il part faire son service militaire dans l’armée du levant en Syrie puis revient vivre chez ses parents en travaillant pour son oncle Henri Cauderlier. Il s’installe ensuite à Saint-Vigor dans les années 1930 mais reste célibataire. Voir la page de Henri Boucher .

Léon Boucher est mécanicien. Il épouse Marguerite Boudard, la petite soeur d’Augustine Boudard, la femme de son frère Georges. Il s’établit comme garagiste en plein coeur de Bayeux Place aux Pommes. Voir la page de Léon Boucher et Marguerite Boudard .

C’est là, chez son fils Léon, Place aux pommes à Bayeux que Georges père décède le 3 avril 1943.

Il est alors déjà veuf de Jeanne qui est décédée le 17 mars 1941 au 93 de la rue Caponière à Caen, c’est à dire à l’hôpital psychiatrique du Bon Sauveur.

Jeanne était déjà absente du recensement de la rue Echo à Bayeux en 1936 où il ne reste que Georges Boucher père à la maison. Jeanne a donc probablement passé au moins 5 ans en soins à Caen.

Recensement rue Echo à Bayeux en 1936. Archives départementales du Calvados.
Tombe de Georges et Jeanne Boucher au cimetière de l’Est à Bayeux

En regardant les annonces de décès parues dans la presse la semaine de la disparition de Jeanne, on constate que plus de la moitié des morts de Caen sont localisées à l’hôpital psychiatrique.

Cette hécatombe est sans doute le résultat de carences alimentaires. On estime à 50 000 le nombre de victimes dans les hôpitaux psychiatriques pendant la période d’Occupation, soit plus que les morts civils du Débarquement en Normandie. (source Wikipédia, article “extermination douce”).

Georges et Jeanne Boucher sont enterrés au cimetière de Bayeux Est.

Sources :

1 Naissance de Jeanne Léopoldine Cauderlier à Bayeux le 22 novembre 1870.
2 Acte de mariage de Léopold Cauderlier et Emélie Halley à Carentan le 11 novembre 1869
3 Acte de mariage de Georges Boucher et Jeanne Cauderlier à Bayeux le 14 avril 1896
4 Acte de décès de Léopold Cauderlier à Bayeux le 26 mai 1909
5 Acte de décès de Georges Boucher père à Bayeux le 3 avril 1943
6 Acte de décès de Jeanne Léopoldine Boucher née Cauderlier à Caen le 17 mars 1941

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