La communion d’André et Henriette Cauderlier à Bayeux le 30 mai 1920

Photo de groupe, communion d’Henriette et André Cauderlier, Bayeux 1920
Photo attribuée à Charles Lagouche

Voila bien l’une des plus jolies photos de famille qui nous soient parvenues.

Nous sommes à Bayeux, rue aux Coqs, dans la cour devant le porche.

C’est la communion “commune” d’Henriette Cauderlier et de son grand frère André. Elle porte une tenue de communiante et il a lui aussi un brassard de communiant. Au début du siècle les filles faisaient leur communion un an plus tôt que les garçons, et tous deux n’ont qu’un an d’écart.

Communion d’Henriette et André Cauderlier, Bayeux 1920
Photo attribuée à Charles Lagouche

Nous sommes le 30 mai 1920 (source interview de André Cauderlier sénior).

Ceux qui connaissent les lieux remarqueront qu’à gauche le “petit bureau” n’existe pas encore, c’est une remise.

A cette époque les photos de groupes en extérieur ne sont pas encore très courantes. Comme 3 des 4 enfants Lagouche sont sur la photo et que le quatrième Charles, qui est photographe, n’y est pas, on peut imaginer que c’est Charles qui prend la photo comme il le fait souvent dans ces années là car de plus il n’y a pas sur ces photos le cachet de Leprunier, le photographe de famille à Bayeux à cette époque.

Par chance, j’ai demandé à Tante Denise, au début des années 1990, de m’aider à identifier les personnes présentes sur cette photo.

Nous connaissons donc le nom de toutes les personnes présentes ici par ce croquis écrit à deux mains, la mienne et celle de Tante Denise :

Identification des personnes de la photo de groupe ci-dessus faite par Denise Cauderlier c.1990

Et cette photo nous interroge, elle nous questionne tant sur les présents que sur les absents.

Emélie Cauderlier née Halley et l’ainé de ses petits enfants, Georges Boucher, c.1900

Les absents d’abord, et en premier lieu la grand-mère paternelle des communiants, Emélie Cauderlier née Halley. Elle habite ici, dans cette maison où elle décèdera en 1927, soit plus de 7 ans après cette photo. Alors soit elle est fâchée soit elle n’aime pas les photos…

Je penche pour cette seconde hypothèse car elle n’est pas présente, non plus, lors de la communion d’un autre de ses autre petits-fils, Léon Boucher quelques années auparavant. En fait on a juste aucune photo d’elle à cette époque !

Les dernières photos que nous connaissons d’elle datent des années 1900 avant la mort de son mari Léopold, comme celle-ci où son petit-fils ainé Georges Boucher, né le 1er février 1897, a environ 3 ans.

La communion de Léon Boucher Bx c.1915

Dans un premier temps j’avais cru la reconnaitre dans la personne à gauche de la photo. Mais Tante Denise nous dit qu’il s’agit de Madame Guizot, leur première professeure de dentelle de Bayeux.

On note que cette même dame en noir (vêtue de dentelles authentiques sans doute) est également présente sur la photo de la communion de Raymond De La Haye que l’on n’imagine pas faire de la dentelle à cette époque très genrée !

La communion de Raymond De La Haye c.1921

Pour moi l’explication viendrait plutôt d’une plus grande proximité amicale avec les enseignantes normandes après le mariage tout récent (en 1919) de Francis De La Haye avec Jeanne née Mattray qui était alors institutrice dans la petite école du sacré-coeur de Bayeux.

On trouve en effet, non seulement cette Madame Guizot mais également les cousines Lagouche dont on sait qu’elles participaient aux enseignements de l’Institution Notre Dame de Carentan où notre communiante Henriette est probablement déjà -ou va prochainement- arriver en pension.

Enfin lors de l’autre communion, celle de Raymond De La Haye, est aussi présente la directrice de la petite école, Mademoiselle Levallois, qui restera une amie de la famille et que l’on retrouvera longtemps et sur de nombreuses photos.

Mise en vente aux enchères publiques en 1923 d’une partie des biens immobiliers de la succession de Léopold Cauderlier

Autres absents, la famille Boucher. Si Marthe, la maman des communiants a obtenu la présence des deux tiers de ses frères et soeurs (Francis et Cécile), et que seul Louis, qui habite le Cambraisis dans le Nord, fait défaut, Henri, lui, n’a pas obtenu sur cette photo la présence de sa soeur Jeanne, de son beau-frère Georges Boucher et de leurs trois fils qui pourtant habitent là, juste là à l’arrière-plan de la photo.

On peut penser qu’il y a un petit différent entre eux, une question d’héritage par exemple, qui ferait qu’on n’aura de moins en moins de photos de la famille Boucher à partir des années 20. On sait que les biens immobiliers de la succession de Léopold seront vendus aux enchères, cela peut indiquer qu’une entente sur les prix n’a pas été possible à l’amiable entre les héritiers.

Mais on peut aussi penser que les communions étant des évènements communs à toute une classe d’âge de la paroisse, et Georges Boucher étant de Bayeux et ayant au moins un frère, la famille Boucher est tout simplement invitée dans une autre communion, celle d’un neveu ou d’une nièce du côté de Monsieur par exemple. Surtout qu’on a encore des cartes postales échangées entre les deux familles en 1921 et 1922.

C’est donc probablement après, vers 1922, que s’installe une forme de distanciation entre les familles Boucher et Cauderlier.

Si la soeur d’Henri Cauderlier n’est pas présente, ses cousins Gancel, Lagouche et les Cauderlier de Dinard, sont en revanche multi-représentés.

Pour les Lagouche on a vu le rapprochement via le pensionnat de Carentan/Auvers.

Pour les Gancel on peut aussi expliquer le rapprochement car on sait que Maurice Gancel a vécu à Bayeux rue aux Coqs chez Henri Cauderlier, le cousin de son père Henri Gancel -présent sur la photo- vu qu’il y était domicilié lors du recensement de 1911.

Recensement de Bayeux en 1911, Archives départementales du Calvados

En 1911, Maurice Gancel ne travaille pas pour Henri Cauderlier, il est mécanicien pour l’entreprise “Minger” d’après ce document.

Enfin il y a Roger Cauderlier et Germaine Cauderlier qui sont venus de Dinard et c’est une chance pour nous car nous n’avons pas trop de photos d’eux.

Je vous entends qui vous dites : mais c’est qui ces Cauderlier là ?

C’est normal je ne vous en ai pas encore parlé. Ce sont 2 des 6 enfants qu’Arthur Cauderlier le fils d’Augustin de génération 1 a eu de sa femme et néanmoins cousine Jeanne Barbanchon la fille de Stéphanie Cauderlier également de génération 1.

Semblant de rien le fait que 2 des enfants d’Arthur Cauderlier soient à cette communion en 1919 signifie que les familles ne sont pas fâchées, et ça me renforce dans l’idée que la faillite de Léopold pourrait être venue d’un autre Arthur.

Alors voyez-vous, non seulement cette photo est splendide, mais en plus c’est une mine de renseignements !

Attention Fragile !

C’est encore dans un album photo de Bayeux que j’ai trouvé ce cliché inattendu.

1913 – Adalbert François – Maison Cauderlier
1913 – Adalbert François -Détail

Alors que l’album présente des photos en couleurs des années 50, au milieu, il y en a une, datée de 1913, qui est intitulée “Adalbert François – Maison Cauderlier”.

Petrificus totalus ! A l’évidence la scène a totalement pétrifié sur place deux jeunes Normandes revenant de l’école. C’est que le photographe sur le trottoir d’en face devait être assez cocasse avec son trépied et sa cape d’invisibilité.

Pendant ce temps notre ami essaie de sourire derrière sa moustache avec pas mal de kilos d’une marchandise fragile suspendue à son biceps droit tout en essayant d’imaginer la signification du mot “instantané”.

Parce que c’est parfois fragile les marchandises de la maison Cauderlier.

Henri Cauderlier – Rue aux Coqs -Bayeux

Pas tant les sacs de 50kg de sel qui font depuis toujours la réputation de l’établissement, mais les produits qui progressivement diversifient l’offre de notre établissement à destination des épiceries du Bessin.

Voyez plutôt cette facture de 1927 : Mademoiselle Fossey a bien pris un sac de sel à 56.50 francs, mais le total sur six mois fait 13 fois plus !

Facture Henri Cauderlier 1927 – Archives Départementales du Calvados
Fiche Matricule – Archives départementales du Calvados

Bien sûr, il y a toujours eu des commis pour assurer les livraisons, alors on peut se demander pourquoi seul Adalbert François a eu l’honneur de figurer dans l’album de famille.

Pour moi il faut regarder la date.

En 1913, Adalbert François a visiblement acquis une certaine aisance dans son emploi et la guerre qui va suivre va envoyer au front son patron pour presque 5 ans.

Il est possible qu’il soit devenu l’homme providentiel, car lui, il a été exempté en 1900 pour bronchite chronique puis de nouveau en décembre 1914 pour faiblesse relative. C’est fragile aussi les jeunes gens !

Le dossier militaire de Paul Adalbert François nous apprend aussi qu’il habite au 18 de la rue du marché à Bayeux.

Effectivement on le trouve bien à cette adresse sur le recensement de Bayeux en 1921 où il est employé de commerce mais plus pour la maison Cauderlier, non, …

Recensement Bayeux 1921 – Archives départementales du Calvados

…, mais pour l’entreprise Morlent, autrement dit la fabrique de porcelaine de Bayeux.

Attention, la porcelaine… c’est fragile aussi…

Un jour à la campagne à Gaël en 1954

Gaël 1954

C’est dans les album photos de Tante Denise à Bayeux qu’on retrouve 4 photos d’une belle journée passée en 1954 à Gaël.

Jules Le Barbey, sa femme Henriette, leur fils Jean, sa belle soeur Denise et sa belle-mère Marthe sont venus voir la famille de Jules à Gaël.

