La communion d’André et Henriette Cauderlier à Bayeux le 30 mai 1920

Photo de groupe, communion d’Henriette et André Cauderlier, Bayeux 1920
Photo attribuée à Charles Lagouche

Voila bien l’une des plus jolies photos de famille qui nous soient parvenues.

Nous sommes à Bayeux, rue aux Coqs, dans la cour devant le porche.

C’est la communion “commune” d’Henriette Cauderlier et de son grand frère André. Elle porte une tenue de communiante et il a lui aussi un brassard de communiant. Au début du siècle les filles faisaient leur communion un an plus tôt que les garçons, et tous deux n’ont qu’un an d’écart.

Communion d’Henriette et André Cauderlier, Bayeux 1920
Photo attribuée à Charles Lagouche

Nous sommes le 30 mai 1920 (source interview de André Cauderlier sénior).

Ceux qui connaissent les lieux remarqueront qu’à gauche le “petit bureau” n’existe pas encore, c’est une remise.

A cette époque les photos de groupes en extérieur ne sont pas encore très courantes. Comme 3 des 4 enfants Lagouche sont sur la photo et que le quatrième Charles, qui est photographe, n’y est pas, on peut imaginer que c’est Charles qui prend la photo comme il le fait souvent dans ces années là car de plus il n’y a pas sur ces photos le cachet de Leprunier, le photographe de famille à Bayeux à cette époque.

Par chance, j’ai demandé à Tante Denise, au début des années 1990, de m’aider à identifier les personnes présentes sur cette photo.

Nous connaissons donc le nom de toutes les personnes présentes ici par ce croquis écrit à deux mains, la mienne et celle de Tante Denise :

Identification des personnes de la photo de groupe ci-dessus faite par Denise Cauderlier c.1990

Et cette photo nous interroge, elle nous questionne tant sur les présents que sur les absents.

Emélie Cauderlier née Halley et l’ainé de ses petits enfants, Georges Boucher, c.1900

Les absents d’abord, et en premier lieu la grand-mère paternelle des communiants, Emélie Cauderlier née Halley. Elle habite ici, dans cette maison où elle décèdera en 1927, soit plus de 7 ans après cette photo. Alors soit elle est fâchée soit elle n’aime pas les photos…

Je penche pour cette seconde hypothèse car elle n’est pas présente, non plus, lors de la communion d’un autre de ses autre petits-fils, Léon Boucher quelques années auparavant. En fait on a juste aucune photo d’elle à cette époque !

Les dernières photos que nous connaissons d’elle datent des années 1900 avant la mort de son mari Léopold, comme celle-ci où son petit-fils ainé Georges Boucher, né le 1er février 1897, a environ 3 ans.

La communion de Léon Boucher Bx c.1915

Dans un premier temps j’avais cru la reconnaitre dans la personne à gauche de la photo. Mais Tante Denise nous dit qu’il s’agit de Madame Guizot, leur première professeure de dentelle de Bayeux.

On note que cette même dame en noir (vêtue de dentelles authentiques sans doute) est également présente sur la photo de la communion de Raymond De La Haye que l’on n’imagine pas faire de la dentelle à cette époque très genrée !

La communion de Raymond De La Haye c.1921

Pour moi l’explication viendrait plutôt d’une plus grande proximité amicale avec les enseignantes normandes après le mariage tout récent (en 1919) de Francis De La Haye avec Jeanne née Mattray qui était alors institutrice dans la petite école du sacré-coeur de Bayeux.

On trouve en effet, non seulement cette Madame Guizot mais également les cousines Lagouche dont on sait qu’elles participaient aux enseignements de l’Institution Notre Dame de Carentan où notre communiante Henriette est probablement déjà -ou va prochainement- arriver en pension.

Enfin lors de l’autre communion, celle de Raymond De La Haye, est aussi présente la directrice de la petite école, Mademoiselle Levallois, qui restera une amie de la famille et que l’on retrouvera longtemps et sur de nombreuses photos.

