Photos de groupe au mariage de Jean Malfille et Lucienne Le Bastard

La découverte de vieilles photos de famille me console un peu de la douloureuse charge de devoir vider les lieux où ont vécu mes parents.

Cette paire de photos du mariage de Jean Malfille et Lucienne Le Bastard va nous faire découvrir des visages de cousins du côté Lagouche dont je ne connaissais que les noms de famille.

Mariage de Jean Malfille et Lucienne Le Bastard, Cherbourg le 2 août 1921

Dès l’abord on est immédiatement séduit par les toilettes, les costumes et les chapeaux.

Puis on voit que les plus âgés sont fiers et les jeunes sont sérieux à l’exception du gamin coquin qui s’est caché en haut à droite.

C’est que le photographe -que nous allons bientôt identifier- vient de dire “ne bougez plus”.

A en juger par les tenues vestimentaires il ne fait pas bien chaud en ce début août 1921, et si l’on considère que certains personnages de la photographie sont flous et que les ombres sont peu marquées on peut même augurer qu’il ne fait pas très lumineux non plus ce jour là nécessitant un temps de pose plus long.

Très vite l’oeil cherche quelqu’un de connu et j’ai ainsi pu reconnaitre ma grand-mère Suzanne Lagouche (2ème rang à gauche avec un chapeau clair), sa mère Marie-Louise Lagouche née Bouthreuil (en haut légèrement à droite et légèrement floue aussi) et sa jeune soeur Madeleine (tout en haut à droite).

Mais notre chance cette fois c’est d’avoir une seconde photo

Mariage de Jean Malfille et Lucienne Le Bastard, photo annotée

Cette photo ci est ratée notamment parce que la mariée est floue, ainsi que la petite fille d’honneur.

Mais de plus elle présente des lignes courbes qui indiquent clairement qu’il s’agit d’une photo sur plaque de verre et que le verre s’est cassé !

A y regarder de plus près, il y a 2 changements majeurs entre ces 2 clichés :

  • la dame assise en bas complètement à gauche sur la première photo a échangé sa place avec la dame du milieu complètement à droite. On peut penser que c’est pour que la dame la plus âgée puisse s’asseoir. (ou alors c’est pour que le Monsieur 8 ait une cavalière de son âge !)
  • le monsieur flou en haut au milieu de la première photo a disparu et le personnage numéroté 8 est apparu sur la seconde photo.

Comme souvent lorsque, sur deux photos presque identiques, une personne est remplacée par une autre, la raison en est qu’il s’agit des deux photographes successifs.

Et effectivement on reconnait facilement que notre numéro 8 n’est autre de l’oncle Charles Lagouche, cousin germain de la mariée et photographe aguerri (au sens propre au cours du conflit 14-18). La première photo serait donc son oeuvre.

Du coup son remplaçant qui a pris la seconde photo est sûrement son jeune frère Marcel Lagouche qui est un peu flou sur la première photo. Comme il n’apparaît pas sur la seconde photo, il n’est pas nommé dans la liste qui figure au verso de celle-ci :

Et il est fort possible que ce soit précisément Marcel Lagouche qui ait commenté sa propre photo car cela expliquerait la grande familiarité dans les prénoms de ses frères et soeurs respectivement notés Suz, Mad et Ch. alors que les autres ont des prénoms entiers ou le plus souvent pas de prénom du tout, hélas.

On trouve donc sur ces photos :

Les mariés

Jules Jean Malfille
et Lucienne Le Bastard
à leur mariage
le 2 août 1921
à Cherbourg

Jules Jean Malfille né le 15 août 1897 à Fontenay-sous-Bois (Val-De-Marne)
et
Lucienne Marie Joséphine Le Bastard née le 9 mai 1897 à Cherbourg (Manche).

L’acte de mariage est probablement accessible aux archives de la Manche à St Lô, mais il n’est actuellement pas encore numérisé.

Pour le moment, seule la table décadaire est disponible en ligne.

Elle nous informe que c’est le 2 août 1921 à Cherbourg qu’a eu lieu ce mariage.

Les parents Malfille : Camille Jacques et Joséphine Angèle née Guyot

Camille Malfille et Joséphine née Guyot ainsi que leur petite fille.
Dossier matricule militaire
du marié Jules Jean Malfille

En l’absence de l’acte de mariage on retrouve aisément l’identité des parents du marié, notamment grâce à son dossier matricule militaire.

Au passage on apprend que le marié a combattu lors de la Première Guerre mondiale, du moins à partir de 1917 car il n’avait pas 18 ans en 1914.

Ses parents sont donc Camille Jacques Malfille et Joséphine Angèle née Guyot.

Ces deux là se sont mariés dans la Meuse à Etain le 17 juin 1893. L’acte de leur mariage est numérisé, bien complet et lisible.

Le voici :

Acte du mariage des parents du marié, Camille Malfille et Joséphine née Guyot

Dans cet acte du mariage des parents du marié il y a tout ce dont peut rêver un généalogiste. Nous retiendrons que le père du marié était employé de commerce lors de son propre mariage en 1893 ainsi que son propre père Jacques Malfille. Sa mère était déjà décédée en 1893 et s’appelait Marguerite Laure Chauve.

Camille Jacques Malfille et Joséphine Angèle née Guyot

Du côté de Madame, la mère du marié, née Joséphine Angèle Guyot nous apprenons qu’elle est la fille de François Jules Guyot, Juge de Paix du canton d’Etain (Meuse) et de Augustine Laure Cailleteau.

Bon, c’est aussi là, que quelques années plus tard, ils se sont éteints, à Etain !

Les parents Le Bastard et Charlotte Le Bastard

Gustave Le Bastard et Victoria née Lagouche

Les parents de Lucienne Le Bastard, la mariée, sont Gustave Jean-Baptiste Le Bastard et son épouse Victoria née Lagouche.

Aïe ! On dirait que Victoria a un petit bobo à l’index de la main droite, non ?!

Leur propre mariage a été célébré le 15 janvier 1895 à Valogne et l’acte comprend pas moins de 3 pages hors les nombreuses annexes. Parmi elles on trouve notamment une dispense de parenté émise par décret du Président de la République !

Rien que ça ! L’avait rien d’autre à faire Jean Casimir-Périer le 3 décembre 1894 ?

Extrait de l’acte de mariage de Gustave Le Bastard et Victoria Lagouche

C’est que nous avons aussi comme pièce annexe citée ci-dessus l’acte de décès de la première épouse de Gustave qui n’est autre que la soeur ainée de Victoria qui s’appelait Augustine Lagouche.

C’est donc parce que sa seconde épouse Victoria Lagouche était la jeune soeur de sa première épouse Augustine Lagouche que Gustave Le Bastard a dû demander une dispense de parenté alors qu’il n’y avait pourtant aucune consanguinité entre eux.

Sur la seconde photo, Gustave a mis chapeau bas (devant tant d’intérêt de notre part) et Victoria a caché sa main droite sous sa main gauche pour qu’on ne voit plus son bobo.

Charlotte Le Bastard
Charlotte Le Bastard

Gustave Jean Baptiste Le Bastard, était un vrai Cherbourgeois. Il y est né le 29 novembre 1861, fils unique de François Auguste Pierre Le Bastard, boulanger à Cherbourg mort en 1862 avant même que son fils Gustave ne souffle sa première bougie.

Gustave, fera une carrière juridique comme huissier audiencier à Cherbourg puis comme huissier honoraire et Greffier de la Justice de Paix de Beaumont-Hague. Il quittera ce monde à Cherbourg le 5 avril 1939.

De son premier mariage avec Augustine Lagouche, Gustave aura une fille Charlotte Le Bastard, née le 2 novembre 1890 à Cherbourg, qui ne se mariera pas mais enseignera le violoncelle peut-être bien jusqu’à sa mort le 21 juin 1976 à Cherbourg. Elle a donc 31 ans sur cette photo lors de ce mariage qui est celui de sa demi-soeur. ( qui se trouve être aussi accessoirement sa cousine ! ).

Gustave et Augustine auront aussi un fils, né un an après Charlotte en 1891 et prénommé Robert mais qui ne vivra que 20 jours.