Gaël 1954

En constatant que sur chacune des photos il manque soit tante Denise soit Jules on en déduit qu’ils sont 2 photographes à se partager le même appareil photo, sans doute celui de Tante Denise, puisque c’est dans son album qu’on retrouve ces photos.

Gaël 1954

Sont-ils venus en voiture ? sans doute.

Ont-il fait une escale lors d’un circuit plus vaste ou sont-ils venus exprès ?

Pourquoi Nizou n’est-elle pas là ?

Comment s’est déroulé cette journée ?

Devant la maison à Gaël en 1954

Ces gens là se connaissent-ils bien ? se voient-ils souvent ?

Et surtout et avant tout qui sont les autres personnes que nous avons là ?

Il y a cette dame juste devant Marthe.

Avec son tablier on dirait bien qu’elle est chez elle.

Et puis il y a ce monsieur en sabots qui a l’air d’être chez lui, lui aussi.

Et aussi les trois autres qui forment comme une petite famille.

J’ai bien une idée mais il faudrait être sûr…

A compléter, …

Rue Holgate à Carentan (Manche)

Dans le dernier article je vous entretenais des cartes postales adressées à Estelle Bouthreuil, rue Holgate à Carentan.

A ce jour j’ignore à quel numéro de la rue Holgate se situait la dernière adresse d’Estelle Bouthreuil, mais je sais que c’est une maison de famille où étaient installés ses parents, où elle est née ainsi que ses 10 frères et soeurs et où sont morts un bon nombre d’entre eux.

En farfouillant dans les copies de documents notariés faites aux archives du Calvados cet été, j’ai trouvé une petite phrase qui m’a permis de situer dans cette même rue Holgate l’hôtel qu’exploitaient à Carentan les parents d’Emelie Halley, la femme de Léopold Cauderlier…

Extrait de la licitation entre les 6 enfants de Jules Halley Maître d’Hôtel à Carentan le 25 septembre 1885.
Archives départementales du Calvados.

… tout simplement en recherchant l’Hôtel de France maintenant que j’avais son nom. ( Note personnelle : j’adore les Hôtels du Lion d’Or et les Hôtels Bellevue mais mes préférés restent les Hôtels de France).

Fort donc de ces précieuses informations je me mets en quête d’une carte postale ancienne et, coup de chance, j’en trouve une, qui plus est avec l’inscription du nom du propriétaire E. Halley.

L’Hôtel de France, Rue Holgate à Carentan c.1890

E comme Edouard, un frère d’Emelie qui a donc pris la suite de ses parents après leur disparition en 1883 et 1885.

Je me demande donc ce qu’est devenu ce bâtiment.

Après des heures à arpenter virtuellement sur Google street-view de haut en bas l’interminable rue Holgate, j’ai fini par identifier l’emplacement grâce aux maisons d’en face. Car malheureusement l’Hôtel a visiblement été détruit et remplacé par un bâtiment du plus pur style Reconstruction.

Le 29 rue Holgate à Carentan (50) aujourd’hui. Google Street View

Cet immeuble n’est plus un hôtel mais un commerce et des bureaux, les locaux de services en sécurité privée appelé “Cotentin Manche Sécurité Protection”, CMSP pour les intimes.

Côté Manche – Vincent Giard- le 24 Sep 2020 

Tiens ce nom me dit quelque chose !

C’est que par curiosité j’avais recherché dans l’annuaire les Bouthreuil vivant actuellement à Carentan, et je n’en ai trouvé qu’un, prénommé Olivier et qui se trouve être le gérant de l’entreprise CMSP, sise à l’emplacement de l’ex hôtel de France !

Comme nous connaissons tous les descendants nommés Bouthreuil rescapés de la fratrie née rue Holgate, il faut admettre qu’Olivier est un cousin encore plus éloigné.

Si ça continue je vais créer une nouvelle catégorie dans ce blog, la catégorie “coïncidences”.

Et ce n’est pas fini car le sens de l’hospitalité qu’Eveline Risler a hérité de son arrière-arrière-arrière-grand-père Jules Halley, maître de l’Hôtel de France sis 29 rue Holgate à Carentan saura sûrement s’exprimer prochainement jusqu’en Haute-Savoie pour les lointains cousins vivants maintenant au dit-lieu. (comprend qui peut, sinon c’est pas grave).

Madame Alfred Duval née Estelle Julie Bouthreuil

Acte de décès d’Estelle Julie Bouthreuil veuve Duval.

Etrange rencontre pour moi que celle de Madame Alfred Duval née Estelle Julie Bouthreuil.

Au début des années 1990, Arlette et moi avons visité les archives municipales de la ville de Carentan à la recherche d’actes d’état civil qui se trouvent aujourd’hui en un clic sur internet.

Le hasard – dernière page avant les tables annuelles – nous a fait tomber sur l’acte de décès, le 31 décembre 1917, d’Estelle Julie Bouthreuil veuve Duval. Le nom de Bouthreuil attire mon attention. Les parents d’Estelle sont clairement les mêmes que ceux de notre aïeul Paul Just Bouthreuil.

Faire-part de décès d’Hortense Bouthreuil née Cauderlier

Pour obtenir la copie de l’acte nous en avons fait une photo argentique que nous avons ensuite scannée en noir et blanc au scanner du bureau avant de rapporter précieusement l’image à la maison sur une disquette.

Une vingtaine d’années plus tard nous retrouvons Estelle Julie sur geni ce qui nous permet de déposer le précieux fichier pour documenter la fiche geni.

Puis l’analyse de la sombre fratrie à laquelle elle appartient nous fait retrouver son acte de mariage. Estelle a épousé Alfred Duval qui travaille à l’époque à Paris.

L’analyse des photos de l’album attribué à Marie-Louise Lagouche née Bouthreuil me fait suspecter que l’une d’elles représente Estelle Julie.

Photo possible d’Estelle Julie Bouthreuil.

Mais “Est-ce-t-elle” ? comme dirait l’autre.

En relisant le faire-part de décès de sa belle-soeur Hortense, (qui a épousé son jeune frère Paul Bouthreuil), nous sommes un peu tristes pour elle d’en déduire qu’elle n’a pas eu d’enfant.

Elle y apparait en effet comme Madame veuve Duval, mais aucune mention n’est faite d’enfant ou de petits-enfants, ce qui signifie qu’aucun n’est vivant à cette date en 1912.

Le dernier rebondissement, c’est la découverte aujourd’hui 31 décembre 2020, 103 ans jour pour jour après son décès, dans des vieux papiers Lagouche à Dennemont, de 3 cartes postales adressées à Madame Duval, rue Holgate à Carentan en 1914.

Première carte recto

Ces cartes posent beaucoup de questions.

La première a été envoyée par Charles Lagouche à Madame Duval le 18 décembre 1914 de Bordeaux. Il s’y présente lui-même très élégant et conduisant un cabriolet. Quel style !

Première carte verso
De ce que j’en comprends nous avons ici :
Germaine, Irma, Marie-Louise et Suzanne

Les deux autres cartes ont des tirages photographiques de mauvaise qualité qui ont mal supporté les années. Les photos sont très pâles, peu contrastées et jaunies. Heureusement une fois numérisées on peut améliorer les choses.

Sur l’une on distingue 4 femmes dans une forêt en hiver, vêtues de fourrures, à la date du 8 mars 1914.

Au verso seulement l’adresse “Madame Duval à Carentan Manche”.

Suzanne Lagouche et la jeune Germaine dont on ne sait rien, sauf ses mensurations ….

Sur la dernière ne figurent que les deux plus jeunes femmes dans cette même forêt habillées tout pareillement. La jeune fille s’est hissée à la hauteur de son ainée. Cette fois la carte est rédigée, et a été postée. On y lit :

“Mercredi 20 mars. Chère Madame Duval, Pour vous montrer que Germaine est grande, la voici à côté de Melle Suzanne elle est presque de sa taille. Elle pèse 40 K. mesure 1m49 et chausse du 36 c’est vous dire qu’elle n’est pas dans les petites. A un de ces jours une longue lettre ( un temps épouvantable à Paris ). Yeux toujours en mauvais état. Il faut de la patience. Bons baisers Irma”

Je n’ai aucune idée de qui sont Irma et Germaine.

Carte envoyée à Madame Duval

Mais ces cartes, comment sont-elles arrivées jusqu’à moi ?

Deux de ces cartes postales sont affranchies et oblitérées, adressées Rue Holgate à Carentan. Il est donc certain qu’elles y sont arrivées et y ont séjourné. Elles ont été tenues en main et lues par Estelle Julie qui les a soigneusement rangées dans ses affaires.

Mais à la mort d’Estelle, rue Holgate à Carentan ce 31 décembre 1917, qui reste-t-il dans cette famille pour s’occuper des vieilles cartes restées là ?

Des neveux et nièces.

Il reste, les enfants de Paul :
– Marie-Louise, mon arrière grand-mère alors veuve, réfugiée à Auvers avec ses 4 enfants,
– sa soeur Suzanne, la directrice de l’institution Notre-Dame
– son frère Edouard, Berthe, l’épouse de celui-ci, et leurs 3 enfants, qui vivent à Bréhal.

Il reste aussi possiblement un autre neveu, s’il est toujours vivant, il s’appellerait Edouard Louis Robiquet ; c’est le fils de Virginie, la seule soeur d’Estelle qui a eu un enfant.

Alors il est bien possible qu’il soit revenu à Marie-Louise et Suzanne, parce que ce sont des femmes et qu’elles habitaient à côté, la lourde tâche de s’occuper des affaires d’Estelle.

Dans ce cas les cartes sont passées de Carentan à Auvers pour rentrer ensuite à Paris, où elles ont été prises en charge par ma grand-mère Suzanne ou son frère Charles Lagouche pour atterrir à Dennemont.

Mais alors il y a peut-être d’autres documents venant d’Estelle au même endroit …

Joli voyage en attendant pour ces petites cartes.