Mise en vente aux enchères publiques en 1923 d’une partie des biens immobiliers de la succession de Léopold Cauderlier

Autres absents, la famille Boucher. Si Marthe, la maman des communiants a obtenu la présence des deux tiers de ses frères et soeurs (Francis et Cécile), et que seul Louis, qui habite le Cambraisis dans le Nord, fait défaut, Henri, lui, n’a pas obtenu sur cette photo la présence de sa soeur Jeanne, de son beau-frère Georges Boucher et de leurs trois fils qui pourtant habitent là, juste là à l’arrière-plan de la photo.

On peut penser qu’il y a un petit différent entre eux, une question d’héritage par exemple, qui ferait qu’on n’aura de moins en moins de photos de la famille Boucher à partir des années 20. On sait que les biens immobiliers de la succession de Léopold seront vendus aux enchères, cela peut indiquer qu’une entente sur les prix n’a pas été possible à l’amiable entre les héritiers.

Mais on peut aussi penser que les communions étant des évènements communs à toute une classe d’âge de la paroisse, et Georges Boucher étant de Bayeux et ayant au moins un frère, la famille Boucher est tout simplement invitée dans une autre communion, celle d’un neveu ou d’une nièce du côté de Monsieur par exemple. Surtout qu’on a encore des cartes postales échangées entre les deux familles en 1921 et 1922.

C’est donc probablement après, vers 1922, que s’installe une forme de distanciation entre les familles Boucher et Cauderlier.

Si la soeur d’Henri Cauderlier n’est pas présente, ses cousins Gancel, Lagouche et les Cauderlier de Dinard, sont en revanche multi-représentés.

Pour les Lagouche on a vu le rapprochement via le pensionnat de Carentan/Auvers.

Pour les Gancel on peut aussi expliquer le rapprochement car on sait que Maurice Gancel a vécu à Bayeux rue aux Coqs chez Henri Cauderlier, le cousin de son père Henri Gancel -présent sur la photo- vu qu’il y était domicilié lors du recensement de 1911.

Recensement de Bayeux en 1911, Archives départementales du Calvados

En 1911, Maurice Gancel ne travaille pas pour Henri Cauderlier, il est mécanicien pour l’entreprise “Minger” d’après ce document.

Enfin il y a Roger Cauderlier et Germaine Cauderlier qui sont venus de Dinard et c’est une chance pour nous car nous n’avons pas trop de photos d’eux.

Je vous entends qui vous dites : mais c’est qui ces Cauderlier là ?

C’est normal je ne vous en ai pas encore parlé. Ce sont 2 des 6 enfants qu’Arthur Cauderlier le fils d’Augustin de génération 1 a eu de sa femme et néanmoins cousine Jeanne Barbanchon la fille de Stéphanie Cauderlier également de génération 1.

Semblant de rien le fait que 2 des enfants d’Arthur Cauderlier soient à cette communion en 1919 signifie que les familles ne sont pas fâchées, et ça me renforce dans l’idée que la faillite de Léopold pourrait être venue d’un autre Arthur.

Alors voyez-vous, non seulement cette photo est splendide, mais en plus c’est une mine de renseignements !

Attention Fragile !

C’est encore dans un album photo de Bayeux que j’ai trouvé ce cliché inattendu.

1913 – Adalbert François – Maison Cauderlier
1913 – Adalbert François -Détail

Alors que l’album présente des photos en couleurs des années 50, au milieu, il y en a une, datée de 1913, qui est intitulée “Adalbert François – Maison Cauderlier”.

Petrificus totalus ! A l’évidence la scène a totalement pétrifié sur place deux jeunes Normandes revenant de l’école. C’est que le photographe sur le trottoir d’en face devait être assez cocasse avec son trépied et sa cape d’invisibilité.

Pendant ce temps notre ami essaie de sourire derrière sa moustache avec pas mal de kilos d’une marchandise fragile suspendue à son biceps droit tout en essayant d’imaginer la signification du mot “instantané”.

Parce que c’est parfois fragile les marchandises de la maison Cauderlier.

Henri Cauderlier – Rue aux Coqs -Bayeux

Pas tant les sacs de 50kg de sel qui font depuis toujours la réputation de l’établissement, mais les produits qui progressivement diversifient l’offre de notre établissement à destination des épiceries du Bessin.