La petite Charlotte n’a que 2 ans et demi lorsqu’elle perd sa maman Augustine, décédée le 13 juin 1893 à Cherbourg.

On comprend que, comme c’était presque une coutume à cette époque, la cadette de la jeune maman défunte se trouve appelée à la remplacer.

Mais si Augustine Lagouche avait 31 ans lors de son mariage avec Gustave Le Bastard le 15 octobre 1889, sa cadette Victoria n’en a que 19 lors du sien le 15 janvier 1895. C’est que les deux soeurs avaient 16 ans d’écart !

Pour autant je ne trouve pas que l’écart d’âge entre Gustave et Victoria (14 ans) soit évident sur ces photos.

Gustave et Victoria n’auront qu’une fille, notre mariée Lucienne Le Bastard.

André Malfille, frère du marié, sa femme et sa fille

André Malfille et Madame née Berthe Lefeuvre

Le marié a un frère ainé que l’on appelle André semble-t-il quoique son état civil soit Jean André Malfille.

Il est né à Paris le 26 juin 1894 et a donc 3 ans de plus que le marié.

Il me semble bien qu’il ont le même coiffeur !

André Malfille est déjà marié ce 2 août 1921.

En effet il a épousé Berthe Germaine née Lefeuvre le 22 juillet 1919 à Fontenay sous Bois (Val de Marne).

Ensemble ils ont eu l’adorable petite fille d’honneur de ce mariage qui s’appelle Denise Andrée Marie Malfille.

La petite Denise est née le 23 mai 1920 à Paris 14ème.

Denise Andrée Marie Malfille

C’est également dans le 14ème arrondissement de Paris que vivait le couple de ses parents et en dernier au numéro 55 du Boulevard Reuilly.

Je ne connait pas de descendance à la petite Denise Malfille.

Elle a vécu 82 ans et a quitté ce monde le 16 août 2002 à Villiers Saint-Denis dans l’Aisnes.

Les cousins Lagouche de la mariée

Marie-Louise Lagouche née Bouthreuil

Evidemment, là, je suis plus à l’aise pour les reconnaitre et en parler puisqu’on trouve ici mon arrière grand-mère Marie-Louise Lagouche née Bouthreuil et ses quatre enfants.

Fratrie Lagouche le 1er janvier 1921

Il semble bien que les deux jeunes-filles ont les même robes sans doute faites par elles-même comme de coutume à l’époque.

Déjà au premier janvier de cette même année nous avions vus que Suzanne et Madeleine portaient des toilettes identiques.

Suzanne Lagouche
Madeleine Lagouche

Mais là les garçons aussi sont habillés de la même façon, smoking et noeud papillon blanc du meilleur effet.

D’ailleurs ils ne sont pas les seuls à être ainsi costumés, le marié, les pères des mariés et les Marizy père et fils ont également adoptés ce dress-code contrairement au frère du marié notamment.

Marcel Lagouche
Charles Lagouche

On a vu que Charles et Marcel Lagouche sont les auteurs de ces photographies, nous n’avons donc qu’une photo de chacun d’eux.

Les cousins Marizy du marié

Nous avons 4 représentants de la famille Marizy qui nous sont présentés comme des cousins du marié.

En effet en remontant un peu on trouve bien une alliance entre une grand-tante du marié et un monsieur Auguste Célestin Marizy.

La dame présentée comme étant Madame Marizy mère étant trop jeune pour pouvoir être Amélie née Guyot en 1843 on en déduit qu’elle est sans doute la belle-fille du couple Guyot-Marizy, le Monsieur Marizy père de la photo étant le fils de ce couple.

Monsieur Marizy père serait alors un cousin germain de la mère du marié.

Monsieur et Madame Marizy
“Mr Marizy jeune” (sic)
Mlle Marizy

La légende le la photo ne nous donne pas de prénom et nous n’avons pas trouvé la trace des descendants de ce couple Marizy-Guyot.

Nous ne connaissons donc pas les prénoms des Marizy de ces photos.

La famille Pietra/Boulay

Tombe Fleury Boulay Pietra cimetière d’Omonville-la-petite

Cette famille nous est présentée dans les légendes de la photos comme des amis en non comme des membres de la famille.

En cherchant un peu j’ai d’abord trouvé la trace d’une tombe au cimetière d’Omonville-la-petite, le village préféré de Jacques Prévert, dans un petit fascicule très bien fait, qui présente une photo de la tombe avec la description suivante :

Tombeau, haute stèle, granit poli, « in te domine speravit » familles Boulay-Fleury-Pietra, dont Ernest Boulay, chevalier de la Légion d’honneur, 1866-1943, Jean-Louis Pietra, chevalier de la Légion d’honneur, 1883-1972. Ce patronyme apparait parmi les donateurs des vitraux de 1937.

Cimetière d’Omonville-la-Petite, Un lieu ouvert vers l’absolu” publié par la Commission départementale pour la sauvegarde du patrimoine funéraire

Jean Louis Pietra

Maintenant que j’ai leurs prénoms il est plus facile de croiser les légendes de la photo avec des données généalogiques.

Il devient clair que Monsieur Jean-Louis Pietra, ami et sans doute collègue des Lagouche est venu à cette noce avec sa femme Simone Marguerite Esther Boulay, sa belle mère Madame Marguerite Jeanne Boulay née Langer et son beau-frère qui pourrait être Georges Paul Xavier Boulay.

Simone Pietra née Boulay
et sa mère Marguerite Boulay née Langer

En définitive cette famille amie nous questionne par l’importance de sa présence à ce mariage (4 personnes) et les explications que le rédacteur des légendes nous en donne.

Jean-Louis Pietra aurait 38 ans et serait “Chef aux Finances” et effectivement il semble qu’il ait eu une belle carrière au sein des douanes.

Georges Boulay

Pourtant le 1er janvier de cette même année 1921 il n’est que “rédacteur” sur l’acte de décès d’un enfant né sans vie.

Les trois membres de sa belle famille Boulay, sont mentionnés comme chanteurs émérites mais je n’ai pu trouver aucune précision à ce sujet, et je m’arrête là car ce serait lourd de faire une quelconque plaisanterie à leur sujet.

Mme Mouchel amie des Lagouche

Mme Mouchel

Cette fois il semble rigoureusement impossible d’identifier plus avant cette personne.

Et voila, on a fait le tour de cette photo et on a pu mesurer comme la présence des légendes étaient fondamentales pour nous permettre de comprendre.

Bien sûr nous avons des quantités d’autres photos de la famille Lagouche mais retrouverons nous les autres personnes sur d’autres photos ? Ce n’est pas impossible.

A suivre donc …

Notes :

Fratrie Lagouche

Dans la fratrie Lagouche nous avons :

  • Louise Maria Pélagie Lagouche, l’ainée, mariée d’abord à un Monsieur Daniel, capitaine au long cours dont elle n’aura pas d’enfant ; puis à un Monsieur Pierre Bienaimé Auguste Lesauvage, percepteur à Valognes et lui même veuf et père de 4 enfants.
    Il ne semble pas représentés à ce mariage.
  • Pélagie Lagouche, religieuse, Supérieure des Petites Soeurs des pauvres d’Amérique du Sud, décédée à Montpellier. Bon, elle, on peut supposer qu’elle ne va pas prendre un vol charter depuis le Pérou ou le Chili pour venir à ce mariage.
  • Augustine Lagouche, née le 16 septembre 1858 à Valognes, première femme de Gustave Le Bastard, mère de la petite Charlotte (violoncelliste) et elle-même décédée le 13 juin 1893 à Cherbourg.
  • Charles Raphaël Gustave Lagouche, mon arrière grand-père, né en mai 1861 et décédé le 26 novembre 1907. Il est ici représenté par sa veuve Marie-Louise née Bouthreuil et leurs 4 enfants Charles, Suzanne, Marcel et Madeleine.
  • Victoria Lagouche, que nous voyons ici marier sa fille unique Lucienne issue de son mariage avec Gustave Le Bastard lui même veuf de sa soeur Augustine.