Bonne année 2021.

Timides éloges immérités consolent de bien des critiques injustifiées (Charles Lagouche 1937)

Charles Lagouche ne s’est pas marié et n’a pas eu d’enfant mais il a laissé de nombreux souvenirs dans la famille.

Les souvenirs qu’il a construits en tant que photographe de notre histoire familiale tels les précieux clichés des années passées au château d’Auvers,

mais aussi les souvenirs de sa personne et de sa vie dont le plus marquant pour ses contemporains était son rôle comme responsable du ravitaillement du Tour de France.

Contrôle de ravitaillement du Tour de France à Béziers
Charles Lagouche et sa louche près à remplir les bidons.
Ravitaillement du Tour de France à Labouheyre

Il faut dire que même si cette fonction n’était pas supposée être remplie à titre professionnel c’est elle qui le définissait le plus intensément aux yeux des autres.

Et ce n’est pas Eveline et moi qui allons dire le contraire car même si nous n’avons pas connu l’oncle Charles, nous avons passé nos vacances d’enfants dans sa maison de campagne à Dennemont au milieu des musettes en tissu jaune, des bidons en aluminium avec bouchons en liège tenus par des ficelles, des feuilles de papier sulfurisé marquées Nestlé en diagonale et des boites d’Ovomaltine périmées.

Charles Lagouche a été aux manettes du ravitaillement du Tour de France pendant environ 35 ans ! de 1919 au milieu des années 50.

Pas une seconde à perdre…

Et comme chaque année il restait des quantités de matériel périmé, impropre à l’usage les années suivantes, nous avions là une source inépuisable de matières premières : tissu, métal, liège, ficelle, papier, de quoi confectionner toutes sortes de jouets.

En 1952, à l’apogée de sa carrière, Charles Lagouche confie à la presse helvétique quelques données chiffrées sur les volumes en jeu lors d’un Tour de France :

M. Lagouche dispose d’un personnel de 8 hommes et sa tâche est lourde, car pendant la durée de l’épreuve il faut préparer plus de 4700 musettes et environ 9500 bidons. Ces derniers sont remplis par les coureurs qui, parmi différentes bassines, peuvent choisir leur boisson préférée, soit café, thé, bière, citronnade ou eau additionnée d’alcool de menthe. Quelques coureurs émiettaient de la glace dans leur bidon l’enveloppant ensuite pour le tenir plus au frais.

Source : La Gazette de Lausanne 5 et 6 juillet 1952
“Merci au roi des ravitailleurs en toute amitié” René Bernard cycliste

Charles Lagouche appréciait visiblement ce travail, le contact avec les coureurs mais aussi avec les restaurateurs locaux auprès desquels il a su forger en trois décennies des rapports amicaux. Le changement permanent de résidence n’était pas non plus pour lui déplaire.

Au point que si durant les années 20 et jusqu’en 1935, Charles est clairement garagiste à Paris où il possède un garage au 17 rue de Clignancourt, on peut se demander s’il ne s’est pas consacré beaucoup plus intensément voire exclusivement au ravitaillement des courses cyclistes après avoir vendu son garage parisien en mars 1935.

On trouve notamment un article intitulé “Le menu du coureur en course” dans l’Ouest-Eclair du 29 août 1935 qui va dans ce sens et nous révèle que

Charles Lagouche assis sur les caisses du ravitaillement du Tour de France devant l’entrée de la Villa Rose-Marguerite à Ax-Les-Thermes

M. Machurey, en collaboration avec MM. Lagouche, Mauranne et Bonnefoy, organisent un service de ravitaillement ; cette équipe est pour ainsi dire spécialisée dans le ravitaillement des coureurs et on la trouve dans toutes les grandes épreuves officielles : le Tour de France, le Wolber, Paris-Nice, Paris-Bruxelles, etc… Nos trois ravitailleurs, qui aiment leur métier, ont acquis, au cours de leurs nombreuses années de pratique, une expérience qu’ils ont su mettre à profit ; aussi sont-ils parvenus à composer une musette standard qui est aussi une musette rationnelle composée selon les besoins du coureur.”

Il existe de nombreux articles en marge des articles sportifs pour vanter les mérites des ravitailleurs.

Mais c’est dans l’article ci-dessous que l’on entre le plus dans le récit du stress du ravitailleur en chef …

Extrait du journal Paris Soir (1923) du 20 juillet 1937. Une description du travail de Charles Lagouche comme responsable du ravitaillement du Tour de France.

et même tout à la fin dans la philosophie de l’oncle Charles.

Auvers, un château “peau de chagrin” pour soigner les chagrins

Le château d’Auvers dans la Manche. Gravure du 17ème ou du 18ème siècle.

Pendant des siècles, le château d’Auvers près de Carentan dans la Manche ne fait pas parler de lui.

Pas de riche mécène, ni d’illustre occupant, pas même de fiche historique sur wikipedia.

On trouve seulement des représentations graphiques qui tristement présentent un bâtiment d’autant plus petit que l’image est récente.

Le Chateau d’Auvers vers 1910.

Il n’en reste aujourd’hui que le pavillon central, propriété privée réputée pour son activité équestre.

Quoiqu’il advienne de ses murs, le château garde une part de son identité. D’où la tient-il ? De sa toiture bien sûr, mais également de son double escalier, même s’il est devenu maintenant assez incongru pour un si petit bâtiment.

Le château d’Auvers près Carentan dans la Manche aujourd’hui.

C’est que l’escalier a toujours été le point focal du château.

Et c’est tout naturellement devant cet escalier que tout le monde se prend en photo au début du 20ème siècle.

La quantité de photos faites devant cet escalier est juste incroyable.

Découvrons-les ensemble …

Les familles Lagouche et Bouthreuil à Auvers

De gauche à droite les deux plus jeunes des enfants, Marcel et Madeleine Lagouche, puis les deux soeurs Suzanne Bouthreuil et Marie-Louise Lagouche née Bouthreuil, et enfin les deux enfants aînés Suzanne et Charles Lagouche. Château d’Auvers entre 1913 et 1919.

Malgré le petit air d’exotisme donné par le palmier, la joie ne semble pas à son comble dans cette famille. Et pour cause, parce que s’ils sont là, c’est qu’après le décès du père de famille Charles Lagouche le 28 novembre 1907, sa veuve Marie-Louise et ses 4 enfants ont dû se débrouiller seuls.

Suzanne et Hortense Bouthreuil à Auvers c. 1910

Au départ, ils restent à Caen, ils quittent juste leur restaurant du 68 boulevard St-Pierre pour un appartement au 20 rue Saint-Jean. En septembre 1910, Charles, l’ainé, trouve un travail de journaliste au journal L’Auto, l’ancêtre de L’Equipe : il doit suivre un régiment pendant de grandes manoeuvres. Lui qui n’aime rien tant que de bouger est ravi. A cette occasion il se perfectionne en technique photographique. Puis fin 1911, Marie-Louise et ses enfants quittent la Normandie et montent à Paris au 14 rue de la Perle. Début 1914, Marie-Louise et ses filles s’installent 13 Rue Custine dans le 18ème mais pour peu de temps semble-t-il. Elles y reviendront après la guerre.

Car avec la guerre les choses se sont compliquées. Est-ce la peur d’être assiégée dans Paris comme c’est arrivé à d’autres en 1870, où celle de manquer de nourriture qui pousse Marie-Louise à retourner en Normandie ? Toujours est-il qu’elle est recueillie avec ses enfants par sa soeur, Suzanne Bouthreuil, qui dirige l’Institution Notre-Dame, autrement dit le pensionnat de jeunes filles installé à Auvers.

Pensionnat Auvers circa 1914.
On reconnait Madeleine Lagouche en haut à gauche et Suzanne en haut à droite.

Ce n’est pas la première fois ; déjà en 1905 leur mère à toutes deux Hortense Bouthreuil née Cauderlier était venue, elle aussi, trouver refuge à Auvers après la mort de son mari Paul. Et c’est d’ailleurs à Auvers qu’Hortense en décédée en 1912.

A leur arrivée, il semble que les deux filles Suzanne et Madeleine soient affectées au pensionnat, puisqu’on les reconnait sur une photo de groupe. Les garçons ne sont pas là en permanence, Marcel est mobilisé presque en continu et Charles est mobilisé l’été 1917 et travaille toujours en pointillé pour le journal.

Puis les locaux du pensionnat sont semble-t-il réquisitionnés comme hôpital militaire. Le château devient havre de paix pour quelques soldats blessés.

L’Hôpital militaire d’Auvers

Lorsqu’il est à Auvers, le fils ainé Charles Lagouche utilise ses compétences photographiques pour faire des photos de groupes, soit dans les espaces de vie comme ci-dessus, soit …

Hôpital militaire d’Auvers (Manche) entre 1914 et 1919 avec au premier rang, au milieu Suzanne Bouthreuil et à côté à gauche peut-être Mr Roy avec son képi 77 et à droite l’homme dit “à la médaille”, et ma grand-mère Suzanne au milieu en haut.

… en bas de l’escalier de droite du château bien sûr comme ci-dessus et ci-dessous.

Hôpital militaire d’Auvers (Manche) entre 1914 et 1919

Et on retrouve sur ces photos de groupe, sa soeur, ma grand-mère, la jeune Suzanne Lagouche en aide-soignante débutante (au milieu en haut sur la première photo et en bas à gauche sur la seconde). Sa tante Suzanne Bouthreuil en patronne de l’institution est toujours en bas au centre.

Pour l’occasion, les soldats se sont faits beaux et on constate alors qu’ils viennent du 32ème, du 319ème, du 37ème, du 77ème, du 69ème, du 236ème, …

Ils ont des uniformes variés, ils viennent sans doute aussi de régions différentes et de milieux sociaux différents.