Voyez plutôt cette facture de 1927 : Mademoiselle Fossey a bien pris un sac de sel à 56.50 francs, mais le total sur six mois fait 13 fois plus !

Facture Henri Cauderlier 1927 – Archives Départementales du Calvados
Fiche Matricule – Archives départementales du Calvados

Bien sûr, il y a toujours eu des commis pour assurer les livraisons, alors on peut se demander pourquoi seul Adalbert François a eu l’honneur de figurer dans l’album de famille.

Pour moi il faut regarder la date.

En 1913, Adalbert François a visiblement acquis une certaine aisance dans son emploi et la guerre qui va suivre va envoyer au front son patron pour presque 5 ans.

Il est possible qu’il soit devenu l’homme providentiel, car lui, il a été exempté en 1900 pour bronchite chronique puis de nouveau en décembre 1914 pour faiblesse relative. C’est fragile aussi les jeunes gens !

Le dossier militaire de Paul Adalbert François nous apprend aussi qu’il habite au 18 de la rue du marché à Bayeux.

Effectivement on le trouve bien à cette adresse sur le recensement de Bayeux en 1921 où il est employé de commerce mais plus pour la maison Cauderlier, non, …

Recensement Bayeux 1921 – Archives départementales du Calvados

…, mais pour l’entreprise Morlent, autrement dit la fabrique de porcelaine de Bayeux.

Attention, la porcelaine… c’est fragile aussi…

Un jour à la campagne à Gaël en 1954

Gaël 1954

C’est dans les album photos de Tante Denise à Bayeux qu’on retrouve 4 photos d’une belle journée passée en 1954 à Gaël.

Jules Le Barbey, sa femme Henriette, leur fils Jean, sa belle soeur Denise et sa belle-mère Marthe sont venus voir la famille de Jules à Gaël.

Gaël 1954

En constatant que sur chacune des photos il manque soit tante Denise soit Jules on en déduit qu’ils sont 2 photographes à se partager le même appareil photo, sans doute celui de Tante Denise, puisque c’est dans son album qu’on retrouve ces photos.

Gaël 1954

Sont-ils venus en voiture ? sans doute.

Ont-il fait une escale lors d’un circuit plus vaste ou sont-ils venus exprès ?

Pourquoi Nizou n’est-elle pas là ?

Comment s’est déroulé cette journée ?

Devant la maison à Gaël en 1954

Ces gens là se connaissent-ils bien ? se voient-ils souvent ?

Et surtout et avant tout qui sont les autres personnes que nous avons là ?

Il y a cette dame juste devant Marthe.

Avec son tablier on dirait bien qu’elle est chez elle.

Et puis il y a ce monsieur en sabots qui a l’air d’être chez lui, lui aussi.

Et aussi les trois autres qui forment comme une petite famille.

J’ai bien une idée mais il faudrait être sûr…

A compléter, …

Madame Alfred Duval née Estelle Julie Bouthreuil

Acte de décès d’Estelle Julie Bouthreuil veuve Duval.

Etrange rencontre pour moi que celle de Madame Alfred Duval née Estelle Julie Bouthreuil.

Au début des années 1990, Arlette et moi avons visité les archives municipales de la ville de Carentan à la recherche d’actes d’état civil qui se trouvent aujourd’hui en un clic sur internet.

Le hasard – dernière page avant les tables annuelles – nous a fait tomber sur l’acte de décès, le 31 décembre 1917, d’Estelle Julie Bouthreuil veuve Duval. Le nom de Bouthreuil attire mon attention. Les parents d’Estelle sont clairement les mêmes que ceux de notre aïeul Paul Just Bouthreuil.

Faire-part de décès d’Hortense Bouthreuil née Cauderlier

Pour obtenir la copie de l’acte nous en avons fait une photo argentique que nous avons ensuite scannée en noir et blanc au scanner du bureau avant de rapporter précieusement l’image à la maison sur une disquette.

Une vingtaine d’années plus tard nous retrouvons Estelle Julie sur geni ce qui nous permet de déposer le précieux fichier pour documenter la fiche geni.

Puis l’analyse de la sombre fratrie à laquelle elle appartient nous fait retrouver son acte de mariage. Estelle a épousé Alfred Duval qui travaille à l’époque à Paris.