L’album photo du mariage de Jacques Marsaud et Andrée Viltard

Chaque évènement familial est une occasion de resserrer les liens familiaux entre les nombreux descendants de notre couple de référence Henri Cauderlier et Stéphanie née Auquier.

Oups, annonce erronée dans le Cherbourg Eclair du 5 août 1928.

A l’occasion du mariage d’Andrée Viltard, fille de Germaine Barbanchon et donc petite-fille de Stéphanie Cordelier – la première de la fratrie a être née en Normandie-, un album de 12 photos est réalisé par un photographe de renom à Cherbourg : René Havet.

A ma connaissance c’est le plus ancien album de ce type dans la famille.

On corrige dans l’édition du 7 août.

Toute la petite famille des Cauderlier de Bayeux est présente à ce mariage qui est célébré le lundi 20 août 1928 à Cherbourg-Octeville, ce qui nous vaut d’avoir retrouvé cet album à Bayeux.

L’article du Cherbourg Eclair du 17 août 1928.

Le mariage a été annoncé dans le journal local, le Cherbourg Eclair, dès le 5 août, mais le typographe s’est trompé dans le nom de la mariée et l’a confondu avec celui de la mariée du mariage suivant.

Ils rectifient donc dans l’édition du 7 août et pour faire bonne figure ils se fendent d’un petit article dans l’édition du 17 août sauf que là c’est dans la date du mariage qu’ils se trompent en écrivant 10 août au lieu de 20 août. Et on vérifie bien que c’est le 20 août 1928 qui est un lundi et non le 10. Il semble qu’en cette fin août 1928 il y a un peu de relâchement dans l’équipe de rédaction du Cherbourg Eclair !

A présent feuilletons ensemble ce petit album qui présente la cérémonie dans l’ordre chronologique.

Andrée Viltard (A) au bras de son père Louis Viltard (B) quitte une maison qui est sans doute la leur rue Ernest Renan à Octeville par un beau soleil d’août avec juste ce qu’il faut de vent dans les voiles.

Ils (A et B) n’ont que quelques dizaines de mètres à faire pour rejoindre l’église Saint-Martin d’Octeville.
Nous sommes sans doute ici au moment de l’entrée de la mariée au bras de son père.
Nous découvrons une petite fille d’honneur (C) qui était cachée sur la photo précédente par le voile de la mariée.
C’est maintenant la sortie de la célébration où l’on retrouve de gauche à droite
la petite (C) la mariée (A) et son époux Jacques Marsaud (D)
Les mêmes sur cette photo un peu plus contrastée.
Les garçons et demoiselles d’honneur, peut-être étaient-ils même témoins.
Henriette Cauderlier (E), Monsieur (F), Mademoiselle (G) et André Cauderlier (H)

Monsieur (F) et Mademoiselle (G) sont non identifiés.

Sans doute les parents proches de la mariée, on aurait donc :
Madame (I), Monsieur (J), Madame (K) et Louis Viltard (B)

Madame (I) : Il pourrait s’agir de Ia mère de la mariée, Germaine Viltard née Barbanchon.
Monsieur (J) : Il pourrait s’agir de Léon Aimable Barbanchon très proche des Viltard et dont il partageait la résidence sur la fin de sa vie.
Madame (K) : Non identifiée quoique sa présence sur la première photo après les jeunes gens d’honneur semble indiquer qu’elle serait de la famille proche.

Puis peut-être les parents proches du marié
Madame (L), Madame (M), Madame (N) et Monsieur (O)

Madame (M) serait Pauline Viltard née Fournier, la grand-mère de la mariée.

Madame (N) serait Madame Arthur Cauderlier née Jeanne Marie Barbanchon, la tante de la mariée.

Madame (P), Henri Cauderlier (Q), Madame (R) et Monsieur (S)

Madame (T), Monsieur (U), Marthe Cauderlier née De La Haye (V), Docteur Emile Lepeuple (W) et la petite (C)

Emile Lepeuple était médecin de marine, ami de longue date de Louis Viltard et parrain de Pierre Marsaud.

Madame (X), Monsieur (Y), Madame (Z) et Monsieur (AA)
Mesdemoiselles (AB) et Denise Cauderlier (AC) Madame (AD) et Monsieur(AE)
Madame (AF) et Monsieur (AG), Mesdemoiselles (AB) et Denise Cauderlier (AC), Madame (AD) et Monsieur(AE)

Remarque :

Comme c’était la coutume à l’époque, les invités à la noce sont appairés en cavalier-cavalière. Les couples mariés depuis plus d’un an sont volontiers séparés et de plus ici deux paires sont composées de deux femmes. On note au passage que si tante Denise Cauderlier (16 ans) garde le sourire, cette situation n’a pas l’air de réjouir son binôme.

Questions :

Qui sont donc toutes ces personnes ? Mes hypothèses sont-elles justes ?

Comme un petit air de western

La famille de Georges Boucher et Jeanne née Cauderlier dans la cour de la maison familiale à Bayeux vers 1906.

Au grenier de la maison familiale de Bayeux, dans la pièce où l’on fait depuis des décennies sécher le linge, se trouve une pile de photos très anciennes dans leurs encadrements d’époque.

Tout porte à croire que ces photos ornaient jadis les murs d’une ou plusieurs pièces de la dite maison familiale.

Parmi les plus belles photos figure celle ci-dessus qui nous présente la famille de Georges Boucher et de sa femme Jeanne née Cauderlier vers 1906 dans la cour de cette maison.

Le même angle de la cour aujourd’hui

Comment être sûr que nous sommes dans la cour de la maison de Bayeux ?

C’est à cause de la forme incurvée caractéristique de la pierre du mur cornier de la maison.

Si l’on considère l’apparence actuelle de ce coin de cour on distingue l’inflexion dans le mur réalisée sans doute pour faciliter le passage des chevaux vers l’écurie située derrière.

Inflexion dans le mur en 1906
Inflexion dans le mur aujourd’hui

Comment savoir que nous sommes vers 1906 ? Simplement parce que le plus jeune fils de la fratrie, Léon, né le 10 septembre 1904 et assis sur les genoux de sa maman a visiblement entre 1 et 2 ans.

Les deux fils ainés sont dans le foin sur la charrette, Henri à gauche et son grand frère Georges à droite.

Il nous reste cette mystérieuse jeune fille à gauche qui ne semble pas aussi bien habillée que les autres et semble chaussée de sabots de bois. C’est peut-être la bonne car on sait que la famille Boucher a une bonne à cette époque grâce au recensement de la population fait précisément en 1906. Celle-ci s’appelle Blanche Marguerite Lenormand et elle est née le 8 mai 1891. Elle aurait donc 15 ans sur cette photo. Moi je lui en aurais donné moins. Par acquit de conscience j’ai tout de même été vérifier, et il n’y a pas d’erreur, Blanche Marguerite Lenormand est bien née le 8 mai 1891 à Saint Pierre du Mont, charmant village côtier du Calvados.

Recensement de Bayeux en 1906 – Rue Echo 19 et 21

Même au delà de l’identification de la jeune fille de gauche, cette photo reste assez énigmatique. Qui a fait la prise de vue et à quelle occasion ? Comment expliquer que les parents soient en tenue du dimanche pendant que les enfants se roulent dans le foin ?

Caisse marquée H CAUDERLIER sur la photo de la famille Boucher faite en 1906.

Et pour commencer cette charrette de foin et cette brouette sont assez incongrus au milieu de cette cour qui est celle de l’exercice d’un commerce en gros de sel et d’épicerie. On voit d’ailleurs pas mal de caisses de bouteilles dehors ce qui semble indiquer que le commerce bat son plein ce jour là. Surprise : on ne serait donc pas un dimanche !

En zoomant sur les caisses on lit clairement H CAUDERLIER. C’est que le commerce en 1906 a changé de mains, il est désormais dans celles d’Henri, le fils de Léopold Cauderlier depuis le premier octobre 1897 comme nous l’avons vu.

