Francis et Jeanne De La Haye

Maryvonne De La Haye Interview n°2 – Partie 2 Francis et Jeanne De La Haye

C’est en compulsant les recensements de Bayeux que j’ai découvert que l’oncle Francis de La Haye vivait en 1921 au 27 rue Saint-Jean à Bayeux. La famille compte aussi ses deux enfants Roger et Raymond, fils de la tante Maria de La Haye née Raux, et une autre femme de La Haye s’appelant Jeanne et née à Paris.

Recensement de Bayeux en 1921 Archives Départementales du Calvados

Maryvonne, qui a bien connue sa grand-mère, m’en dit plus sur leurs vies en complétant l’interview n°1.

Francis se remarie donc avec Jeanne à son retour de la guerre de 1914-1918. Tante Maria étant décédée en 1916.

Jeanne née Mattray est venue au monde à Paris, mais sa famille et ses parents habitait le Molay (avant la fusion avec Littry).

Au moment de son mariage elle est institutrice dans une petite école “un peu plus haut en allant sur Saint-Exupère”. Je pense qu’il peut s’agir de l’Ecole du Sacré Coeur au 155-157 Rue Saint-Jean.

Au départ Jeanne aide Francis qui tient une quincaillerie également rue Saint-Jean. Francis fait aussi des travaux de fumisterie. Mais son petit talent, dont personne ne m’avait parlé jusqu’ici et qui n’est documenté nulle part, c’est qu’il est aussi sourcier.

Bon je sais pour Sylvain Guichard le dessinateur de Heula, trouver de l’eau en Normandie c’est pas sorcier…

J’ai retrouvé leur acte de mariage à Bayeux le 28 avril 1919.

Le beau-frère de Francis (alias François pour l’Etat-Civil), notre arrière grand-père Henri, est témoin au mariage. Je sais depuis la lecture des cartes postales de Bayeux qu’ils étaient très proches pendant la guerre, après aussi visiblement.

Mais Francis a été gazé pendant les combats et décède à Bayeux le 24 juillet 1923, à peine 4 ans après ce second mariage.

Jeanne semble avoir pris goût au commerce mais pas à la quincaillerie. Vendre des clous et des vis, c’est pas son truc. Le fils ainé Roger de La Haye, qui est maintenant en âge d’avoir un avis, ne s’intéresse pas non plus à la quincaillerie mais à la mécanique. Alors la quincaillerie est vendue et Jeanne s’établit en librairie-papeterie toujours dans la rue Saint-Jean à Bayeux, mais de l’autre côté de la rue à proximité d’un marchand de vin nommé Pillon.

Ce commerce va fonctionner longtemps, de l’ordre d’une trentaine d’années entre 1923 et 1953.

Mais Tante Jeanne ne peut plus moderniser le commerce comme il le faudrait et de nouveaux commerces, Les Galeries, lui font une concurrence de plus en plus sensible.

A la mort de Roger un tuteur est nommé pour Maryvonne qui n’a que 11 ans. Cependant, dit-elle, le tuteur ne fait rien pour la boutique.

Et finalement lorsque Tante Jeanne prend sa retraite, le commerce ne vaut plus grand chose.

Et elle se retire à Linverville comme déjà vu dans l’interview n°1.

En recherchant d’anciennes librairies papeteries Rue Saint-Jean à Bayeux, j’ai trouvé cette photo des archives militaires britanniques. Est-ce la papeterie de la tante Jeanne ? Je crois reconnaître à l’arrière la façade de la halle aux poissons. J’ignore si c’est la même papeterie, mais sinon elle doit lui ressembler, avec ses petites bouteilles d’encre de Chine en vitrine.

André Cauderlier (1908-2003) et André Cauderlier (1909-2003)

Maryvonne De La Haye Interview n°2 – Partie 1 Les André Cauderlier

André Cauderlier (1908-2003) et Simone circa 1990

Un jour où mon grand-père André Cauderlier (1908-2003) visitait ses cousines Maryvonne et la maman de celle-ci, cousine Madeleine de La Haye à Caen, ils sont passés devant l’immeuble où habitait un autre André Cauderlier (1909-2003), rue du Havre à Caen. C’était l’un des 4 petits cousins Cauderlier de Carentan, les fils de Jules Cauderlier et de Marie Yvelande. Celui en question, André Cauderlier, était devenu architecte de la ville de Caen.