L’analyse des photos de l’album attribué à Marie-Louise Lagouche née Bouthreuil me fait suspecter que l’une d’elles représente Estelle Julie.

Photo possible d’Estelle Julie Bouthreuil.

Mais “Est-ce-t-elle” ? comme dirait l’autre.

En relisant le faire-part de décès de sa belle-soeur Hortense, (qui a épousé son jeune frère Paul Bouthreuil), nous sommes un peu tristes pour elle d’en déduire qu’elle n’a pas eu d’enfant.

Elle y apparait en effet comme Madame veuve Duval, mais aucune mention n’est faite d’enfant ou de petits-enfants, ce qui signifie qu’aucun n’est vivant à cette date en 1912.

Le dernier rebondissement, c’est la découverte aujourd’hui 31 décembre 2020, 103 ans jour pour jour après son décès, dans des vieux papiers Lagouche à Dennemont, de 3 cartes postales adressées à Madame Duval, rue Holgate à Carentan en 1914.

Première carte recto

Ces cartes posent beaucoup de questions.

La première a été envoyée par Charles Lagouche à Madame Duval le 18 décembre 1914 de Bordeaux. Il s’y présente lui-même très élégant et conduisant un cabriolet. Quel style !

Première carte verso
De ce que j’en comprends nous avons ici :
Germaine, Irma, Marie-Louise et Suzanne

Les deux autres cartes ont des tirages photographiques de mauvaise qualité qui ont mal supporté les années. Les photos sont très pâles, peu contrastées et jaunies. Heureusement une fois numérisées on peut améliorer les choses.

Sur l’une on distingue 4 femmes dans une forêt en hiver, vêtues de fourrures, à la date du 8 mars 1914.

Au verso seulement l’adresse “Madame Duval à Carentan Manche”.

Suzanne Lagouche et la jeune Germaine dont on ne sait rien, sauf ses mensurations ….

Sur la dernière ne figurent que les deux plus jeunes femmes dans cette même forêt habillées tout pareillement. La jeune fille s’est hissée à la hauteur de son ainée. Cette fois la carte est rédigée, et a été postée. On y lit :

“Mercredi 20 mars. Chère Madame Duval, Pour vous montrer que Germaine est grande, la voici à côté de Melle Suzanne elle est presque de sa taille. Elle pèse 40 K. mesure 1m49 et chausse du 36 c’est vous dire qu’elle n’est pas dans les petites. A un de ces jours une longue lettre ( un temps épouvantable à Paris ). Yeux toujours en mauvais état. Il faut de la patience. Bons baisers Irma”

Je n’ai aucune idée de qui sont Irma et Germaine.

Carte envoyée à Madame Duval

Mais ces cartes, comment sont-elles arrivées jusqu’à moi ?

Deux de ces cartes postales sont affranchies et oblitérées, adressées Rue Holgate à Carentan. Il est donc certain qu’elles y sont arrivées et y ont séjourné. Elles ont été tenues en main et lues par Estelle Julie qui les a soigneusement rangées dans ses affaires.

Mais à la mort d’Estelle, rue Holgate à Carentan ce 31 décembre 1917, qui reste-t-il dans cette famille pour s’occuper des vieilles cartes restées là ?

Des neveux et nièces.

Il reste, les enfants de Paul :
– Marie-Louise, mon arrière grand-mère alors veuve, réfugiée à Auvers avec ses 4 enfants,
– sa soeur Suzanne, la directrice de l’institution Notre-Dame
– son frère Edouard, Berthe, l’épouse de celui-ci, et leurs 3 enfants, qui vivent à Bréhal.

Il reste aussi possiblement un autre neveu, s’il est toujours vivant, il s’appellerait Edouard Louis Robiquet ; c’est le fils de Virginie, la seule soeur d’Estelle qui a eu un enfant.

Alors il est bien possible qu’il soit revenu à Marie-Louise et Suzanne, parce que ce sont des femmes et qu’elles habitaient à côté, la lourde tâche de s’occuper des affaires d’Estelle.