Georges Boucher père étant typographe, cette tenue avec cravate, gilet, belles chaussures de cuir et montre gousset n’est sans doute pas sa tenue de travail de tous les jours. Il y a donc une occasion, dans la famille Boucher de s’endimancher un jour de semaine en présence d’un photographe. Ce peut être un mariage dans la famille Boucher car à cette époque il était courant que les mariages se célèbrent un jour de semaine.

En arrière plan, porte à double ouverture : un battant en bas et store en haut.

Mais ce foin que fait-il là ? Pour moi c’est une livraison de picotin pour les chevaux.

C’est que des chevaux il y en avait quelques uns qui fréquentaient cette cour. D’ailleurs en regardant bien au dessus de la tête de la jeune fille à gauche on voit une porte qui fait penser à une porte d’écurie avec ses deux niveaux d’ouverture.

Comme on voit que la quantité de foin n’est pas énorme, on se doute que des livraisons de ce type pouvaient se répéter assez souvent et que c’était à chaque fois un plaisir pour les enfants d’aller se percher dans le foin le jour de sa livraison. Mais ce jour là il y avait un photographe qui a fait venir le reste de la famille pour immortaliser la scène.

Photo page 9 de l’album photo attribuée à Marie-Louise Lagouche née Bouthreuil. Carentan le 14 juillet 1909.

On s’interroge tout de même sur qui pouvait bien être ce photographe car il y avait infiniment peu d’amateurs en 1906 ! Et le cliché n’est pas estampillé du nom du photographe comme le font les professionnels.

Cela nous rappelle la faible qualité d’autres clichés non signés de la même époque et qui n’ont pas bien vieillis non plus, car il faut que je le reconnaisse j’ai un peu travaillé le scan de cette photo que je vous livre ci-dessous dans sa version d’origine.

La version d’origine de la photo de la famille de Georges Boucher et Jeanne née Cauderlier à Bayeux vers 1906.

Qui peut bien avoir fait encadrer puis affiché cette photo sur ses murs ?

Moi je parierais bien pour Emelie, la mère de Jeanne dont on connait l’attachement pour ses petits-fils et qui a vécu dans cette maison jusqu’à sa mort en décembre 1927.

Du coup çà donne comme une indication pour essayer de comprendre les autres photos de cette pile. A suivre donc …

La Villa des Martyrs en HD

A l’occasion du 174 ème anniversaire de la naissance de Léopold Cauderlier, je nous offre la photo en HD de sa cabane préférée, la Villa des Martyrs.

Voici, non plus le scan de la carte postale mais celui de la photo argentique accrochée au mur de la maison familiale de Bayeux.

La Villa des Martyrs, Longues sur Mer, 1909

La qualité est évidemment bien meilleure sur cette photo-ci que sur celle présentée dans l’article dédié à ce modeste cabanon.

Pourtant il y a des zones surexposées à droite et plus encore à gauche.

Au départ j’ai cru que c’était le fait d’être resté exposé sur un mur pendant plus d’un siècle qui avait pu jaunir les bords de la photo. Mais à y regarder de plus près ce sont des zones qui ont été supprimées au recadrage pour la réalisation des cartes postales, donc le défaut pré-existait peut-être.

Pour la précision des détails je vous laisse profiter des portraits d’Emélie et Léopold avant, …

Villa des Martyrs Léopold et Emélie Cauderlier

Et après .

Villa des Martyrs Léopold et Emélie Cauderlier en HD

Maintenant au moins on sait que le journal que lisait Léopold était sans grande surprise le “Journal de Bayeux”.

Bon anniversaire grand-grand-papy !

La Villa des Martyrs à Longues-sur-Mer

La Villa des Martyrs Longues-sur-mer
La Villa des Martyrs à Longues-sur-Mer, printemps 1909.

Une photo très populaire

Voici la photo ancienne la plus populaire chez les Cauderlier de Bayeux, les descendants de Léopold Cauderlier et Emélie Halley.

Il peut sembler normal qu’on la trouve agrandie, joliment encadrée et accrochée à Bayeux sur un mur de la maison de famille, qui était celle de Léopold et Emélie, même plus d’un siècle après la prise de vue.

Mais il paraît qu’elle figure aussi sur des murs à Bourges et à Grandcamp-Maisy, ce qui signifie que cette photo fait réellement parti du patrimoine familial partagé.

D’ailleurs en cliquant sur la photo ci-dessus vous pourrez vous aussi disposer d’une bonne définition pour la tirer et l’accrocher chez vous ! Et vous aurez raison de le faire car il faut bien reconnaitre que cette photo est exceptionnelle à plus d’un titre.

Vous me direz qu’avec une go-pro sur un drone la réalisation d’un tel cliché n’est qu’un jeu d’enfant, mais là au printemps 1909 on a peine à imaginer l’ingéniosité qu’il a fallu pour prendre cette photo d’extérieur en bord de falaise.

C’est qu’en 1909, seuls les professionnels font des photos. Lorsqu’ils tirent des portraits de famille, c’est en studio. Ce qui fait que cette image est tout simplement la plus ancienne que nous aillons en extérieur. Et un extérieur pas facile d’accès.

Cette photo est donc forcément une commande faite à un photographe professionnel par Léopold au crépuscule de sa vie. Il a réuni autour de lui sa famille au complet dans un endroit qui lui est cher et qui représente pour lui à la fois le travail et les loisirs.

Et s’il y a une chose dont on est sûr, c’est de la date de ce cliché. En effet à gauche nous avons André Cauderlier bébé qui est né le 25 mai 1908, et à droite Léopold Cauderlier qui décèdera le 26 mai 1909. Comme le bébé, pour tenir assis sur un cheval doit avoir au moins 6 mois et que la photo n’a pas été faite en plein hiver, nous en déduisons qu’elle date du printemps 1909.

Les personnages identifiés

Villa des Martyrs Léopold et Emélie Cauderlier
La Villa des Martyrs, détail 1. De droite à gauche Léopold et Emélie Cauderlier, leur fille Jeanne et peut-être leur belle-fille Marthe née De La Haye.

A droite de la photo sont assis Emélie et Léopold Cauderlier.

La femme assise avec le tablier à carreaux est sans doute leur fille Jeanne Boucher née Cauderlier.

La femme debout à gauche est peut-être Marthe Cauderlier née De La Haye, c’est ce que dit la tradition orale (André Cauderlier) même si elle ne se ressemble pas !

Ce qui est cocasse c’est que pour cette expérience photographique qui demande des poses longues et répétées et qui de surcroît est la première de leur vie, les personnages ont été invités à s’inventer des postures pseudo-actives qui conduisent Léopold à feindre de lire le journal de travers pendant que les femmes tiennent sans conviction entre leurs mains de supposés travaux d’aiguilles tout en regardant ailleurs.

Villa des Martyrs Familles Cauderlier et Boucher
La Villa des Martyrs, détail 2. Familles Cauderlier et Boucher

A gauche de la photo les jeunes hommes de la famille sont au complet.

Assis sur le cheval André Cauderlier père, qui n’a pas encore un an, est maintenu en place par son père Henri Cauderlier.

Devant eux je pense qu’il s’agit de l’aîné des fils Boucher, Georges Boucher fils.

Symétriquement aux Cauderlier, Georges Boucher père maintient en selle son plus jeune fils Léon, cette fois sur une bicyclette.

Le jeune garçon en bas à droite qui joue avec un chien serait Henri Boucher le cadet.

Il est notable que tous ces gens habitent au même endroit rue Echo à Bayeux.

Les personnages qui restent à identifier

La Villa des Martyrs, détail 3. Les personnages à identifier
Henri Cauderlier pratiquant son loisir préféré, la pêche à pied. 1930

Il reste au milieu de la photo trois personnages non identifiés, le cycliste aux beaux cheveux, le pêcheur à la haute taille et la petite brodeuse au tablier blanc, sans compter la femme debout qui est peut-être Marthe.

Le grand pêcheur nous rappelle que le loisir préféré de cette famille à cet endroit est la pêche à pied.

Il n’est pas possible que ces gens soient là par hasard alors que Léopold a commandé la réalisation de cette photo et de son tirage à la Librairie Deslandes de Bayeux. A cette époque ce sont souvent les libraires qui proposent les travaux photographiques et en vendent parfois les tirages sous forme de cartes postales.