Pour un architecte, la Reconstruction de Caen, c’était un truc de ouf. Et architecte de la ville à cette époque là c’est comme architecte de Notre-Dame de Paris aujourd’hui, le projet de ta life.

Jules Cauderlier, Marie née Yvelande et les 4 petits Cauderlier de Carentan circa 1917. André est le 2ème en age. Je pense qu’il est à gauche juste en dessous de sa maman.

Alors qu’ils jouaient ensemble quand ils étaient petits, André, mon grand-père, sait au moment où il arrive devant cet immeuble flambant neuf de la Reconstruction qu’il n’est pas attendu. Il a sans doute trouvé l’adresse sur l’annuaire du téléphone. Il décide finalement de ne pas sonner à la porte, ce qui a marqué et peut-être même peiné Maryvonne.

Ce qu’il y a c’est que, d’après tante Denise, après que les 4 petits cousins orphelins (dont André l’architecte) eurent eu pour tuteur notre arrière grand-père Henri Cauderlier, et donc furent accueillis à Bayeux pour toutes les vacances, une vieille brouille familiale est réapparue au moment du mariage de mes grands-parents, les Lagouche-Bouthreuil de Carentan ayant un différend avec les Cauderlier de Carentan (peut-être une histoire de concurrence entre restaurateurs ou une histoire d’héritage peu importe) .

Mariage André Cauderlier Suzanne Lagouche 1930

C’est ballot parce que pour danser au mariage on avait plus de filles que de garçons. Du coup on a embauché quelques danseurs professionnels.

Et çà, ça a bien énervé tante Denise qui aimait bien ses cousins.

Tout çà pour dire que si grand-grand-père André Cauderlier n’a pas sonné à la porte de son petit-cousin André Cauderlier c’est peut-être qu’il ne savait pas trop comment il allait être reçu.

Bien des années plus tard, en octobre 1994, Arlette et moi avons osé sonner Rue du Havre à Caen chez André Cauderlier l’architecte. Mais il faut dire que nous étions attendus.

En effet à l’occasion d’une réunion de plusieurs chorales de Normandie quelqu’un a fait l’appel pour voir si tout le monde était là.

– Madame Cauderlier ?

– C’est moi ! dit Arlette Cauderlier belle petite-fille de André (1908-2003)

– Non c’est moi ! dit Annick Alberteau née Cauderlier fille de Pierre Cauderlier (né en 1913), frère cadet d’André Cauderlier l’architecte (1909-2003).

Et voilà comment on se découvre une cousine qui nous propose de rencontrer son oncle André Cauderlier, ancien architecte de la ville de Caen, et son épouse Simone.

André Cauderlier (1909-2003) Architecte de la Ville de Caen, en octobre 1994 devant l’armoire miraculée des bombardements.

On se souviendra longtemps de ce moment où ils nous ont raconté les bombardements de la ville, les cachettes dans les talus aux alentours, le retour dans les décombres et la récupération d’une armoire miraculeusement préservée au fond d’une cave qui trônait à présent dans le salon. On se souvient aussi des mots de ce fils pour sa mère Marie Yvelande tellement affectée par les deux Guerres mondiales. La première lui ayant pris son mari et la seconde tous ses biens.

Mon grand père André est décédé le 27 avril 2003, son cousin André l’architecte est décédé 4 jours plus tard le 1er mai. On lit encore sur internet les messages presque concomitants de leurs veuves Simone Cauderlier et Simone Cauderlier (ou inversement).

Maryvonne De La Haye Interview n°1

Un fils de Louis (Cambrai) De La Haye (Louis ou Roger de Valencienne) a envoyé dans les années 1990 à Maryvonne un dossier épais de généalogie des de La Haye. C’était sans doute le résultat du travail d’une généalogiste professionnelle mandatée par lui pour éclairer le travail précédemment réalisé par l’oncle Joseph de La Haye.

La tante Jeanne de La Haye, seconde épouse de l’oncle Francis De La Haye (François pour l’Etat Civil) était la grand-mère de Maryvonne. Ils n’ont été mariés que 3 ou 4 ans autour de l’année 1921, date du recensement de Bayeux qui nous l’a fait découvrir.