Dans ce cas les cartes sont passées de Carentan à Auvers pour rentrer ensuite à Paris, où elles ont été prises en charge par ma grand-mère Suzanne ou son frère Charles Lagouche pour atterrir à Dennemont.

Mais alors il y a peut-être d’autres documents venant d’Estelle au même endroit …

Joli voyage en attendant pour ces petites cartes.

Bonne année 2021.

L’album photo de Marie-Louise Bouthreuil

Je vous ai déjà parlé de ce petit album photo qui me faisait rêver lorsque j’étais enfant.

Une Bouteille à la mer !

L’objectif de cet article est de partager avec vous la totalité de son contenu pour avancer dans l’identification des personnes photographiées.

Il contient 14 photos qui sont toutes très anciennes, de la seconde moitié du 19ème siècle.

A ce stade seules 4 personnes sont identifiées avec certitude, il s’agit de Hortense Cauderlier et son mari Paul Bouthreuil en page 1 et des deux plus jeunes de leurs 3 enfants, Edouard(père) Bouthreuil à gauche et Suzanne Bouthreuil à droite de la page 3.

Photo de Marie-Louise Bouthreuil, la grande soeur de Suzanne et Edouard à la même époque vers 1880 qui n’est pas dans cet album.

Ce petit album a été retrouvé au milieu d’objets ayant appartenu à la seule personne de cette famille dont il manque la photo, la grande soeur Marie-Louise Bouthreuil, mon arrière-grand-mère qui épousera Charles Lagouche.

Pourtant on connait une photo d’elle de la même époque.

Aussi on peut raisonnablement penser que cet album lui appartenait, qu’elle l’a confectionné avec les photos de ses proches probablement quelque temps avant son mariage en 1888.

Pour donner toute l’information on présentera les photos recto et verso dans l’ordre où elles apparaissent dans l’album.

Page 1 Paul Bouthreuil et Hortense Cauderlier

Marie-Louise commence cet album par cette splendide photo de ses parents.

Voir l’article sur cette photo.

Pour essayer de comprendre la situation je crois qu’il faut voir qu’Hortense et Paul sont tous deux issus de fratries nombreuses de respectivement 13 et 11 enfants mais alors qu’Hortense est troisième dans sa fratrie et se mariera la première puis donnera leurs premiers petits enfants à ses parents, Paul lui est le petit dernier de sa fratrie.

D’ailleurs à leur mariage le 6 mai 1862, Paul est déjà orphelin de son père Edouard Edmond Bouthreuil depuis plus de 5 ans, alors que les parents d’Hortense, nos héros Henri et Stéphanie, n’ont que 47 ans.

Autre information importante pour cette analyse, les dates d’exercice de leur profession par les différents photographes.

Mes sources principales sont :
https://www.wikimanche.fr/Liste_des_photographes_de_la_Manche
http://www.portraitsepia.fr/
https://haut-de-forme-et-crinoline.org/photographes/

Il semble que :

– Grumeau a exercé à Cherbourg et à Carentan de 1868 à 1878.
– Gallot a exercé son art à Cherbourg sous son nom de 1862 à 1870.
– Rideau exerce dès 1860 et jusqu’à la fin du siècle
– Jules Desrez, le beau-frère d’Hortense, est photographe de 1873 à 1909
– Eugène Bernier, exerce boulevard de Bonne Nouvelle du printemps 1876 à juin 1880
– Hélios, c’est le nom sous lequel exercent en collaboration 2 photographes Berne Bellecour et Berthaud de 1867 à 1870.
– les photos signées “Charles photographie artistique Paris bd bonne nouvelle et bd Beaumarchais” sont également le fait de Charles Auguste Gallot, lorsqu’il est actif à Paris de 1876 à 1898.

Page 2 à gauche

Cette seconde photo de l’album interroge:
Est-une mère et son fils ou une grand-mère et son petit fils ?

On rêverait que ce soit le petit Paul à 2 ou 3 ans et sa maman ou sa grand-mère mais Paul est né en 1836 et en 1840 on ne faisait pas de telles photos.

Cette photo date plutôt des années 1860, 70 ou même 80. Il faut chercher plus tard.