Etre présent sur cette photo est une marque de familiarité et d’amitié.

Alors soit ces personnes sont de la famille, soit ce sont des intimes, amis ou employés.

Les personnages non identifiés sont trop jeunes pour être de la génération de Léopold. S’il avait en tête d’afficher la photo chez lui, il est légitime de rechercher des habitants de sa maison y compris des employés.

On peut s’essayer à lister les candidats.

Côté famille c’est simple on a 4 pistes : les cousins Cauderlier, les cousins Halley, les frères et soeurs Boucher et les frères et soeurs De La Haye.

A mon sens les 4 pistes sont possibles :

Chez les cousins Cauderlier le meilleur candidat serait Maurice Gancel dont on sait qu’il habitait chez Emélie en 1911. Il aurait alors environ 18 ans. Mais il y a aussi les cousins dont on ne connait pas de photo comme Arthur Cauderlier.

Chez les Halley, on sait qu’Ernest, un frère d’Emélie a vécu chez eux ; mais comme il aurait 55 ans à l’époque de la photo on doit plutôt chercher un de ses fils ou neveux.

Chez les Boucher, on sait que Georges Boucher est natif de Bayeux et a au moins un frère ainé Louis Joseph également bayeusain. Peut-être est-ce lui l’autre cycliste qui le tient par l’épaule.

Enfin chez les De La Haye nous avons Louis, frère ainé de Marthe qui vit à Bayeux quelques temps et qui est très grand, il faudrait savoir ce qu’il faisait en 1909.

Et puis il y a les intimes, en particulier les employés logés.

Là on a les recensements mais comme il n’y en a pas en 1909 nous devons nous contenter de ceux de 1906 et de 1911 pour nous donner des pistes.

Recensement de Bayeux 1906

En 1906, Emile Yon, Emile Catherine, Amédée Taillepied et Blanche Lenormand sont quatre candidats.

En 1911, ce sont Gustave Jeanne, Léopold Charles Taillepied et Delphine Lemarchand qui complètent la liste.

L’histoire de cette maison

Dans le dernier quart du 19ème siècle, alors que les Parisiens fortunés se font construire de splendides villas en style anglo-normand tout au long de la côte, Léopold décide de construire une “cabane” en dur sur la falaise de Longues-sur-Mer à un endroit où la vue est splendide, le décor sauvage et la mer riche en crustacés.

Le seul problème c’est que l’endroit à cette époque n’est pas accessible par des voies carrossables. On voit bien sur le plan cadastral que le chemin initial s’arrête en haut de la falaise.

Extrait du cadastre napoléonien de Longues. Archives départementales du Calvados

On raconte qu’il faut alors passer un fossé et un talus que pas même une brouette ne peut franchir. Tous les matériaux, poutres, pierres, tuiles et mortier seront donc acheminés à dos d’homme. C’est pourquoi à la fin du chantier Léopold baptise sa cabane la Villa des Martyrs.

Extrait de l’indicateur de Bayeux du 2 mai 1905.

On raconte qu’il fait une fête à l’achèvement des travaux avec ses compagnons charpentiers qui comptent de costauds gaillards (Léopold dirige alors une scierie rue St-Exupère à Bayeux). Après avoir bu plus que de raison l’un d’eux qui pesait un bon quintal n’était plus en capacité de regagner le haut de la falaise. Léopold chargea donc l’imprudent sur son dos comme il avait coutume de le faire avec les sacs de sel pour le remonter en haut de la falaise, une performance physique qui est restée légendaire.

Même les jours ordinaires il y avait de quoi se désaltérer dans la Villa des Martyrs, comme dans les autres “cabines de baigneurs” des falaises de Longues. C’est ce que nous apprenons au détour d’une série de cambriolages survenue dans la nuit du 28 au 29 avril 1905.

Connaitre plus précisément la genèse de cette maison est rendu assez compliqué par le fait que le terrain des falaises appartenait (et appartient sans doute toujours) à la commune de Longues-sur-Mer.

La construction a bien dû faire l’objet d’un permis puis des taxes et des loyers ont été payés à la ville de Longues, mais je n’ai pas trouvé Léopold dans les tables cadastrales de Longues-sur-Mer. Cela peut être dû au fait qu’il n’était pas propriétaire du terrain.

Sans le cadastre il devient difficile de repérer l’emplacement précis de la maison, d’autant plus qu’elle a été consciencieusement démolie par les forces militaires allemandes qui voulaient effacer tout point de repère visible du ciel lorsqu’eux aussi découvrant cette jolie vue dégagée sur la mer décidèrent d’y construire quelques bâtiments qu’on appelle les batteries de Longues.

Mais avant la destruction nous avons encore sur le plan cadastral des bâtiments numérotés 103, 104, 105, 106 et 107 construits à flanc de falaise.

Extrait du cadastre de 1940 de Longues. Archives départementales du Calvados.

On remarque tout de même que la maison est construite sur un replat à mi-hauteur dans la falaise.

Il existe encore aujourd’hui de tels replats dans la falaise de Longues, même si d’autres ont pu s’écrouler sous l’effet des vagues qui poursuivent sans relâche le travail de pilonnage initié dans cette zone lors du débarquement.

La falaise de Longues vue depuis la mer. Google earth.

L’emplacement est peut-être là ou peut-être a-t-il totalement disparu.

Vente de la maison

Les familles Cauderlier, Lagouche et Gancel à Ver-sur-Mer, Août 1925.

Mais avant d’être démolie la maison avait été vendue par les héritiers de Léopold au cours de la licitation de ses biens.

La famille d’Henri avait, semble-t-il, délaissé cette maison au profit d’une cabine de bain en bois cette fois construite en bord de mer à Ver-sur-Mer.

De leur côté les enfants Boucher avait pris attache à Grandcamp.

Et puis peut-être les falaises de Longues étaient-elles devenues trop dangereuses pour les enfants.

La maison est donc mise en vente aux enchères publiques.

Extrait de l’Indicateur de Bayeux du 5 janvier 1923.

L’annonce parait dans la presse locale le 5 janvier 1923. La maison y est mise à prix 50 francs, une misère, de l’ordre de 750 euros d’aujourd’hui.

Elle est vendue le 20 janvier 1923 pour 450 francs à Monsieur César Dubreuil, agriculteur à Monceaux.

On peut se dire que vendue 9 fois sa mise à prix, il y a eu pluralité d’enchérisseurs.

Extrait du document “Partage des successions de Monsieur et Madame Cauderlier-Halley”.
Archives départementales du Calvados.

Il ne sera pas dit qu’Henri Cauderlier, qui a racheté la plupart des autres lots de cette vente, aura laissé partir la Villa de coeur de son père sans enchérir.

Puis la municipalité de Longues vient réclamer 60 francs de loyer à Mme Emélie Cauderlier pour l’année 1923, la maison n’ayant été vendue que le 20 janvier et le loyer étant dû pour l’année entière au locataire du 1er janvier.

Courrier de la mairie de Longues du 21 décembre 1924 à Madame Emélie Cauderlier.
Archives départementales du Calvados
Quittance du dernier loyer pour la “location de falaise” à la commune de Longues le 30 décembre 1924.
Archives départementales du Calvados

Après une année entière de vaines tentatives de négociation la réponse de la mairie le 24 décembre 1924 est sans appel : il faut payer, joyeux noël !

Henri paye donc le 30 décembre 1924 pour sa mère la somme de 60 francs à la maire de Longues auquel s’ajoute le timbre de 25 centimes.

Ce loyer peut sembler fort cher comparativement à la valeur du bien.

Mémo notarial où l’on retrouve la somme payée au titre de dernier loyer pour le terrain de la falaise de Longues.
Archives départementales du Calvados

L’année suivante en avril 1925 on retrouve en dernière ligne du mémo adressé au notaire la somme de 60,25 francs dans la liste des frais supportés par Henri pour le compte de sa mère .

Finalement le montant du loyer, les cambriolages et la dangerosité de la falaise auront eu raison de l’attachement familial à cette petite maison et il n’y a rien à regretter lorsqu’on sait qu’elle sera détruite par l’Occupant une quinzaine d’années après sa vente.