Hôpital militaire d’Auvers (Manche) entre 1914 et 1919
A l’arrière de cette photo il est écrit : “Soldats de l’hôpital d’Auvers en paysans normands”

Au début les blessés étaient une vingtaine et les soignantes 4.

Il semble qu’ensuite ils soient une trentaine de blessés pour 5 soignantes.

Pourquoi penser que cette photo est ultérieure au deux autres ?

A cause du lierre sur le mur, qui est semble-t-il plus fourni sur cette dernière photo que sur les précédentes.

On note aussi que d’une photo sur l’autre les blessés sont presque tous différents, c’est, sans doute, qu’en 4 ou 5 ans ils se sont souvent renouvelés.

De toute façon, ce qui les réunit là, c’est l’absurdité d’une guerre et la chance de ne pas être mort sur l’un ou l’autre des nombreux champs d’honneur.

Les commandes de la carte postale n°7 d’Auvers

Cela peut paraitre étonnant mais malgré les circonstances, on s’amuse aussi parfois et c’est l’occasion de faire une photo, toujours en bas et à droite de l’escalier emblématique devant le palmier bien sûr.

Comme le matériel photographique coûte cher, Charles Lagouche se finance en vendant ses photos tirées en cartes postales et il réalise des tirages à la demande pour les photos où figurent des soldats reconnaissables.

On trouve ainsi derrière certaines épreuves le nombre d’exemplaires commandés par les différents soldats représentés.

Charles fait aussi des portraits et même son auto-portrait, où-çà, bah en bas de l’escalier, tiens !

Selfie de Charles Lagouche à Auvers été 1917

Les évènements familiaux

Communiante à Auvers circa 1914

Et puis on a aussi des photos faites à l’occasion d’évènements familiaux, communion sûrement, baptême et funérailles peut-être.

Toutes ces photos, visiblement faites à Auvers, sont de la même facture.

Elles sont tirées sur le même papier que les photos précédentes de l’hôpital. On en déduit qu’il est probable qu’elles aient été faites par la même personne à savoir Charles Lagouche.

Prenons cette communiante par exemple : pour l’occasion on a crû bon de décorer l’escalier du château d’une statue religieuse.

Et on retrouve cette statue au même endroit sur une photo de Marie-Louise, et comme Marie-Louise tient un livre à la main on en déduit qu’elle est sans doute la marraine de la petite, donc de sa famille, sa tante par exemple.

Marie-Louise Lagouche à Auvers un jour de communion

Et si l’on suppose que ces photos ont été prises entre 1910 et 1920 et que cette communiante est de la famille, ce ne peut être que Agnès Bouthreuil née en juin 1899 ou sa petite soeur Denise Bouthreuil née en 1904. Nous savons que toutes deux ont fréquenté le pensionnat que dirige leur tante Suzanne à Auvers car nous avons des photos d’elles en uniforme du pensionnat.

De plus Nous avons une photo de cette communiante avec des personnages que l’on peut imaginer être son jeune frère Edouard et sa mère Berthe née Drouet.

Le look du jeune Edouard surprend un peu : cheveux longs, broderies au col et aux poignets … Pour un futur colonel ça fait tout drôle. Mais c’était la mode au début du 20ème siècle et on trouve de tels costumes aussi chez d’autres garçons de la famille à la même époque, je pense notamment au jeune Léon Boucher à Bayeux , et aux fils de Jules Cauderlier à Carentan et même à mon beau-père Raymond Chernet qui portait un habit strictement identique.

Edouard, Berthe et Denise Bouthreuil à Auvers. Circa 1914

Comme on ne peut pas croire qu’il n’y a que 2 ans d’écart d’age entre ces deux enfants là, il faut retenir que la communiante est l’ainée Agnès née en 1899. Nous sommes donc en 1909, 1910 ou 1911, c’est à dire avant la guerre et avant que les uns et les autres ne viennent vivre à Auvers.

On a aussi d’autres photos de famille au Château d’Auvers cette fois pendant la guerre.

Un jour de fête sans doute, Marcel est en permission, tout le monde est bien habillé. Il ne fait pas très chaud, c’est Noël peut-être.

Sur la photo de droite on a Marie-Louise fièrement entourée de ses 4 beaux enfants.

Madeleine,Suzanne, Marie-Louise,Charles et Marcel Lagouche, Auvers

Sur la photo ci-dessous ce sont exactement les même personnes, le même jour au même endroit. Seul le châle qui était posé sur la rambarde à droite en montant dans l’escalier est maintenant à gauche.

Mais surtout il y a deux personnes de plus : Tante Suzanne la patronne des lieux et cette jeune fille à gauche qui pourrait être Agnès Bouthreuil notre communiante et qui serait donc légèrement plus jeune que les filles Lagouche Suzanne et Madeleine ce qui parait tout à fait plausible.

Mais ce n’est qu’une hypothèse et il peut aussi s’agir d’une autre jeune fille.

Les familles Lagouche et Bouthreuil au Château d’Auvers (Manche) entre 1914 et 1919

Un autre jour au même endroit il se passe semble-t-il quelque chose de beaucoup plus triste. C’est qu’à Auvers nos familles ont aussi perdu des leurs.

La grand mère Hortense Bouthreuil née Cauderlier est décédée à Auvers en 1912.

Puis la petite Denise Bouthreuil est décédée de la grippe espagnole à Auvers en 1918, quelques semaines après la mort de son père Edouard Bouthreuil (père).

Serait-ce donc la jeune soeur de notre communiante que l’on enterre 7 ou 8 ans plus tard ?

Sur la photo ci-dessus prise à un endroit désormais familier on dénombre 6 femmes en grand deuil.

Trois nous sont maintenant bien connues. Si nous les numérotons de gauche à droite il s’agit en numéro 2 de ma grand-mère Suzanne Lagouche, en 3 de sa mère Marie-Louise et en 6 de Suzanne Bouthreuil directrice de l’institution.

Sur la photo de droite nous avons les mêmes personnes excepté que la jeune Madeleine a remplacé sa soeur Suzanne Lagouche.

Qui pourraient-être les trois autres femmes en noir de ces photos?

S’il s’agit bien de l’inhumation d’une fille Bouthreuil, il faut chercher du côté de sa mère Berthe née Drouet qui pourrait en 1918 être accompagnée de sa soeur Juliette et de leur mère Victorine Drouet née Brione.

Le couple aux jumelles et les femmes Lagouche vers 1914, peut-être au baptême des jumelles.

Mais cela peut aussi être l’inhumation de notre communiante Agnès, institutrice, qui décède un peu plus tard en 1920 à Carentan d’une péritonite. Les personnes présentes sur la photo seraient alors potentiellement les mêmes.

Enfin cela peut-être tout à fait autre chose car rien n’est documenté de façon sûre ici.

Et puis il y a le mystère du couple aux jumelles.

Les parents et leurs deux filles sont photographiés à deux reprises à l’extérieur.

Tout le monde est bien habillé comme s’il s’agissait d’une occasion particulière.

Le couple aux jumelles, Marie-Louise et Madeleine Lagouche vers 1918.

Et nous sommes à une époque où les Lagouche – au moins les femmes – vivent à Auvers.

On les voit au début toutes petites, peut-être le jour de leur baptême, dans les bras de leurs parents, avec les femmes Lagouche, leurs marraines peut-être.

Puis on les retrouve en petites filles de 4 ou 5 ans toujours avec des femmes Lagouche (Madeleine et Marie-Louise).

Mais je ne connais pas de jumelles dans la famille, et les photos ne sont pas prises dans notre escalier préféré. Il n’est donc pas certain que l’on soit bien à Auvers.

Les seules jumelles que nous connaissions sont celles du second mari de Louise Lagouche (1858-1919) qui s’appelait A. Lesauvage et était veuf et père de 4 enfants dont deux jumelles. L’ennui c’est que ces jumelles-là seraient beaucoup plus âgées que celles de ces photos.

Les amis d’infortune

Théatre à Auvers entre 1914 et 1919.
Une des plus jolies vues de l’escalier.

Il y a d’autres personnes et même d’autres familles échouées à Auvers pendant cette guerre.

Du point de vue photographique, il semble que la famille et les amis d’infortune ne se mélangent pas avec les soldats blessés.

Tout se passe comme si les “permanents” avait chacun un rôle dans l’activité de l’hôpital et un loisir commun, le théâtre, qu’ils pratiquaient pour distraire les blessés “de passage”.

Mr et Mme Roy à Auvers entre 1914 et 1919

Comme nous l’avons vu, les blessés changent souvent.

Cela permet sans doute de renouveler l’auditoire et de faire quelque économie de moyen sur le répertoire théâtral…

Même Suzanne Bouthreuil, religieuse (ou ancienne religieuse) se mêle à l’action !

L’action qui se passe où ?

A droite en bas de l’escalier du château d’Auvers, bien sûr.

Qui sont donc les acteurs de ces pièces de théâtre ?

Tout d’abord il y a les époux Roy.

Les familles Lagouche et Roy réunies de nouveau le 1er janvier 1921 quelque part mais pas à Auvers.

Monsieur Roy est militaire de toute évidence et il ne quitte guère son uniforme que pour jouer au théâtre.

Il est probable qu’un militaire avait la responsabilité de l’hôpital militaire d’Auvers, médecin peut-être ou simplement gradé en charge d’enregistrer les mouvements et les affectations des uns et des autres.

Comment savons nous leur nom à coup sûr ?

Le verso de cette carte de voeux

C’est que un peu plus tard, le 1er janvier 1921, les Lagouche et les Roy fêteront la nouvelle année tous ensemble quelque part.

A cette occasion ils ont signé une photo d’eux qu’ils n’ont pas envoyée.

Nous l’avons donc retrouvée un petit siècle plus tard dans les affaires de Charles qui en était sans doute l’auteur très habile.

Très habile car il a fallu faire la photo puis la tirer sur papier, que le papier sèche pour faire signer tout le monde avant qu’ils ne rentrent chez eux. C’est plus cool aujourd’hui avec WhatsApp.

