07. Léopold Cauderlier et Emélie Halley

Naissance de Léopold

Léopold Joseph Cauderlier est né dans le département du Nord à Gussignies, le 27 juillet 1847.

Voir son acte de naissance.

Il a donc 4 ans lorsqu’il arrive à Carentan en Normandie avec ses parents, ses 2 grands frères et ses 3 grandes soeurs lors du grand déménagement de septembre 1851.

Jeunesse et formation de Léopold

Léopold Cauderlier circa 1870

Dans l’histoire familiale on dit qu’il a étudié le travail du bois et qu’il a été compagnon charpentier.

A ce titre il aurait même participé à la restauration d’un des Trianons du château de Versailles.

Mais nous n’avons pas trouvé trace des activités de Léopold comme charpentier.

Cependant, dans la maison de Bayeux acquise par Léopold en 1874, il reste quelques réalisations en bois qui lui sont attribuées notamment les placards et surtout l’escalier derrière la salle de bains.

Ce goût pour le travail du bois est, par contre, parfaitement documenté en ce qui concerne l’activité de scierie que Léopold exercera à Bayeux à l’arrière de la maison de la rue Saint-Exupère.

Léopold aurait aussi appris la musique et à jouer du trombone à coulisse ce qu’il aurait pratiqué dans une fanfare.

L’histoire familiale raconte que cette activité musicale lui aurait permis de saluer Napoléon III lors de l’inauguration d’une gare (Bayeux ou Carentan ?).

Le train impérial entre Carentan (où il s’arrête) et Valognes où (il ne s’arrête pas)

Là encore nous n’avons pas retrouvé de trace de son appartenance à une fanfare. Nous savons seulement que Napoléon III a effectivement marqué un arrêt en gare de Carentan où il a été accueilli en grandes pompes par le préfet de la Manche le 4 août 1858.

En 1858 Léopold n’a encore que 11 ans et a pu être très impressionné par l’évènement, surtout s’il y participait comme tromboniste junior.

Le mobilier de style Napoléon III qui reste dans la maison de famille est à raison qualifié de meubles de Léopold.

Par la suite, Léopold aurait participé et même pris des responsabilités dans une fanfare à Bayeux mais nous n’en avons pas de trace.

Naissance et jeunesse d’Emélie Halley

Bricquebec, L’Hôtel du Vieux Château

Emélie Adélaïde Halley a elle aussi probablement rencontré une souveraine lorsqu’elle était petite, car ses parents sont hôteliers. Ils ont tout d’abord exercé à Bricquebec à l’Auberge du vieux Château où la petite Emélie est née le 30 juin 1844 (Ah, juin 44 en Normandie, voila un moyen mnémo-technique bien sympa …).

La reine Victoria de passage à l’Hôtel du Vieux Château de Bricquebec le 18 août 1857.

Ses 2 frères et ses 3 soeurs naissent tous chez leurs parents à Bricquebec. Les 3 premiers dans un logement situé “Cour du vieux Château” donc probablement dans l’hôtel même ou à proximité immédiate, puis les 3 suivants à partir de 1850 dans un logement situé “Rue du Bourg” juste en dehors de l’enceinte du château. Le logement de fonction dans l’hôtel était peut-être devenu trop petit.

Le petit dernier, Edouard Halley, étant né le 4 mai 1858, la famille Halley était probablement à la manoeuvre à l’Hôtel du vieux Château lorsque la reine Victoria et sa suite y séjournèrent le 18 août 1857 !

Emélie a presque 14 ans alors, et on peut imaginer que cette visite lui laissera un souvenir au moins aussi marquant que la venue de Napoléon III à Carentan pour Léopold, mais cet évènement ne semble pas avoir été transmis par la tradition familiale.

Puis la petite famille Halley quitte Bricquebec et son château pour investir l’Hôtel de France, rue Holgate à Carentan.

Hotel de France Halley Carentan
L’Hôtel de France à Carentan
avec le nom du propriétaire E. Halley

La famille d’Emélie Halley

Portait probable de Jules Suzanne Halley, le père de famille
circa 1860

C’est un peu un retour aux sources pour la famille Halley-Costard.

Le père de famille, Jules Suzanne Halley est originaire de Carentan où il est lui même né le 27 octobre 1815, son père Michel Thomas Halley y étant bourrelier, c’est à dire un peu cordonnier ou sellier pour le monde rural.