Francis tenait une quincaillerie rue Saint-Jean à Bayeux. A sa mort, Jeanne ne souhaite pas reprendre ce commerce et s’installe comme libraire de l’autre coté de la rue. Il y aurait aussi un marchand de vin et une boulangerie à coté. Plus tard Tante Denise Cauderlier aurait travaillé dans l’un de ces commerces tenu alors par la famille “Le Cordier” (peut-être les prédécesseurs de Coutard au 22/24 rue St Jean) .

Les parents de Jeanne habitaient Le Molay-Littry même si Jeanne est née à Paris. Elle avait un frère “pas très courageux” à qui elle a abandonné des biens immobiliers pour le sortir de l’embarras, mais plus tard c’est elle qui n’avait plus rien pour vivre. Elle est alors venue vivre à Linverville.

Le nom de Douet n’évoque pas des certitudes. Dans les albums nous avons des enfants Douet prénommés Amédée, Jeanne et Marie-Louise. Amédée Douet pourrait avoir un commerce de pièces d’or sur la côte du Calvados du côté de Riva-Bella.

Tante Cécile De La Haye habitait chez une amie fortunée, Mlle Léger, qui vendait des tableaux et habitait rue Echo à Bayeux. Elle tricotait des chaussettes en laine que toute la famille se devait d’acheter. Maryvonne se devait aussi de les porter tous les jeudis car Tante Cécile venait ce jour là à la librairie.

D’après cousine Madeleine, la “Tante Guégué” (femme de Louis De La Haye père née Aglaé Blareau) avait des idées particulières !?!

Les Boucher ont été établis place du marché aux pommes où ils vendaient de l’essence.

Louis De La Haye fils a eu 2 filles l’une est décédée à 50 ans d’un cancer et la seconde s’est remariée plusieurs fois et a eu des enfants établis un peu partout y compris sur la côte d’Azur.

Raymond De La Haye est mort à 20 ans de la tuberculose avant le mariage de son frère Roger. De son côté Cousine Madeleine aussi avait perdu une jeune soeur peu de temps avant son mariage. Du coup l’ambiance au mariage était plutôt lourde.

Raymond allait souvent à Saint-Vigor où des amis fermiers, des gens simples et fortunés, s’occupaient de lui au grand air de la campagne en même temps que de leur fille qui avait le même mal. Leur fille ( Peggy Longuet filleule …. ???) s’en est sortie mais pas Raymond.

Roger est mort en février 1951 également d’un mal aux poumons. Il n’avait pas le goût de la quincaillerie mais celui de la mécanique.

Il s’occupait d’un projecteur de cinéma équipé d’un lampe à arc électrique. Un jour il se rend compte que sa montre de fonctionne plus, il l’apporte chez un horloger près de la cathédrale de Bayeux et là on s’inquiète que ses poumons sont rongés comme sa montre.

A la fin il lui faudra l’aide de ballons d’oxygène pour respirer. Peut-être que le terrain de la famille était propice aux maladies des poumons.

Après la mort de son mari Roger, Cousine Madeleine sous l’influence de sa mère qui souhaitait que ses trois filles soient fonctionnaires (pont l’Eveque) passe des concours et s’installe à Caen. Maryvonne est triste de quitter Bayeux, elle a 13 ans et doit quitter ses amies et ses cours de musique. Sa grand-mère maternelle était native de la Manche et la maison de Linverville est une maison de famille. En fait c’est la maison d’à côté qui était la maison des grand-parents et la maison actuelle de Maryvonne était une annexe mais elle a l’avantage de ne pas avoir de servitude.

Avec le droit d’aînesse Madeleine a pu choisir de garder cette partie là que Roger aimait beaucoup.

Après la guerre, il n’y avait pas d’essence et c’était donc impossible de venir à Linverville.

Après la mort de Roger de nouveau c’est devenu difficile faute de conducteur.

L’acquisition d’une 4CV a redonné l’autonomie à Madeleine et Maryvonne. Mais Madeleine n’aimait pas Linverville autant que Maryvonne et l’aurait bien vendu si elle avait été seule.