Et tout çà pour ne pas l’envoyer !

Peut-être que la présence des 2 jeunes filles (qui sont sans doute soeurs vu qu’elles portent exactement la même robe, à l’instar des soeurs Lagouche) risquait d’être mal perçue par la destinataire c’est à dire Suzanne ?

On comprend pourtant facilement qu’ils aient voulu témoigner leur affection à celle qui les avait fait se rencontrer en leur offrant à tous l’hospitalité (c’est bien le mot qui convient) en ces années terribles encore dans toutes les mémoires.

Le jeune homme à la médaille

Ensuite on trouve un couple que l’on ne voit que sur ces scènes de théâtre.

Et puis enfin il y a des personnes qui sont acteurs de théâtre et sont photographiées seules.

Ainsi ce jeune homme dont on a un portrait. Il y porte une tenue un peu étrange mi-militaire mi-civile avec une médaille militaire.

Lui aussi joue au théâtre. Il est aussi peut-être sur la carte postale numéro 1 ci-dessous.

Enfin il y a cette demoiselle, “la jeune fille à l’escalier du château d’Auvers”.

Il me semble que c’est la cinquième soignante apparue sur la troisième photo des blessés ci-dessus.

Tout deux faisaient donc partie du staff de l’hôpital d’Auvers pendant cette période.

La jeune fille à l’escalier du château d’Auvers près Carentan 1914-1919

Datation au carbone 1914-18

Carte numéro 0, Le Chateau d’Auvers vers 1910

Tout le monde le sait, rien de tel que les végétaux fossilisés sur des photos pour dater les évènements.

Ici nous avons 3 végétaux importants, le grand arbre au fond à gauche du château, les palmiers devant l’aile droite du château et le lierre.

Sur la carte postale ancienne la plus courante du château (carte numéro 0), faite en hiver on voit un très grand arbre, qui semble couvert de lierre dans sa partie basse et qui occulte la vue. On remarque aussi entre les 2 fenêtres de droite de l’aile du château un tout jeune palmier. Il n’y a pour ainsi dire pas de lierre sur le mur du château.

Carte numéro 1, Le château d’Auvers entre 1914 et 1919

Mais il existe aussi un jeu de 3 cartes postales numérotées. La première représente le château sous un angle très proche de la carte précédente mais le grand arbre du fond a disparu. les palmiers ont bien grandi et du lierre a poussé sur le mur.

Nous sommes sûrs que ce jeux de cartes ont été faites par Charles Lagouche donc probablement entre 1914 et 1919 car nous avons trouvé dans ses affaires des tirages de ces photos sans impression du texte.

Détail de la carte postale numéro 1, Château d’Auvers près Carentan (Manche) entre 1914 et 1919

Et si on agrandit ces tirages originaux on découvre de nombreux personnages presque invisibles à l’oeil nu. On reconnait des soldats, des soignantes et même Marie-Louise Lagouche, toujours en robe noire, ici en grande conversation près de la porte avec madame Roy semble-t-il.

Carte numéro 2, Le pavillon du château d’Auvers 1914-1919

D’ailleurs je ne serais pas surpris que ce soit Monsieur Roy assis devant sur le muret et son jeune collègue de théâtre qui arrive de la droite, l’homme à la médaille.

Sur la carte postale numéro 2 intitulée Pavillon du château on constate que les militaires blessés sont nombreux et qu’ils y sont comme chez eux car ils sont assis sur les appuis de fenêtres.

Aucun doute c’est là qu’ils logeaient, on voit même un lit d’hôpital par une fenêtre du premier étage.

Carte numéro 3, Pensionnat des Sacré-Coeurs de Jésus et de Marie – Cour extérieure et dépendances 1914-1919

La troisième carte de la série est une vue extérieure du pensionnat.

C’est une vue animée par des pensionnaires qui sortent et s’étonnent de l’attirail du photographe.

A en croire cette série de cartes, le pensionnat serait donc resté opérationnel à Auvers en même temps que l’hôpital.

Le même endroit aujourd’hui

J’ai tendance à penser que cela n’est vrai qu’au début, en 1914 et qu’ensuite le pensionnat a dû être rapatrié au centre de Carentan, laissant des espaces pour accueillir plus de blessés.

C’est qu’en regardant bien les photos des blessés on constate que leurs lieux de vie sont meublés comme des écoles : pupitre, tableau noir et vestiaire à hauteur d’enfant.

Carte numéro 7. Remarquez les pupitres et les vestiaires, nous sommes clairement dans une ancienne salle de classe du pensionnat d’Auvers transformée en mess. Et on connait le nom de ces 5 personnes qui ont passé commande de copies de cette carte (voir ci-dessus).

La guerre finie, et les derniers blessés rentrés chez eux, la famille Lagouche rentre à Paris au 13 rue Custine.

Marie-Louise et Suzanne Lagouche devant le château d’Auvers c.1927.
Ici devant le pavillon du château d’Auvers près Carentan circa 1927.

Puis ils reviennent à Auvers, sans doute à l’occasion du décès de Suzanne en 1927.

Je n’ai pas l’acte de décès de Suzanne Bouthreuil qui n’est pas accessible en ligne et a pu être détruit en 1944, mais elle n’est pas présente sur ces photos et nos dames sont en tenue de deuil.

Nous voyons bien que le palmier, qui ne dépassait pas le haut de la fenêtre du rez-de-chaussé sur la carte postale numéro 1 faite vers 1914, atteint maintenant le milieu du premier étage !

Le troisième cliché de ce même jour.

Voici les trois clichés que nous avons de ce jour là.

Et qui prend ces photos me direz-vous?

Hé bien il n’y a que Charles pour faire ce genre de cliché.

Il n’y a que lui dont on accepterait la présence dans de telles circonstances.

Suzanne Bouthreuil est enterrée avec ses parents au cimetière de Carentan.

Ainsi s’achève l’aventure à Auvers près Carentan de Suzanne Bouthreuil, de sa soeur Marie-Louise Lagouche et de ses 4 enfants Charles le photographe, Suzanne la soignante improvisée, Marcel le militaire et la jeune Madeleine.

L’escalier du château d’Auvers 1914-1919.
De gauche à droite
Marcel et Madeleine Lagouche,
Peut-être Berthe et Agnès Bouthreuil,
Le couple aux jumelles,
Marie-Louise Lagouche

Et moi il ne me reste qu’un souhait …

… celui de faire …

… comme beaucoup dans ma famille …

… un beau selfie sur cet escalier.

Les questionnements :

Qui est la communiante ?
Est-ce bien Agnès Bouthreuil ?

Qui sont les parents des jumelles nées vers 1913 ?

Qui sont les femmes en deuil ?
Sont-ce Berthe, Juliette et Victorine Drouet ?

Qui sont les personnes photographiées seules et le couple qui joue du théatre?


L’album photo de Marie-Louise Bouthreuil

Je vous ai déjà parlé de ce petit album photo qui me faisait rêver lorsque j’étais enfant.

Une Bouteille à la mer !

L’objectif de cet article est de partager avec vous la totalité de son contenu pour avancer dans l’identification des personnes photographiées.

Il contient 14 photos qui sont toutes très anciennes, de la seconde moitié du 19ème siècle.

A ce stade seules 4 personnes sont identifiées avec certitude, il s’agit de Hortense Cauderlier et son mari Paul Bouthreuil en page 1 et des deux plus jeunes de leurs 3 enfants, Edouard(père) Bouthreuil à gauche et Suzanne Bouthreuil à droite de la page 3.

Photo de Marie-Louise Bouthreuil, la grande soeur de Suzanne et Edouard à la même époque vers 1880 qui n’est pas dans cet album.

Ce petit album a été retrouvé au milieu d’objets ayant appartenu à la seule personne de cette famille dont il manque la photo, la grande soeur Marie-Louise Bouthreuil, mon arrière-grand-mère qui épousera Charles Lagouche.

Pourtant on connait une photo d’elle de la même époque.

Aussi on peut raisonnablement penser que cet album lui appartenait, qu’elle l’a confectionné avec les photos de ses proches probablement quelque temps avant son mariage en 1888.

Pour donner toute l’information on présentera les photos recto et verso dans l’ordre où elles apparaissent dans l’album.

Page 1 Paul Bouthreuil et Hortense Cauderlier

Marie-Louise commence cet album par cette splendide photo de ses parents.

Voir l’article sur cette photo.

Pour essayer de comprendre la situation je crois qu’il faut voir qu’Hortense et Paul sont tous deux issus de fratries nombreuses de respectivement 13 et 11 enfants mais alors qu’Hortense est troisième dans sa fratrie et se mariera la première puis donnera leurs premiers petits enfants à ses parents, Paul lui est le petit dernier de sa fratrie.

D’ailleurs à leur mariage le 6 mai 1862, Paul est déjà orphelin de son père Edouard Edmond Bouthreuil depuis plus de 5 ans, alors que les parents d’Hortense, nos héros Henri et Stéphanie, n’ont que 47 ans.

Autre information importante pour cette analyse, les dates d’exercice de leur profession par les différents photographes.

Mes sources principales sont :
https://www.wikimanche.fr/Liste_des_photographes_de_la_Manche
http://www.portraitsepia.fr/
https://haut-de-forme-et-crinoline.org/photographes/

Il semble que :

– Grumeau a exercé à Cherbourg et à Carentan de 1868 à 1878.
– Gallot a exercé son art à Cherbourg sous son nom de 1862 à 1870.
– Rideau exerce dès 1860 et jusqu’à la fin du siècle
– Jules Desrez, le beau-frère d’Hortense, est photographe de 1873 à 1909
– Eugène Bernier, exerce boulevard de Bonne Nouvelle du printemps 1876 à juin 1880
– Hélios, c’est le nom sous lequel exercent en collaboration 2 photographes Berne Bellecour et Berthaud de 1867 à 1870.
– les photos signées “Charles photographie artistique Paris bd bonne nouvelle et bd Beaumarchais” sont également le fait de Charles Auguste Gallot, lorsqu’il est actif à Paris de 1876 à 1898.