Et la mère de famille, Adélaïde Costard est native de Saint-Georges-de-Bohon (10octobre 1813), un village rural qui jouxte Carentan où ses parents sont cultivateurs.

Nous connaissons précisément leurs enfants grâce aux documents des successions de Jules et Adélaïde Halley décédés dans leur hôtel, elle le 4 novembre 1883 et lui le 21 septembre 1885.

Ainsi ils ont eu 6 enfants, 3 garçons et 3 filles :

Portrait probable de Adélaïde Halley née Costard, la mère de famille
circa 1860
  • Emélie Adélaïde est l’ainée. On a vu qu’elle née en juin 44, le 30. Il est établi qu’elle se faisait appeler Amélie par ses proches car c’est ainsi que sa soeur Adeline la nomme dans un courrier et c’est également ainsi qu’elle apparait dans certains recensements de population. Elle est la première de la fratrie à se marier en 1869 et à quitter Carentan pour s’installer à Bayeux où elle fera ensuite venir deux de ses frères Jules et Ernest.

  • Marie Louise est née le 23 mars 1846. Elle ne se mariera pas et restera sans doute auprès de ses parents. Elle reprendra avec son frère Edouard la gestion de l’Hôtel de France après la mort de ses 2 parents en 1885.
    Puis Edouard Halley son frère décède en septembre 1905 et on ne sait pas si elle continue seule la gestion de l’Hôtel.
    On ne connait pas sa date de décès parce que les archives des décès postérieurs à 1900 ne sont pas encore disponibles en ligne mais on sait qu’elle est nommée sur le faire-part ci-dessous de décès de Léopold en mai 1909 et il parait probable qu’elle soit restée vivre à Carentan.
Portrait d’un fils Halley,
identifié par Denise Cauderlier,
réalisé à Caen par A.Baudelaire
entre 1881 et 1884.
  • Jules Paul est né le 6 septembre 1847. Il va sans doute suivre sa soeur Emélie à Bayeux car c’est là qu’il rencontre Adèle Albertine Aimée Alexandre (sympa les prénoms en A et c’était pas une andouillette AAAA) qui est la fille du boulanger de la rue aux Coqs qu’il épouse à Bayeux le 22 janvier 1878. Lui même est alors employé de commerce et logé rue Saint-Exupère possiblement par sa soeur et son beau-frère qui sont peut-être même ses employeurs.
    C’est à Bayeux qu’ils ont un fils Paul Alexandre Halley qui nait le 9 janvier 1878 au domicile de son grand-père maternel Monsieur Alexandre, rue aux coqs donc probablement au dessus de la boulangerie. Son père Jules Halley est toujours employé de commerce. Témoins à l’acte de naissance du petit Paul on trouve non seulement Léopold ce qui est bien normal mais aussi son frère Augustin Cauderlier domicilié à Londres et dont la présence en France est des plus rares. En vrai je ne connais aucun autre acte où Augustin soit présent, pas même le mariage de son fils Arthur.
    Mais revenons à nos Halley. Dans le document de succession ci-dessus on voit que Jules est épicier à Bayeux en 1885.
    Adèle Halley née Alexandre décède à Bayeux le 29 avril 1900 (Elle est morte Adèle), et il semble que Jules et son fils Paul Halley s’installent ensuite à Dozulé toujours dans le Cavados comme cafetiers.
    Jules décède le 5 juillet 1901 à Dozulé et Paul est toujours cafetier lorsqu’il épouse le 7 octobre 1902 Mademoiselle Augustine Marie Amanthe Renée Desbled.
    Il auront une fille, Adèle Augustine Pauline Renée Halley, qui est née le 22 février 1904 à Dozulé et qui est décèdée le 26 mai 1983 à Caen à l’age de 79 ans semble-t-il sans enfant.