Chez les Cauderlier on a un candidat, Edmond Arthur Cordelier, le petit dernier. Il naît alors que sa mère a 45 ans le 18 avril 1859 à Carentan. Sur cette photo, Marie-Louise nous présenterait donc sa grand-mère Stéphanie à l’age de 47 ou 48 ans avec son plus jeune fils, la photo serait faite vers 1862 ou 1863. C’est possible mais la photo me semble plus récente.

Chez les Bouthreuil en génération 2 on ne connait que deux garçons, deux Edouard.

Edouard Bouthreuil (père), le fils de Paul et Hortense né en 1867. Si c’est lui ici, on serait vers 1869 et sa grand-mère Eléonore née Beaumont aurait 72 ans sur la photo. Pourquoi pas, mais je trouve qu’elle a l’air plus jeune. A moins qu’il ne s’agisse de sa mère, Hortense, elle n’aurait alors que 30 ans mais pour le coup cette fois je trouve que la personne photographiée a l’air plus agée.

Autre hypothèse l’enfant s’appelle toujours Edouard mais son nom de famille est Robiquet. C’est le fils de Suzanne Bouthreuil et il est né le 18 octobre 1863 à Brillevast non loin de Cherbourg. Si c’est lui, on serait vers 1865 et sa grand-mère Eléonore n’aurait que 68 ans.

D’où la question ce petit il ressemble plus au jeune homme de la photo page 3 à gauche ci-dessous ou au bébé en page 6 à droite.

Dans tous les cas on a privilégié l’hypothèse que la dame soit une grand-mère. C’est juste que cet album semble avoir une certaine logique de construction: les parents, puis cette page, puis les frères et soeurs puis les oncles et tantes.

Page 2 à droite

Du coup on s’attend à ce que la photo d’en face dans l’album soit celle d’un grand-père.

Ce serait donc soit Edouard Edmond Bouthreuil qui est décédé le 2 décembre 1856 à une époque où le photographe Rideau n’exerçait pas. Mais en regardant cette photo (qui me faisait un peu peur étant enfant), je me demande s’il ne s’agit pas d’une photo d’un tableau d’une personne plutôt que de la personne elle-même. La photo serait faite pour être reproduite en nombre et distribuée.

Ou ce serait Henri Cauderlier, notre héros. En 1860 il a 45 ans. Celà n’est pas très convainquant.

A l’arrivée ces 2 photos gardent leur mystère (pour le moment).

Page 3 à gauche Edouard Bouthreuil (père)

Si Eugène Bernier n’est actif comme photographe que jusqu’en 1880, alors le jeune Edouard a au plus 13 ans sur ce cliché. Ce qui est bien possible. Etait-il dans un collège militaire pour avoir un tel costume ?

Page 3 à droite Suzanne Bouthreuil

Page 4 à gauche

Les deux photos de la page 4 sont clairement celles d’un couple.

D’après nos information sur les photos signées Helios, elles auraient été faites entre 1867 et 1870.

A cette date elles sont probablement celles d’un oncle et d’une tante de la propriétaire de cet album, Marie-Louise Bouthreuil.

Page 4 à droite

Côté maternel c’est à dire Cauderlier, les personnages de ces photos ne ressemblent pas à ceux des photos connues de la fratrie de génération 1.

La seule possibilité serait celle du couple dont nous ne connaissons pas de photos, Stéphanie Corderlier et Jules Auguste Barbanchon, né en 1849 et 1851 et mariés en 1876.

Mais ils sont trop jeunes pour ces photos faites plus de 6 ans avant leur mariage, et alors qu’ils n’auraient pas plus de 20 ans.

Côté paternel c’est à dire Bouthreuil, les couples de cette génération sont plus agés. Nous n’avons que 2 couples dont l’un (le couple Suzanne et Louis Robiquet) a une différence d’age de 24 ans ce qui ne semble pas être le cas ici.

Il ne nous reste donc comme candidats que le couple Estelle Julie Bouthreuil et Alfred Charles Duval, nés en 1832 et 1833, et qui se sont marié en 1863.

Ils auraient sur ces photos entre 34 et 48 ans, ce qui parait plausible.

Page 5 à gauche

On constate tout d’abord que les 2 photos de la page 5 sont celles d’un couple faites le même jour. Le photographe est le même et le décor aussi.