Conclusion

Quelques jours avant sa mort Léopold nous laisse cette photo devenue iconique comme le témoignage d’une partie de sa vie qui a totalement disparue.

Il nous reste par ailleurs pas mal de souvenirs de Léopold, y compris dans des bâtiments où il a oeuvré mais de cette photo plus rien ne subsiste, ni les lieux, ni les gens, ni ce qu’ils pensent ni ce qu’ils font.

Pour nous cette photo c’est Le Passé, ce qui explique peut-être l’attachement que nous portons à ce cliché.

La communion d’André et Henriette Cauderlier à Bayeux le 30 mai 1920

Photo de groupe, communion d’Henriette et André Cauderlier, Bayeux 1920
Photo attribuée à Charles Lagouche

Voila bien l’une des plus jolies photos de famille qui nous soient parvenues.

Nous sommes à Bayeux, rue aux Coqs, dans la cour devant le porche.

C’est la communion “commune” d’Henriette Cauderlier et de son grand frère André. Elle porte une tenue de communiante et il a lui aussi un brassard de communiant. Au début du siècle les filles faisaient leur communion un an plus tôt que les garçons, et tous deux n’ont qu’un an d’écart.

Communion d’Henriette et André Cauderlier, Bayeux 1920
Photo attribuée à Charles Lagouche

Nous sommes le 30 mai 1920 (source interview de André Cauderlier sénior).

Ceux qui connaissent les lieux remarqueront qu’à gauche le “petit bureau” n’existe pas encore, c’est une remise.

A cette époque les photos de groupes en extérieur ne sont pas encore très courantes. Comme 3 des 4 enfants Lagouche sont sur la photo et que le quatrième Charles, qui est photographe, n’y est pas, on peut imaginer que c’est Charles qui prend la photo comme il le fait souvent dans ces années là car de plus il n’y a pas sur ces photos le cachet de Leprunier, le photographe de famille à Bayeux à cette époque.

Par chance, j’ai demandé à Tante Denise, au début des années 1990, de m’aider à identifier les personnes présentes sur cette photo.

Nous connaissons donc le nom de toutes les personnes présentes ici par ce croquis écrit à deux mains, la mienne et celle de Tante Denise :

Identification des personnes de la photo de groupe ci-dessus faite par Denise Cauderlier c.1990

Et cette photo nous interroge, elle nous questionne tant sur les présents que sur les absents.

Emélie Cauderlier née Halley et l’ainé de ses petits enfants, Georges Boucher, c.1900

Les absents d’abord, et en premier lieu la grand-mère paternelle des communiants, Emélie Cauderlier née Halley. Elle habite ici, dans cette maison où elle décèdera en 1927, soit plus de 7 ans après cette photo. Alors soit elle est fâchée soit elle n’aime pas les photos…

Je penche pour cette seconde hypothèse car elle n’est pas présente, non plus, lors de la communion d’un autre de ses autre petits-fils, Léon Boucher quelques années auparavant. En fait on a juste aucune photo d’elle à cette époque !

Les dernières photos que nous connaissons d’elle datent des années 1900 avant la mort de son mari Léopold, comme celle-ci où son petit-fils ainé Georges Boucher, né le 1er février 1897, a environ 3 ans.

La communion de Léon Boucher Bx c.1915

Dans un premier temps j’avais cru la reconnaitre dans la personne à gauche de la photo. Mais Tante Denise nous dit qu’il s’agit de Madame Guizot, leur première professeure de dentelle de Bayeux.

On note que cette même dame en noir (vêtue de dentelles authentiques sans doute) est également présente sur la photo de la communion de Raymond De La Haye que l’on n’imagine pas faire de la dentelle à cette époque très genrée !

La communion de Raymond De La Haye c.1921

Pour moi l’explication viendrait plutôt d’une plus grande proximité amicale avec les enseignantes normandes après le mariage tout récent (en 1919) de Francis De La Haye avec Jeanne née Mattray qui était alors institutrice dans la petite école du sacré-coeur de Bayeux.

On trouve en effet, non seulement cette Madame Guizot mais également les cousines Lagouche dont on sait qu’elles participaient aux enseignements de l’Institution Notre Dame de Carentan où notre communiante Henriette est probablement déjà -ou va prochainement- arriver en pension.

Enfin lors de l’autre communion, celle de Raymond De La Haye, est aussi présente la directrice de la petite école, Mademoiselle Levallois, qui restera une amie de la famille et que l’on retrouvera longtemps et sur de nombreuses photos.

Mise en vente aux enchères publiques en 1923 d’une partie des biens immobiliers de la succession de Léopold Cauderlier

Autres absents, la famille Boucher. Si Marthe, la maman des communiants a obtenu la présence des deux tiers de ses frères et soeurs (Francis et Cécile), et que seul Louis, qui habite le Cambraisis dans le Nord, fait défaut, Henri, lui, n’a pas obtenu sur cette photo la présence de sa soeur Jeanne, de son beau-frère Georges Boucher et de leurs trois fils qui pourtant habitent là, juste là à l’arrière-plan de la photo.

On peut penser qu’il y a un petit différent entre eux, une question d’héritage par exemple, qui ferait qu’on n’aura de moins en moins de photos de la famille Boucher à partir des années 20. On sait que les biens immobiliers de la succession de Léopold seront vendus aux enchères, cela peut indiquer qu’une entente sur les prix n’a pas été possible à l’amiable entre les héritiers.

Mais on peut aussi penser que les communions étant des évènements communs à toute une classe d’âge de la paroisse, et Georges Boucher étant de Bayeux et ayant au moins un frère, la famille Boucher est tout simplement invitée dans une autre communion, celle d’un neveu ou d’une nièce du côté de Monsieur par exemple. Surtout qu’on a encore des cartes postales échangées entre les deux familles en 1921 et 1922.

C’est donc probablement après, vers 1922, que s’installe une forme de distanciation entre les familles Boucher et Cauderlier.

Si la soeur d’Henri Cauderlier n’est pas présente, ses cousins Gancel, Lagouche et les Cauderlier de Dinard, sont en revanche multi-représentés.

Pour les Lagouche on a vu le rapprochement via le pensionnat de Carentan/Auvers.

Pour les Gancel on peut aussi expliquer le rapprochement car on sait que Maurice Gancel a vécu à Bayeux rue aux Coqs chez Henri Cauderlier, le cousin de son père Henri Gancel -présent sur la photo- vu qu’il y était domicilié lors du recensement de 1911.

Recensement de Bayeux en 1911, Archives départementales du Calvados

En 1911, Maurice Gancel ne travaille pas pour Henri Cauderlier, il est mécanicien pour l’entreprise “Minger” d’après ce document.

Enfin il y a Roger Cauderlier et Germaine Cauderlier qui sont venus de Dinard et c’est une chance pour nous car nous n’avons pas trop de photos d’eux.

Je vous entends qui vous dites : mais c’est qui ces Cauderlier là ?

C’est normal je ne vous en ai pas encore parlé. Ce sont 2 des 6 enfants qu’Arthur Cauderlier le fils d’Augustin de génération 1 a eu de sa femme et néanmoins cousine Jeanne Barbanchon la fille de Stéphanie Cauderlier également de génération 1.

Semblant de rien le fait que 2 des enfants d’Arthur Cauderlier soient à cette communion en 1919 signifie que les familles ne sont pas fâchées, et ça me renforce dans l’idée que la faillite de Léopold pourrait être venue d’un autre Arthur.

Alors voyez-vous, non seulement cette photo est splendide, mais en plus c’est une mine de renseignements !

Attention Fragile !

C’est encore dans un album photo de Bayeux que j’ai trouvé ce cliché inattendu.

1913 – Adalbert François – Maison Cauderlier
1913 – Adalbert François -Détail

Alors que l’album présente des photos en couleurs des années 50, au milieu, il y en a une, datée de 1913, qui est intitulée “Adalbert François – Maison Cauderlier”.

Petrificus totalus ! A l’évidence la scène a totalement pétrifié sur place deux jeunes Normandes revenant de l’école. C’est que le photographe sur le trottoir d’en face devait être assez cocasse avec son trépied et sa cape d’invisibilité.