Berthe Marie Le Gallier
réalisé à Caen par A.Baudelaire
circa 1882
  • Adeline Joséphine Berthe Halley est née, à Bricquebec bien sûr, le 9 décembre 1850. Elle épouse on ne sait-z-où, et donc on n’sait quand, le Sieur Richard Alexandre Le Gallier originaire de Courseulles où il est né le 20 avril 1837, soit 13 ans avant la demoiselle. Ils s’établiront à Caen, d’abord au 75 rue St Pierre.
    Richard Le Gallier est alors voyageur de commerce et ils auront une petite fille prénommée Berthe Marie qui naitra à Bayeux rue aux Coqs chez sa tante Emélie et son oncle Léopold Cauderlier le 31 mars 1881.
    Puis ils auront un petit garçon prénommé Achille qui lui naitra à Caen mais ne vivra que 8 mois et 17 jours jusqu’au 5 août 1884.
    Finalement ils perdront aussi la petite Berthe le 6 mai 1886 à Caen, ils habitent alors 2 rue des Jacobins et Richard est débitant de Tabac.
    Ils partent ensuite à Paris où ils demeurent au 6 rue Ferdinand Fabre dans le 15ème. C’est là que Richard Le Gallier décède le 9 mars 1910.
    Adeline revient alors à Caen où elle décède le 5 septembre 1925.

Ernest Halley circa 1877
Photo Eugène Tiennot à Lorient
  • Ernest Gabriel Halley est né le 8 décembre 1854. Il est tailleur d’habits de profession. Il fait son service militaire du 21 octobre 1875 au 31 août 1879 dans l’infanterie de marine. Puis on le retrouve sur recensements de population en 1891 comme habitant rue aux Coqs à Bayeux chez sa soeur Emélie et son beau-frère Léopold. Mais son dossier militaire nous apprend aussi qu’il a ensuite été condamné à plusieurs reprises à quelques jours de prison pour vagabondage et mendicité ce que confirme une coupure de presse des journaux normands de l’époque. Il écope ainsi de 6 jours le 20 septembre 1892 à Pont-Audemer, 6 jours le 15 janvier 1895 à Bayeux puis 15 jours le 5 mars 1895 à Pont-Audemer. Il est encore arrêté pour vagabondage le 12 octobre 1900 à Isigny. On ignore quand et où il est décédé et il n’est même pas certain qu’il existe un acte de décès le concernant. On voit seulement qu’il apparait sans mention de conjoint ni d’enfant sur le faire-part de décès de Léopold ci-dessous ce qui semble indiquer que la famille le sait vivant ou le considère comme tel en mai 1909.
Recensement Rue aux Coqs Bayeux 1891 où Ernest Halley est mentionné mais sans son age !
Dossier matricule militaire d’Ernest Halley
Extrait du journal de l’arrondissement de Valognes daté du 12 octobre 1900

Dossier matricule militaire
de Edouard Halley
  • Edouard Auguste est le petit dernier. Il est né le 4 mai 1858, sa maman a tout de même 45 ans à sa naissance. Il est voyageur de commerce résidant à Carentan lorsqu’en 1878 il est appelé sous les drapeaux mais comme son frère Ernest y est déjà, Edouard est dispensé de service militaire. Son dossier militaire nous apprend qu’entre 2 périodes à Carentan, Edouard a aussi résidé à Rouen de 1880 à 1883 chez un Monsieur Jouanne au 7 de la Rue du Change. En définitive il reprendra l’Hôtel de France de ses parents avec sa soeur Marie-Louise. C’est bien son initiale que l’on voit sur la carte postale de l’Hôtel de France ci-dessus. Bien que sa soeur soit son ainée de 12 ans c’est lui qui décèdera le premier à l’age de 47 ans en septembre 1905. Cette fois c’est par une coupure de presse que nous le savons.

Annonce du décès d’Edouard Halley
dans le Journal de la Manche du 9 septembre 1905

En définitive il semble bien que de sa fratrie de 6, seule Emélie Adélaïde Halley aura une descendance, c’est aussi probablement elle qui, quoique l’ainée, vivra le plus tard ce qui lui donnera l’occasion de connaitre ces 6 petits enfants et même son arrière petite fille Edith Boucher.

Mariage

Léopold épouse à Carentan le 11 novembre 1869, Emélie Adélaïde Halley. Il a 22 ans, elle en a 25. Leurs parents sont dans leur cinquantaine et sont d’actifs commerçants de Carentan.