Page 2 à gauche

Cette seconde photo de l’album interroge:
Est-une mère et son fils ou une grand-mère et son petit fils ?

On rêverait que ce soit le petit Paul à 2 ou 3 ans et sa maman ou sa grand-mère mais Paul est né en 1836 et en 1840 on ne faisait pas de telles photos.

Cette photo date plutôt des années 1860, 70 ou même 80. Il faut chercher plus tard.

Chez les Cauderlier on a un candidat, Edmond Arthur Cordelier, le petit dernier. Il naît alors que sa mère a 45 ans le 18 avril 1859 à Carentan. Sur cette photo, Marie-Louise nous présenterait donc sa grand-mère Stéphanie à l’age de 47 ou 48 ans avec son plus jeune fils, la photo serait faite vers 1862 ou 1863. C’est possible mais la photo me semble plus récente.

Chez les Bouthreuil en génération 2 on ne connait que deux garçons, deux Edouard.

Edouard Bouthreuil (père), le fils de Paul et Hortense né en 1867. Si c’est lui ici, on serait vers 1869 et sa grand-mère Eléonore née Beaumont aurait 72 ans sur la photo. Pourquoi pas, mais je trouve qu’elle a l’air plus jeune. A moins qu’il ne s’agisse de sa mère, Hortense, elle n’aurait alors que 30 ans mais pour le coup cette fois je trouve que la personne photographiée a l’air plus agée.

Autre hypothèse l’enfant s’appelle toujours Edouard mais son nom de famille est Robiquet. C’est le fils de Suzanne Bouthreuil et il est né le 18 octobre 1863 à Brillevast non loin de Cherbourg. Si c’est lui, on serait vers 1865 et sa grand-mère Eléonore n’aurait que 68 ans.

D’où la question ce petit il ressemble plus au jeune homme de la photo page 3 à gauche ci-dessous ou au bébé en page 6 à droite.

Dans tous les cas on a privilégié l’hypothèse que la dame soit une grand-mère. C’est juste que cet album semble avoir une certaine logique de construction: les parents, puis cette page, puis les frères et soeurs puis les oncles et tantes.

Page 2 à droite

Du coup on s’attend à ce que la photo d’en face dans l’album soit celle d’un grand-père.

Ce serait donc soit Edouard Edmond Bouthreuil qui est décédé le 2 décembre 1856 à une époque où le photographe Rideau n’exerçait pas. Mais en regardant cette photo (qui me faisait un peu peur étant enfant), je me demande s’il ne s’agit pas d’une photo d’un tableau d’une personne plutôt que de la personne elle-même. La photo serait faite pour être reproduite en nombre et distribuée.

Ou ce serait Henri Cauderlier, notre héros. En 1860 il a 45 ans. Celà n’est pas très convainquant.

A l’arrivée ces 2 photos gardent leur mystère (pour le moment).

Page 3 à gauche Edouard Bouthreuil (père)

Si Eugène Bernier n’est actif comme photographe que jusqu’en 1880, alors le jeune Edouard a au plus 13 ans sur ce cliché. Ce qui est bien possible. Etait-il dans un collège militaire pour avoir un tel costume ?

Page 3 à droite Suzanne Bouthreuil

Page 4 à gauche

Les deux photos de la page 4 sont clairement celles d’un couple.

D’après nos information sur les photos signées Helios, elles auraient été faites entre 1867 et 1870.

A cette date elles sont probablement celles d’un oncle et d’une tante de la propriétaire de cet album, Marie-Louise Bouthreuil.

Page 4 à droite

Côté maternel c’est à dire Cauderlier, les personnages de ces photos ne ressemblent pas à ceux des photos connues de la fratrie de génération 1.

La seule possibilité serait celle du couple dont nous ne connaissons pas de photos, Stéphanie Corderlier et Jules Auguste Barbanchon, né en 1849 et 1851 et mariés en 1876.

Mais ils sont trop jeunes pour ces photos faites plus de 6 ans avant leur mariage, et alors qu’ils n’auraient pas plus de 20 ans.

Côté paternel c’est à dire Bouthreuil, les couples de cette génération sont plus agés. Nous n’avons que 2 couples dont l’un (le couple Suzanne et Louis Robiquet) a une différence d’age de 24 ans ce qui ne semble pas être le cas ici.

Il ne nous reste donc comme candidats que le couple Estelle Julie Bouthreuil et Alfred Charles Duval, nés en 1832 et 1833, et qui se sont marié en 1863.

Ils auraient sur ces photos entre 34 et 48 ans, ce qui parait plausible.

Page 5 à gauche

On constate tout d’abord que les 2 photos de la page 5 sont celles d’un couple faites le même jour. Le photographe est le même et le décor aussi.

Page 5 à droite

Mais cette fois on reconnais cette dame, c’est Eugénie Cordelier, du coup on identifie que le monsieur sur la photo précédente est celle de Jules Victor Le Barbey.

Page 6 à gauche

En voilà un beau jeune homme romantique comme seul le 19ème siècle savait en faire …

Cette photo est clairement très ancienne du tout début des années 1860.

Pour moi il s’agit de Paul Bouthreuil avant qu’il n’adopte la moustache et une coiffure plus sage.

Un des éléments qui me font penser çà, ce sont ses mains qui sur ce cliché comme sur la première photo sont fortes et longues.

Page 6 à droite

Le photographe Gallot a exercé son art à Cherbourg de 1862 à 1870.

Le monsieur de cette photo semble donc être né au début du 19ème siècle.

On pense au couple Suzanne Albertine Bouthreuil et Louis Robiquet.

Sur la photo, lui n’a pas l’air commode. Louis est percepteur.

Elle aurait 24 ans de moins que lui, ils habitent à Brillevast non loin de Cherbourg et leur petit Edouard Louis est né le 18 octobre 1863.

S’il a un peu plus d’un an nous sommes début 1865, Suzanne a 40 ans et Louis 64.

Pour moi çà tient la route.

Une alternative charmante serait qu’il s’agisse des grands-parents de Marie-Louise, nos héros Henri et Stéphanie Cauderlier venus voir son petit frère Edouard Bouthreuil lorsqu’il avait 1 an donc en 1868 à Sainte-Croix-Hague à deux pas de Cherbourg.

Henri et Stéphanie auraient alors environ 53 ans. C’est ce qui me parait douteux sur la photo.

Page 7


La casquette du monsieur, avec son ruban circulaire et la marque de la ligne médiane ressemble beaucoup à celle de la garde mobile nationale qui n’a existé qu’entre 1868 et 1871.

Ce là semble cohérent avec le fait que le photographe Grumeau a exercé à Cherbourg et à Carentan de 1868 à 1878.

Page 8

Je trouve que cette dame ressemble beaucoup à celle de la photo de la page 6 à droite.

Page 9

Cette mauvaise photo est d’une technique différente, elle n’a pas d’inscription au verso.

Nous avons par ailleurs une autre photo plus ou moins semblable, c’est à dire de mauvaise qualité et représentant ce genre de scène où il est écrit au verso “1909 souvenir de la revue du 14 juillet à Carentan”.

Naissance surprise, rue Echo à Bayeux

Si reconnaitre un adulte sur une vieille photo est déjà une gageure, identifier un bébé est mission impossible.

Ce qui fait que jusque là j’avais plutôt délaissé cette photo de l’album.

Mais voilà qu’en voulant détacher une photo de l’autre côté de l’album pour illustrer un futur article sur les photos des demoiselles Cauderlier, j’ai détaché aussi cette photo-ci.

Berthe Marie Le Gallier, Caen 1881

Pas de chance, ou plutôt si !

Parce qu’au verso, quoi donc ? Une inscription mystérieuse, énigmatique et fascinante …

Mais de qui s’agit-il donc !?.. Le mystère est épais et l’enquête s’annonce rude.

OK la photo n’est pas terrible, mais faut-il rappeler que l’artiste s’appelle Baudelaire, que de peintre il est devenu photographe, vu que personne ne lui a encore jamais parlé de tenter la poésie…

En fait, avec toute les infos écrites au verso, date et lieu de naissance, c’est trop facile de retrouver parmi les 162 naissances de Bayeux en 1881 notre petite Berthe née en mars chez Léopold Cauderlier.

Sur son acte de naissance, on apprend que la maman de la petite Berthe est Adeline Le Gallier née Halley, c’est-à-dire la soeur d’Emelie Halley, la femme de Léopold Cauderlier.

Acte de Naissance de Berthe Marie Le Gallier
30 mars 1881 Rue aux Coqs à Bayeux
chez Léopold et Emelie Cauderlier

On remarque au passage qu’Adeline appelle sa soeur Amélie et non Emélie comme l’état civil.

On voit aussi que Léopold est venu signer l’acte de naissance de sa nièce par alliance.

Du coup on imagine bien la fierté des parents qui habitent à Caen d’envoyer une petite photo de leur enfant âgée de quelques mois à Léopold et Amélie.

Finalement cette petite photo, par l’acte très complet qu’elle nous fait découvrir, nous en apprend pas mal sur la fratrie d’Emélie Halley.

Jusque là nous ne connaissions que la liste des 6 membres de cette fratrie appelés à la succession de leur mère en 1884.

J’ai trouvé ce document aux archives notariales de Caen.

Et on y retrouve bien en 4ème position Adeline épouse Richard Le Gallier, les parents de la petite Berthe.

Fratrie venant à la succession Halley.
Archives départementales du Calvados

Amodiation, pétition et exhaure

Intro


Au départ je constate à regret que je ne dispose de presque rien concernant le couple Edouard Bouthreuil père et son épouse Berthe Drouet.