Page 5 à droite

Mais cette fois on reconnais cette dame, c’est Eugénie Cordelier, du coup on identifie que le monsieur sur la photo précédente est celle de Jules Victor Le Barbey.

Page 6 à gauche

En voilà un beau jeune homme romantique comme seul le 19ème siècle savait en faire …

Cette photo est clairement très ancienne du tout début des années 1860.

Pour moi il s’agit de Paul Bouthreuil avant qu’il n’adopte la moustache et une coiffure plus sage.

Un des éléments qui me font penser çà, ce sont ses mains qui sur ce cliché comme sur la première photo sont fortes et longues.

Page 6 à droite

Le photographe Gallot a exercé son art à Cherbourg de 1862 à 1870.

Le monsieur de cette photo semble donc être né au début du 19ème siècle.

On pense au couple Suzanne Albertine Bouthreuil et Louis Robiquet.

Sur la photo, lui n’a pas l’air commode. Louis est percepteur.

Elle aurait 24 ans de moins que lui, ils habitent à Brillevast non loin de Cherbourg et leur petit Edouard Louis est né le 18 octobre 1863.

S’il a un peu plus d’un an nous sommes début 1865, Suzanne a 40 ans et Louis 64.

Pour moi çà tient la route.

Une alternative charmante serait qu’il s’agisse des grands-parents de Marie-Louise, nos héros Henri et Stéphanie Cauderlier venus voir son petit frère Edouard Bouthreuil lorsqu’il avait 1 an donc en 1868 à Sainte-Croix-Hague à deux pas de Cherbourg.

Henri et Stéphanie auraient alors environ 53 ans. C’est ce qui me parait douteux sur la photo.

Page 7


La casquette du monsieur, avec son ruban circulaire et la marque de la ligne médiane ressemble beaucoup à celle de la garde mobile nationale qui n’a existé qu’entre 1868 et 1871.

Ce là semble cohérent avec le fait que le photographe Grumeau a exercé à Cherbourg et à Carentan de 1868 à 1878.

Page 8

Je trouve que cette dame ressemble beaucoup à celle de la photo de la page 6 à droite.

Page 9

Cette mauvaise photo est d’une technique différente, elle n’a pas d’inscription au verso.

Nous avons par ailleurs une autre photo plus ou moins semblable, c’est à dire de mauvaise qualité et représentant ce genre de scène où il est écrit au verso “1909 souvenir de la revue du 14 juillet à Carentan”.

Naissance surprise, rue Echo à Bayeux

Si reconnaitre un adulte sur une vieille photo est déjà une gageure, identifier un bébé est mission impossible.

Ce qui fait que jusque là j’avais plutôt délaissé cette photo de l’album.

Mais voilà qu’en voulant détacher une photo de l’autre côté de l’album pour illustrer un futur article sur les photos des demoiselles Cauderlier, j’ai détaché aussi cette photo-ci.

Berthe Marie Le Gallier, Caen 1881

Pas de chance, ou plutôt si !

Parce qu’au verso, quoi donc ? Une inscription mystérieuse, énigmatique et fascinante …

Mais de qui s’agit-il donc !?.. Le mystère est épais et l’enquête s’annonce rude.

OK la photo n’est pas terrible, mais faut-il rappeler que l’artiste s’appelle Baudelaire, que de peintre il est devenu photographe, vu que personne ne lui a encore jamais parlé de tenter la poésie…

En fait, avec toute les infos écrites au verso, date et lieu de naissance, c’est trop facile de retrouver parmi les 162 naissances de Bayeux en 1881 notre petite Berthe née en mars chez Léopold Cauderlier.

Sur son acte de naissance, on apprend que la maman de la petite Berthe est Adeline Le Gallier née Halley, c’est-à-dire la soeur d’Emelie Halley, la femme de Léopold Cauderlier.

Acte de Naissance de Berthe Marie Le Gallier
30 mars 1881 Rue aux Coqs à Bayeux
chez Léopold et Emelie Cauderlier

On remarque au passage qu’Adeline appelle sa soeur Amélie et non Emélie comme l’état civil.

On voit aussi que Léopold est venu signer l’acte de naissance de sa nièce par alliance.