Pendant ce temps notre ami essaie de sourire derrière sa moustache avec pas mal de kilos d’une marchandise fragile suspendue à son biceps droit tout en essayant d’imaginer la signification du mot “instantané”.

Parce que c’est parfois fragile les marchandises de la maison Cauderlier.

Henri Cauderlier – Rue aux Coqs -Bayeux

Pas tant les sacs de 50kg de sel qui font depuis toujours la réputation de l’établissement, mais les produits qui progressivement diversifient l’offre de notre établissement à destination des épiceries du Bessin.

Voyez plutôt cette facture de 1927 : Mademoiselle Fossey a bien pris un sac de sel à 56.50 francs, mais le total sur six mois fait 13 fois plus !

Facture Henri Cauderlier 1927 – Archives Départementales du Calvados
Fiche Matricule – Archives départementales du Calvados

Bien sûr, il y a toujours eu des commis pour assurer les livraisons, alors on peut se demander pourquoi seul Adalbert François a eu l’honneur de figurer dans l’album de famille.

Pour moi il faut regarder la date.

En 1913, Adalbert François a visiblement acquis une certaine aisance dans son emploi et la guerre qui va suivre va envoyer au front son patron pour presque 5 ans.

Il est possible qu’il soit devenu l’homme providentiel, car lui, il a été exempté en 1900 pour bronchite chronique puis de nouveau en décembre 1914 pour faiblesse relative. C’est fragile aussi les jeunes gens !

Le dossier militaire de Paul Adalbert François nous apprend aussi qu’il habite au 18 de la rue du marché à Bayeux.

Effectivement on le trouve bien à cette adresse sur le recensement de Bayeux en 1921 où il est employé de commerce mais plus pour la maison Cauderlier, non, …

Recensement Bayeux 1921 – Archives départementales du Calvados

…, mais pour l’entreprise Morlent, autrement dit la fabrique de porcelaine de Bayeux.

Attention, la porcelaine… c’est fragile aussi…

Un jour à la campagne à Gaël en 1954

Gaël 1954

C’est dans les album photos de Tante Denise à Bayeux qu’on retrouve 4 photos d’une belle journée passée en 1954 à Gaël.

Jules Le Barbey, sa femme Henriette, leur fils Jean, sa belle soeur Denise et sa belle-mère Marthe sont venus voir la famille de Jules à Gaël.

Gaël 1954

En constatant que sur chacune des photos il manque soit tante Denise soit Jules on en déduit qu’ils sont 2 photographes à se partager le même appareil photo, sans doute celui de Tante Denise, puisque c’est dans son album qu’on retrouve ces photos.

Gaël 1954

Sont-ils venus en voiture ? sans doute.

Ont-il fait une escale lors d’un circuit plus vaste ou sont-ils venus exprès ?

Pourquoi Nizou n’est-elle pas là ?

Comment s’est déroulé cette journée ?

Devant la maison à Gaël en 1954

Ces gens là se connaissent-ils bien ? se voient-ils souvent ?

Et surtout et avant tout qui sont les autres personnes que nous avons là ?

Il y a cette dame juste devant Marthe.

Avec son tablier on dirait bien qu’elle est chez elle.

Et puis il y a ce monsieur en sabots qui a l’air d’être chez lui, lui aussi.

Et aussi les trois autres qui forment comme une petite famille.

J’ai bien une idée mais il faudrait être sûr…

A compléter, …

L’album photo de Marie-Louise Bouthreuil

Je vous ai déjà parlé de ce petit album photo qui me faisait rêver lorsque j’étais enfant.

Une Bouteille à la mer !

L’objectif de cet article est de partager avec vous la totalité de son contenu pour avancer dans l’identification des personnes photographiées.

Il contient 14 photos qui sont toutes très anciennes, de la seconde moitié du 19ème siècle.

A ce stade seules 4 personnes sont identifiées avec certitude, il s’agit de Hortense Cauderlier et son mari Paul Bouthreuil en page 1 et des deux plus jeunes de leurs 3 enfants, Edouard(père) Bouthreuil à gauche et Suzanne Bouthreuil à droite de la page 3.

Photo de Marie-Louise Bouthreuil, la grande soeur de Suzanne et Edouard à la même époque vers 1880 qui n’est pas dans cet album.

Ce petit album a été retrouvé au milieu d’objets ayant appartenu à la seule personne de cette famille dont il manque la photo, la grande soeur Marie-Louise Bouthreuil, mon arrière-grand-mère qui épousera Charles Lagouche.

Pourtant on connait une photo d’elle de la même époque.

Aussi on peut raisonnablement penser que cet album lui appartenait, qu’elle l’a confectionné avec les photos de ses proches probablement quelque temps avant son mariage en 1888.

Pour donner toute l’information on présentera les photos recto et verso dans l’ordre où elles apparaissent dans l’album.

Page 1 Paul Bouthreuil et Hortense Cauderlier

Marie-Louise commence cet album par cette splendide photo de ses parents.

Voir l’article sur cette photo.

Pour essayer de comprendre la situation je crois qu’il faut voir qu’Hortense et Paul sont tous deux issus de fratries nombreuses de respectivement 13 et 11 enfants mais alors qu’Hortense est troisième dans sa fratrie et se mariera la première puis donnera leurs premiers petits enfants à ses parents, Paul lui est le petit dernier de sa fratrie.

D’ailleurs à leur mariage le 6 mai 1862, Paul est déjà orphelin de son père Edouard Edmond Bouthreuil depuis plus de 5 ans, alors que les parents d’Hortense, nos héros Henri et Stéphanie, n’ont que 47 ans.

Autre information importante pour cette analyse, les dates d’exercice de leur profession par les différents photographes.

Mes sources principales sont :
https://www.wikimanche.fr/Liste_des_photographes_de_la_Manche
http://www.portraitsepia.fr/
https://haut-de-forme-et-crinoline.org/photographes/

Il semble que :

– Grumeau a exercé à Cherbourg et à Carentan de 1868 à 1878.
– Gallot a exercé son art à Cherbourg sous son nom de 1862 à 1870.
– Rideau exerce dès 1860 et jusqu’à la fin du siècle
– Jules Desrez, le beau-frère d’Hortense, est photographe de 1873 à 1909
– Eugène Bernier, exerce boulevard de Bonne Nouvelle du printemps 1876 à juin 1880
– Hélios, c’est le nom sous lequel exercent en collaboration 2 photographes Berne Bellecour et Berthaud de 1867 à 1870.
– les photos signées “Charles photographie artistique Paris bd bonne nouvelle et bd Beaumarchais” sont également le fait de Charles Auguste Gallot, lorsqu’il est actif à Paris de 1876 à 1898.

Page 2 à gauche

Cette seconde photo de l’album interroge:
Est-une mère et son fils ou une grand-mère et son petit fils ?

On rêverait que ce soit le petit Paul à 2 ou 3 ans et sa maman ou sa grand-mère mais Paul est né en 1836 et en 1840 on ne faisait pas de telles photos.

Cette photo date plutôt des années 1860, 70 ou même 80. Il faut chercher plus tard.

Chez les Cauderlier on a un candidat, Edmond Arthur Cordelier, le petit dernier. Il naît alors que sa mère a 45 ans le 18 avril 1859 à Carentan. Sur cette photo, Marie-Louise nous présenterait donc sa grand-mère Stéphanie à l’age de 47 ou 48 ans avec son plus jeune fils, la photo serait faite vers 1862 ou 1863. C’est possible mais la photo me semble plus récente.

Chez les Bouthreuil en génération 2 on ne connait que deux garçons, deux Edouard.

Edouard Bouthreuil (père), le fils de Paul et Hortense né en 1867. Si c’est lui ici, on serait vers 1869 et sa grand-mère Eléonore née Beaumont aurait 72 ans sur la photo. Pourquoi pas, mais je trouve qu’elle a l’air plus jeune. A moins qu’il ne s’agisse de sa mère, Hortense, elle n’aurait alors que 30 ans mais pour le coup cette fois je trouve que la personne photographiée a l’air plus agée.