Voir acte de mariage

Les témoins à ce mariage sont :

  • Henri Guilain le frère ainé de Léopold,
  • le capitaine Lainé qui a épousé en janvier 1867 Marie Cauderlier, une soeur ainée de Léopold,
  • Thomas Belin, le maire de Saint-Côme du Mont qui a épousé en 1855 Augustine Le Maréchal, la petite protégée de l’oncle Auguste et la tante Desmezières sans qui les Cauderlier seraient toujours dans le Nord,
  • et enfin Paul Barbanchon, qui n’est pas encore de la famille mais dont le frère cadet Jules Barbanchon épousera Stéphanie Cauderlier, la soeur cadette de Léopold, quelques 7 ans plus tard en 1876.

Semblant de rien ce choix dans les témoins nous en dit pas mal sur l’ambiance apaisée qui règne dans la famille.

Extrait de l’acte de Mariage de Léopold Cauderlier et Emélie Halley le 11 novembre 1869 à Carentan

Les signatures sur l’acte de mariage sont facilement identifiables :

  • Tout en haut Léopold dont le L est un peu raté, le trac surement;
  • En dessous à gauche son père Henri Cauderlier (ou Cordelier lorsqu’il y est obligé)
  • A droite Emélie Halley qui signe avec un seul L;
  • En dessous à gauche S Auquier qui signe de son nom patronymique (de jeune-fille);
  • Et à gauche Adélaïde Costard qui elle aussi signe de son nom de jeune-fille
  • En dessous on trouve le père de la mariée Jules Halley qui lui aussi ne met qu’un L
  • A droite Henri Guilain Cauderlier le frère ainé de Léopold
  • En dessous les trois autres témoins, Barbanchon, Belin et Lainé.
  • Et finalement le Maire.

Installation à Bayeux et commerce du sel

Le 49 rue Saint Patrice, première adresse de Léopold, Emélie, Jeanne et Henri Cauderlier à Bayeux.

A peine mariés, nos tourtereaux s’établissent à Bayeux au 49 rue Saint Patrice où Léopold exploite une licence de commerce de sel en gros. Ils y sont probablement en location. La cour à l’arrière du bâtiment permet sans doute l’accès aux écuries, aux espaces de garage des véhicules et au magasin à sel.

Léopold a-t-il pris la succession d’un commerce de sel pré-existant ou a-t-i créé ce commerce comme une sorte de succursale de celui de son père et de son frère à Carentan ? En consultant le recensement des population de Bayeux en 1866 on note la présence

C’est là que naissent leurs deux enfants Jeanne Léopoldine le xx 1870 et Henri le octobre 1873.

On trouve la petite famille sur les recensements de populations….

La scierie

Cette activité importante permet de fournir des caisses utilisées comme emballage perdu pour le conditionnement des oeufs qui sont exportés en gros par bateau depuis le port de Carentan par la famille Cauderlier à destination de l’Angleterre.

Pour autant son activité principale officielle reste celle de marchand de sel en gros. A cette activité principale est parfois adjointe le négoce local des oeufs.

On notera que ces activités sont les mêmes que celles que son père puis que son frère ainé Henry Guilain exercent à Carentan.

On comprend que Léopold exploite une licence de commerce du sel à Bayeux sans doute complémentaire de celle que son père et son frère exploitent à Carentan mais qu’en plus il est chargé de fournir à le bois pour les caisses maritimes nécessaires au commerce de Carentan.

Disparition d’Arthur

La faillite

La transmission

L’heure de la retraite

La villa des martyrs

Peu de temps après leur mariage Léopold et Emelie s’établissent à Bayeux, tout d’abord sans doute en location au 49 rue Saint Patrice où naissent leurs deux enfants Jeanne en 1870 puis Henri en 1873.

Nous les retrouvons également sur les recensements

puis ils achètent la maison du 19-21 rue aux Coqs où ils passeront le reste de leur vie.

Léopold, un homme puissant

Léopold laisse le souvenir d’un homme puissant, une puissance physique d’abord mais aussi une puissance dans ses activités car il es tout à la fois artisan du bois, commerçant du sel, industriel de la scierie, investisseur immobilier, musicien et auto-constructeur amateur.

Il s’est relevé des nombreuses difficultés que la vie n’a pas manqué de lui réserver et il a su rester généreux avec les siens comme avec les membres de sa communauté qui se confond avec sa ville de Bayeux.

Il laisse derrière lui une veuve éplorée qui louera ses qualités le reste de sa vie tout en créant sa légende que nous avons tenté de conter ici.

Décès de Léopold

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