La tombe au cimetière de Carentan d’Edouard Bouthreuil père, de sa femme Berthe née Drouet et de leurs 2 filles Agnès et Denise.
c’est presque au milieu du cimetière à gauche de l’allée centrale.

Je me souviens précisément d’une photo que tante Denise m’a montrée de cette famille, les parents et leurs trois enfants tous assis dans une belle voiture. Mais je n’ai jamais (ou pas encore) retrouvé cette photo à Bayeux.

Je sais juste que le père et les deux filles vont disparaitre en l’espace de trois ans, entre 1918 et 1920, laissant seuls la mère Berthe et son jeune fils Parrain Edouard (je rappelle que chez les Bouthreuil on a 3 générations d’Edouard que nous appelons arbitrairement père, parrain -parce qu’il était le parrain de mon papa- et fils).

Si bien que j’en suis réduit, dans un premier temps, à “pomper” les photos et les infos que Frédérique a mises en ligne concernant ses grands-parents sur geni…

La concession minière de fer de Jurques

Mais bon, il reste internet, et là je découvre que Parrain Edouard Bouthreuil a écrit une pétition en 1969 (oui c’est le terme officiel quand on s’adresse à un corps constitué, ici un ministère) pour demander à renoncer à l’amodiation (disons concession si vous préférez) de mines de fer au nom des consorts Drouet (ses cousins du côté de sa mère et lui-même), héritiers de cette mine qui leur vient de leur grand-père Jules Constant Drouet.

Mine de fer du Calvados – Archives Départementales du Calvados

L’exploitation minière en Normandie au début du 20ème siècle est bien documentée sur internet :
– un document de référence intitulé “Concession des mines de fer de Jurques et de Mont-Pinçon (Calvados)” est disponible en ligne.

– plus récent, un document intitulé “Surveillance et prévention des risques miniers” mentionne également l’existence d’un puits Drouet.

La mine de Jurques dans le document de Jean de Maulde

– on trouve aussi un document ancien, de la fin des années 1910, plein de charme et de détails intitulé Les mines de fer et l’industrie métallurgique dans le département du Calvados par Jean de Maulde.

Ce que j’en comprends, c’est qu’après la guerre de 1870, la France perd la Lorraine, et avec elle ses plus gros gisements de minerai de fer. Pourtant les besoins ne cessent de croitre : c’est la pleine période de construction des voies ferrées, en particulier. Ceci explique l’engouement soudain et tardif pour le petit bassin minier normand, pourtant connu depuis le Moyen Âge. Même si le minerai n’est pas très riche, il suscite à nouveau l’intérêt. Dès 1875 les premières exploitations commencent. Au total, une quinzaine de concessions seront accordées, mais elles ne seront exploitées que par intermittence car peu rentables. De gros risques d’inondation pèsent sur les galeries. Il faut prévoir des exhaures, c’est-à-dire le détournement par puisage ou pompage des eaux d’infiltration des mines (désolé c’est le troisième mot du titre et il fallait que je le place). Des mouvements sociaux interrompent régulièrement l’exploitation. Les ouvriers désertent la mine pour s’occuper de leurs champs : on appelle cela ” la grève de moisson “. Pauvres patrons ! Et pauvres mineurs si mal payés qu’il leur faut avoir un deuxième travail !

Extrait de Surveillance et prévention des risques miniers

La concession de Jurques décrétée le 26 novembre 1895 au profit de Jules Constant Drouet s’étend sur 365 hectares situés sur les communes de Brémoy et de Jurques dans le Calvados.

Ces mines sont exploitées jusqu’en 1940, année de l’arrêt de l’extraction de minerai.

La demande de renonciation a finalement été faite le 25 juin 1969 par les consorts Drouet représentés par parrain Edouard Bouthreuil.

Il faut comprendre qu’une concession non exploitée, ce sont des risques et donc des frais d’assurance, sans revenu et sans espoir de revenu. Et les risques sont réels avec tous ces puits abandonnés en rase campagne, en dessous de ce qui est aujourd’hui un parc animalier qui reçoit des milliers de visiteurs par an. Le dernier accident notable date de janvier 1986 : un cheval est tombé dans le puits Drouet, et il n’a pu être sauvé.

Il était donc important pour nos consorts Drouet de réaliser les travaux de sécurisation demandés pour obtenir au plus vite la fin de cette concession.

Les travaux de fermeture ont été effectués en 1971, plus de 30 ans après l’arrêt de l’exploitation, et la renonciation a été acceptée le 16 mars 1972. Au total, l’exploitation a tout de même permis de produire 300 000 tonnes de minerai sur cinq périodes discontinues : 1895-1906, 1909-1912, 1921-1922, 1926-1927 et 1939-1940.

Source généalogique de la descendance de Jules Constant Drouet

Cette histoire nous donne (ci-dessous) un bijou pour généalogiste amateur : la liste des amodiataires héritiers de cette mine vers 1971, donc la liste exhaustive à une date donnée des héritiers vivants de l’ancêtre Jules Constant Drouet.

Oui parce qu’en généalogie comme pour Montaigne, on “marche plus sûr et plus ferme à mont qu’à val”, et pour être sûr d’avoir tous les descendants d’une personne, la seule bonne solution reste d’aller chercher la trace de sa succession.

Autre bonheur du généalogiste, décrypter l’illisible, et là on est servi.

Allez, on essaye de lire :

– Mademoiselle BAUDOUINS Madeleine, Marguerite, Juliette
– Monsieur DROUET Roger, Charles, Louis
– Monsieur BOUTHREUIL Edouard, Paul, Jules
– Monsieur DROUET Charles, Henri, Louis
– Madame LANGLOIS Odette, Marthe,
veuve de M. Georges Pierre DROUET
– Monsieur DROUET Guy, Pierre
– Madame DROUET Thérèse, Marie, épouse de M. CHIEU,
Pierre, Claude, Robert.

puis on cherche un peu partout pour retrouver tout ce petit monde et c’est ça qui est vraiment fun.

Généalogie descendante de Jules Constant Drouet

Ce coup ci on a de la chance : on les a tous les 7 ! Youpi.

Reprenons un peu tout ces gens un par un :

Génération 1

(cette numérotation est bien sûr conforme aux autres numérotations générationnelles de ce site)

Le couple fondateur Jules Constant Drouet et Geneviève, Modeste, Victorine Brione (ou Brionne) a d’abord pas mal de difficultés pour se marier. L’acte de mariage Drouet-Brione est un poème en prose où l’on ne comprend que dans les dernières lignes toute la dramaturgie qui s’est jouée dans la famille dans cette fin des années 1860.

Acte de mariage Drouet-Brione

En résumé, Jules (21 ans) est épris de Victorine (23 ans ; c’est par son troisième prénom qu’elle signe son acte de mariage) et ils veulent se marier, sauf que lui est encore mineur (“quant au mariage” comme dit l’acte, pas au sens de mineur dans une mine, même s’il en exploitera une plus tard). Et comme ses deux parents sont décédés ainsi que ses deux grands-mères, il revient aux deux grands-pères de donner leur consentement. Le grand-père paternel Drouet est d’accord (le Grand-Père OK comme on disait chez nous dans le Nord…) et il en fait part à son notaire.

Côté grand-père maternel c’est différent. Refus. Il faut dire que l’acte nous informe que la profession de la demoiselle est “domestique” et qu’elle habite dans la même rue que le jeune homme. Ceci aurait-il un rapport avec cela ? Le grand-père s’opposerait-il à une mésalliance ?

Jules Constant Drouet

Renversement de situation dans les deux dernières lignes de cet acte, le Procureur Impérial, véritable Deus ex machina, écrit une lettre pour autoriser ce mariage en dépit de l’avis du grand-père maternel.

Si on ajoute le problème d’orthographe du nom de la belle-mère, on comprend par l’acte lui-même qu’il a été un calvaire à obtenir.

Seulement voilà, la bébée Juliette, elle, elle a tenu son planning et au moment du mariage elle est déjà là. Les jeunes époux en profitent pour la reconnaître “Réellement leur fille, sortie de leurs oeuvres” dit l’acte. Au total ils auront 4 enfants, deux filles et deux garçons.

Sacré parcours tout de même pour cette jeune maman, Victorine, quand on sait qu’elle finira sa vie seule aux commandes d’une jolie petite industrie minière.

Dans un premier temps, c’est-à-dire jusqu’à ses 48 ans, Jules Constant Drouet est dans le commerce du vin et de produits alimentaires à Vire.

La place de l’Hôtel de Ville de Vire et son commerce de vin (en dessous de l’horlogerie à droite)

Comment et pourquoi Jules Constant se lance dans l’industrie minière, mystère, car pour obtenir par décret une concession il fallait sûrement venir avec un dossier en acier trempé.

En pratique il semble qu’il sous-traite l’exploitation à des industriels spécialisés. On le retrouve à Caen d’abord et finalement à Venoix, un petit village de 600 habitants à l’ouest de Caen (aujourd’hui annexé à la métropole) dont il est le maire lorsqu’il décède en 1913 à 66 ans.

Sa veuve Geneviève lui survivra 23 ans. Pour garder la bonne mine qu’on lui connaît (haha) elle retourne sans doute à Jurques, puisque c’est là qu’elle s’éteint le 23 mars 1936 à 90 ans (un bel âge pour l’époque, mine de rien).

Génération 2

Les 4 enfants de Jules et Victorine Drouet vont se marier et avoir des enfants.

Juliette Marie Drouet

Juliette Drouet

Juliette, l’ainée, est donc née à Vire le 26 février 1869, un bon mois avant le mariage de ses parents.

On la retrouve, 20 ans plus tard, toujours à Vire, le 7 mai 1889, lorsqu’elle épouse Jules Victor Baudouins (que l’on appelait Victor semble-t-il), de 10 ans son ainé.

C’est un beau militaire de carrière, capitaine d’Infanterie.