Autre hypothèse l’enfant s’appelle toujours Edouard mais son nom de famille est Robiquet. C’est le fils de Suzanne Bouthreuil et il est né le 18 octobre 1863 à Brillevast non loin de Cherbourg. Si c’est lui, on serait vers 1865 et sa grand-mère Eléonore n’aurait que 68 ans.

D’où la question ce petit il ressemble plus au jeune homme de la photo page 3 à gauche ci-dessous ou au bébé en page 6 à droite.

Dans tous les cas on a privilégié l’hypothèse que la dame soit une grand-mère. C’est juste que cet album semble avoir une certaine logique de construction: les parents, puis cette page, puis les frères et soeurs puis les oncles et tantes.

Page 2 à droite

Du coup on s’attend à ce que la photo d’en face dans l’album soit celle d’un grand-père.

Ce serait donc soit Edouard Edmond Bouthreuil qui est décédé le 2 décembre 1856 à une époque où le photographe Rideau n’exerçait pas. Mais en regardant cette photo (qui me faisait un peu peur étant enfant), je me demande s’il ne s’agit pas d’une photo d’un tableau d’une personne plutôt que de la personne elle-même. La photo serait faite pour être reproduite en nombre et distribuée.

Ou ce serait Henri Cauderlier, notre héros. En 1860 il a 45 ans. Celà n’est pas très convainquant.

A l’arrivée ces 2 photos gardent leur mystère (pour le moment).

Page 3 à gauche Edouard Bouthreuil (père)

Si Eugène Bernier n’est actif comme photographe que jusqu’en 1880, alors le jeune Edouard a au plus 13 ans sur ce cliché. Ce qui est bien possible. Etait-il dans un collège militaire pour avoir un tel costume ?

Page 3 à droite Suzanne Bouthreuil

Page 4 à gauche

Les deux photos de la page 4 sont clairement celles d’un couple.

D’après nos information sur les photos signées Helios, elles auraient été faites entre 1867 et 1870.

A cette date elles sont probablement celles d’un oncle et d’une tante de la propriétaire de cet album, Marie-Louise Bouthreuil.

Page 4 à droite

Côté maternel c’est à dire Cauderlier, les personnages de ces photos ne ressemblent pas à ceux des photos connues de la fratrie de génération 1.

La seule possibilité serait celle du couple dont nous ne connaissons pas de photos, Stéphanie Corderlier et Jules Auguste Barbanchon, né en 1849 et 1851 et mariés en 1876.

Mais ils sont trop jeunes pour ces photos faites plus de 6 ans avant leur mariage, et alors qu’ils n’auraient pas plus de 20 ans.

Côté paternel c’est à dire Bouthreuil, les couples de cette génération sont plus agés. Nous n’avons que 2 couples dont l’un (le couple Suzanne et Louis Robiquet) a une différence d’age de 24 ans ce qui ne semble pas être le cas ici.

Il ne nous reste donc comme candidats que le couple Estelle Julie Bouthreuil et Alfred Charles Duval, nés en 1832 et 1833, et qui se sont marié en 1863.

Ils auraient sur ces photos entre 34 et 48 ans, ce qui parait plausible.

Page 5 à gauche

On constate tout d’abord que les 2 photos de la page 5 sont celles d’un couple faites le même jour. Le photographe est le même et le décor aussi.

Page 5 à droite

Mais cette fois on reconnais cette dame, c’est Eugénie Cordelier, du coup on identifie que le monsieur sur la photo précédente est celle de Jules Victor Le Barbey.

Page 6 à gauche

En voilà un beau jeune homme romantique comme seul le 19ème siècle savait en faire …

Cette photo est clairement très ancienne du tout début des années 1860.

Pour moi il s’agit de Paul Bouthreuil avant qu’il n’adopte la moustache et une coiffure plus sage.

Un des éléments qui me font penser çà, ce sont ses mains qui sur ce cliché comme sur la première photo sont fortes et longues.

Page 6 à droite

Le photographe Gallot a exercé son art à Cherbourg de 1862 à 1870.

Le monsieur de cette photo semble donc être né au début du 19ème siècle.

On pense au couple Suzanne Albertine Bouthreuil et Louis Robiquet.

Sur la photo, lui n’a pas l’air commode. Louis est percepteur.

Elle aurait 24 ans de moins que lui, ils habitent à Brillevast non loin de Cherbourg et leur petit Edouard Louis est né le 18 octobre 1863.

S’il a un peu plus d’un an nous sommes début 1865, Suzanne a 40 ans et Louis 64.

Pour moi çà tient la route.

Une alternative charmante serait qu’il s’agisse des grands-parents de Marie-Louise, nos héros Henri et Stéphanie Cauderlier venus voir son petit frère Edouard Bouthreuil lorsqu’il avait 1 an donc en 1868 à Sainte-Croix-Hague à deux pas de Cherbourg.

Henri et Stéphanie auraient alors environ 53 ans. C’est ce qui me parait douteux sur la photo.

Page 7


La casquette du monsieur, avec son ruban circulaire et la marque de la ligne médiane ressemble beaucoup à celle de la garde mobile nationale qui n’a existé qu’entre 1868 et 1871.

Ce là semble cohérent avec le fait que le photographe Grumeau a exercé à Cherbourg et à Carentan de 1868 à 1878.

Page 8

Je trouve que cette dame ressemble beaucoup à celle de la photo de la page 6 à droite.

Page 9

Cette mauvaise photo est d’une technique différente, elle n’a pas d’inscription au verso.

Nous avons par ailleurs une autre photo plus ou moins semblable, c’est à dire de mauvaise qualité et représentant ce genre de scène où il est écrit au verso “1909 souvenir de la revue du 14 juillet à Carentan”.

Naissance surprise, rue Echo à Bayeux

Si reconnaitre un adulte sur une vieille photo est déjà une gageure, identifier un bébé est mission impossible.

Ce qui fait que jusque là j’avais plutôt délaissé cette photo de l’album.

Mais voilà qu’en voulant détacher une photo de l’autre côté de l’album pour illustrer un futur article sur les photos des demoiselles Cauderlier, j’ai détaché aussi cette photo-ci.

Berthe Marie Le Gallier, Caen 1881

Pas de chance, ou plutôt si !

Parce qu’au verso, quoi donc ? Une inscription mystérieuse, énigmatique et fascinante …

Mais de qui s’agit-il donc !?.. Le mystère est épais et l’enquête s’annonce rude.

OK la photo n’est pas terrible, mais faut-il rappeler que l’artiste s’appelle Baudelaire, que de peintre il est devenu photographe, vu que personne ne lui a encore jamais parlé de tenter la poésie…

En fait, avec toute les infos écrites au verso, date et lieu de naissance, c’est trop facile de retrouver parmi les 162 naissances de Bayeux en 1881 notre petite Berthe née en mars chez Léopold Cauderlier.

Sur son acte de naissance, on apprend que la maman de la petite Berthe est Adeline Le Gallier née Halley, c’est-à-dire la soeur d’Emelie Halley, la femme de Léopold Cauderlier.

Acte de Naissance de Berthe Marie Le Gallier
30 mars 1881 Rue aux Coqs à Bayeux
chez Léopold et Emelie Cauderlier

On remarque au passage qu’Adeline appelle sa soeur Amélie et non Emélie comme l’état civil.

On voit aussi que Léopold est venu signer l’acte de naissance de sa nièce par alliance.

Du coup on imagine bien la fierté des parents qui habitent à Caen d’envoyer une petite photo de leur enfant âgée de quelques mois à Léopold et Amélie.

Finalement cette petite photo, par l’acte très complet qu’elle nous fait découvrir, nous en apprend pas mal sur la fratrie d’Emélie Halley.

Jusque là nous ne connaissions que la liste des 6 membres de cette fratrie appelés à la succession de leur mère en 1884.

J’ai trouvé ce document aux archives notariales de Caen.

Et on y retrouve bien en 4ème position Adeline épouse Richard Le Gallier, les parents de la petite Berthe.

Fratrie venant à la succession Halley.
Archives départementales du Calvados