Ils ont 2 enfants (génération 3) :

Victor Baudouins

Un garçon, André Jules Emile, né le 13 novembre 1891 à Granville.
On peut donc raisonnablement penser qu’ils ont vécu à Granville peu après leur mariage.

Et une fille, Madeleine Marguerite Juliette, née le 14 octobre (très bonne date depuis 1066…) 1894 à Caen chez ses parents au 134 bis rue de Branville.

Puis Victor décède le 13 juin 1904 à Caen à l’âge de 45 ans à son domicile toujours situé au 134 bis rue de Branville.

134 bis rue de Branville à Caen
Image Google street view

Témoin dans son acte de décès, son beau-père Jules Constant Drouet est domicilié également rue de Branville à Caen mais sans précision du numéro.

Pour notre enquête c’est très intéressant, en recherchant dans les recensements on pourrait trouver s’ils sont au même numéro ou pas et aussi du coup on se dit que peut-être le mariage Bouthreuil-Drouet s’est déroulé à Caen. Malheureusement je ne le retrouve pas.

Juliette devient donc veuve à 35 ans avec deux ados de 13 ans et 10 ans.

André Baudouins

Son fils André suit les traces de son père et s’engage dans l’infanterie le 9 décembre 1909 à la mairie de Levallois-Perret.

Il a tout juste 18 ans et 26 jours, et pour s’engager il fallait avoir 18 ans révolus. Il est affecté au 28ème bataillon de Chasseurs à pied.

Il gravit très vite les échelons : Il est Caporal le 13 avril 1910, puis Sergent le 25 septembre, Sergent fourrier un an plus tard le 24 septembre 1911.

On sait tout çà grâce à son dossier militaire, comme on sait qu’il a les yeux bleus et qu’il mesure 1.61 m.

Dossier militaire de André Baudouins

Le 1er octobre 1913 il est admis comme élève à l’école militaire d’infanterie.

Il en sort sous-lieutenant à la fin de l’année scolaire le 2 août 1914.

Le lendemain, 3 août, l’Allemagne déclare la guerre à la France et envahit la Belgique en faisant fi de sa neutralité.

André est “tué à l’ennemi” le 6 septembre 1914 au col des Journeaux dans les Vosges. Il n’a pas 23 ans.

Sa petite soeur Madeleine Baudouins vivra beaucoup plus longtemps et elle figurera donc “en première ligne” dans notre liste des héritiers de Jules Constant Drouet en 1971.

Les tombes militaires du col des Journaux dans les Vosges.

On la trouve dans la succession en représentation de sa mère Juliette, qui était décédée le 10 octobre 1957 à Caen à la trop célèbre adresse du 93 rue Caponière, synonyme d’asile. C’est malheureusement le lieu de décès de plusieurs membres de notre famille.

Madeleine décèdera célibataire sans enfant à 85 ans le 24 mai 1984 à Caen.

Madeleine Baudouins

Une erreur dans son acte de décès (qui est trop récent pour être accessible publiquement) lui donnera comme patronyme Beaudouins avec un e, juste histoire de brouiller à nouveau les cartes.

Jules Henri Victor Drouet

Acte de naissance de Jules Henri Victor Drouet en 1871

Contrairement à son frère et à ses deux soeurs, Jules Henri Victor Drouet n’est pas né à Vire mais juste à côté, dans le village de Saint-Martin-de-Tallevende, le 11 octobre 1871 (ou peut-être la veille vu que le maire a oublié de nous préciser si le petit était du jour même ou pas !).

Dans la foulée le maire manque aussi le premier prénom (Geneviève) de sa mère qui signe Victorine.

De même, le prénom usuel de Jules Henri Victor était semble-t-il Henri, plutôt que Jules qui était le prénom de son père.

L’acte de naissance nous apprend tout de même qu’en 1871 son père Jules Constant Drouet est épicier et habite dans la commune. Le commerce du vin se serait donc étendu à d’autres marchandises.

Acte de naissance de Henriot Drouet à Caen en 1898.

Mais revenons à Jules Henri. A 27 ans il épouse à Anet le 16 juillet 1898 Louise Ismérie Dupont,native d’Anet en Eure-et-Loir. Il est fabricant horloger. Le jeune couple s’installe d’abord chez Jules Henri à Caen au 196 rue Saint-Jean. Eux aussi, comme ses parents avant lui, ont quelques problèmes avec les délais de mariage puisque leur fils ainé Henriot naitra à Caen le 28 août 1898 soit à peine plus d’un mois après le mariage de ses parents.
Du coup comme on note que les parents Drouet ne sont pas présents au mariage, on imagine qu’il s’est peut-être fait en petit comité.

Leur second fils Roger nait moins d’un an après, le 20 août 1899, mais à Anet cette fois, où Jules Henri est toujours fabricant horloger.

Dossier militaire de Henriot Drouet

En 1916, dès ses 18 ans révolus, Henriot s’engage pour 4 ans dans l’armée. Il demeure alors à Ouilly-le-Basset à coté de Falaise. Il est rendu à ses foyers en novembre 1920, ses 4 ans étant réalisés, et il s’installe alors à Anet.

Les 2 frères Henriot et Roger se marieront tous deux en 1922 et auront chacun un fils.

Roger épouse une jeune femme prénommée Ismérie comme sa mère (en second prénom), ce qui est quand même assez rare. Se peut-il qu’elle ait été sa filleule ?

Henriot est électricien et/ou mécanicien à Anet et pendant l’occupation il rejoint la Résistance, il est au nombre des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI).

Il est “tué au combat” dans le département tout proche de l’Eure. Il est déclaré “mort pour la France” le 19 août 1944 à l’âge de 45 ans 11 mois et 22 jours. (Sources Service historique de la Défense, Caen Cote AC 21 P 173660).

Quand on regarde ce qui se passait le 19 août 1944 dans ce secteur, on constate que les troupes allemandes refluaient mais que les combats faisaient rage.

Une autre personne est décédée peu avant, c’est leur maman Louise Ismérie Drouet née Dupont. La date de son décès interroge car le 26 mai 1944 est un jour de grand bombardement allié, à l’Est principalement mais à Chartres aussi, la préfecture de leur lieu de résidence. Louise Ismérie serait-elle l’une des 50 victimes civiles de ces bombardements ?

Naturellement dans notre liste d’héritiers on retrouve Roger (en 2éme ligne) et Charles Henri Louis le fils d’Henriot ( en quatrième ligne). Ce dernier a une descendance bien documentée sur geneanet.

Berthe Marie Drouet

Berthe Bouthreuil née Drouet

Berthe Drouet est la troisième de la fratrie, elle est née le 10 février 1877 à Vire.

Il ne m’a pas été possible de retrouver son acte de mariage avec Edouard Bouthreuil (père) et je n’ai trouvé aucune indication du lieu et de la date de ce mariage.

On sait tout de même que Berthe et Edouard auront trois enfants tous nés à Barfleur où Edouard père était percepteur des contributions directes :

Agnès née le 14 juin 1899, Denise née le 14 avril 1904 et Edouard (parrain) né le 6 mai 1906.

Comme déjà dit au début de cet article, cette famille va vivre trois années terribles :
en 1918 Edouard père décède à Périers ainsi que la petite Denise à Auvers.

Le 11 avril 1920 c’est Agnès qui décède à Carentan et Berthe se retrouve seule avec le jeune Edouard qui n’a que 14 ans.

Edouard fera une carrière militaire. Le schéma est très proche de celui qui est arrivé à sa soeur Juliette 14 ans plus tôt, mais avec plus de chance dans la vie pour Edouard.

Et c’est, comme sa soeur, au tristement connu 93 rue Caponière à Caen, que Berthe décède le 27 décembre 1953, 3 ans avant sa soeur ainée Juliette.

C’est ainsi qu’Edouard (parrain) se retrouve donc seul représentant de sa mère à la succession de son grand-père Jules Constant Drouet.
Il est en troisième ligne du document.

Georges Pierre Drouet

Pierre Drouet

Georges Pierre Drouet que l’on appelle Pierre est le petit dernier de la fratrie. Il est né le 7 mai 1882 à Vire.

Il s’est marié deux fois :

Une première fois en 1911 à Saint-Pierre-du-Fresne dans le Calvados avec Blanche Briard.

Ils ont un fils, Guy Pierre Drouet, que l’on retrouve à la succession.

Pierre et Blanche divorcent le 30 octobre 1918.

Odette Drouet née Langlois

Pierre se remarie le 22 janvier 1953 à Jurques (14) avec Odette Langlois (1901-2000). Ils ont une fille, Thérèse Drouet, qui épouse Pierre Chieu. Thérèse figure dans la liste des héritiers.

Pierre décède à Jurques le 21 décembre 1965.

En résumé, on retrouve à la succession en représentation de Pierre, ses deux enfants issus chacun d’un de ses mariages, et sa deuxième épouse Odette.

En regardant les dates il semble peu probable que Thérèse soit née après le mariage de ses parents en 1953.

Car en 1953 son père a 71 ans et sa mère 52 !

De plus, on sait que Thérèse est mariée en 1971 . Si elle était née en 1953 elle aurait tout juste 18 ans.

Il est plus probable que le mariage de Pierre avec Odette Langlois soit une sorte de régularisation avec pour conséquence la présence d’Odette à la succession alors que la première épouse de Pierre, qui est toujours vivante, n’y est pas en raison du divorce.

Conclusion

Les sites généalogiques et les archives en ligne m’ont permis de retracer les grandes lignes de l’histoire de cette famille.

Si l’objectif de retrouver tous les héritiers mentionnés sur la demande d’abandon des droits sur la concession de la mine a été atteint, je reste avec le regret de ne pas avoir tellement avancé sur l’histoire de Berthe et Edouard, qui était pourtant l’objectif initial, par absence de leur acte de mariage. J’espérais, en retraçant le parcours du père de Berthe, découvrir son lieu de résidence et partant le lieu du mariage de Berthe et Edouard, mais je n’ai pas trouvé cette information.