Du coup on imagine bien la fierté des parents qui habitent à Caen d’envoyer une petite photo de leur enfant âgée de quelques mois à Léopold et Amélie.

Finalement cette petite photo, par l’acte très complet qu’elle nous fait découvrir, nous en apprend pas mal sur la fratrie d’Emélie Halley.

Jusque là nous ne connaissions que la liste des 6 membres de cette fratrie appelés à la succession de leur mère en 1884.

J’ai trouvé ce document aux archives notariales de Caen.

Et on y retrouve bien en 4ème position Adeline épouse Richard Le Gallier, les parents de la petite Berthe.

Fratrie venant à la succession Halley.
Archives départementales du Calvados

La communion de Raymond de La Haye

Communion de Raymond De La Haye circa 1921
Joseph de La Haye c. 1921

En voilà une belle photo de famille ! Toutes les générations sont là. On a monté de la cave une demi-douzaine de bouteilles toutes bien rangées sur le muret derrière les missels, c’est le printemps, il fait beau et de jolies fleurs s’épanouissent tout autour.

Le jeune Raymond est encadré par ses grands-parents : à gauche son grand-père paternel Joseph de La Haye, à droite la seconde femme de son père Tante Jeanne et la mère de celle-ci, Madame Mattray, assise.

Honneur aux anciens en quelque sorte.

En regardant bien le revers du col de la veste du grand-père de La Haye, j’ai remarqué le ruban de chevalier de la Légion d’Honneur, une façon de confirmer que c’est bien lui, le grand-père de Raymond et aussi mon arrière-arrière grand-père. Il était gendarme et a été décoré pour ses états de service.

Madame Guizot, professeure de dentelle de Bayeux c.1921

Parmi les anciens il y a aussi un personnage tout en haut à droite, tout de noir vêtu. Placé un peu en retrait, à l’écart, avec sa calvitie naissante et ses vêtements sombres, la première réaction est de penser à un prêtre. Mais en agrandissant la photo, en la comparant avec d’autres, il semble bien que ce ne soit pas un ecclésiastique, ni même un homme mais une femme !
J’ai d’abord pensé qu’il pourrait s’agir de Madame Léopold Cauderlier née Emélie Halley. Elle porte un bijou autour du cou qu’elle a aussi sur une autre photo, celle de la communion de André et Henriette Cauderlier, prise quelques années plus tôt, où elle a été identifiée par Tante Denise comme étant leur professeure de dentelle de Bayeux, Madame Guizot.

Cécile De La Haye, c.1921

Toujours en haut à droite, à coté d’Emélie, on trouve Tante Cécile.

C’est un vrai bonheur d’avoir enfin une bonne photo de Tante Cécile dont j’avais jusqu’ici plus de correspondances que de photos. C’est la petite soeur de Marthe.

Francis de La Haye et Henri Cauderlier c.1921

Mais ceux qui rigolent le plus, contents de festoyer ensemble c’est le papa de Raymond, l’oncle Francis et son comparse, beau-frère et compagnon de régiment pendant toute la Première Guerre mondiale qui vient juste de s’achever, j’ai nommé Henri Cauderlier mon arrière-grand-père.

Bien sûr on trouve aussi sur cette photo, le grand frère de Raymond, Roger de La Haye entre Henriette Cauderlier et Tante Jeanne.

Henriette Cauderlier, Roger et Jeanne de La Haye, c.1921

Maryvonne de La Haye note la ressemblance frappante entre la jeune Henriette sur cette photo et sa future petite fille Marianne Le Barbey au même âge.

André, Denise, Suzanne et Marthe Cauderlier c.1921

On trouve aussi Marthe, notre Mamie de Bayeux, soeur de Francis, et donc tante de Raymond et Roger.

Et bien sûr mon grand-père André et ses soeurs Henriette et Denise. André a 13 ans. C’est lui le jeune homme appuyé contre le mur. Curieusement, il est très proche sur la photo de celle qui deviendra sa femme moins de dix ans plus tard, ma grand-mère Suzanne.

Marcel et Suzanne Lagouche

Suzanne est accompagnée d’un autre représentant de la famille Lagouche, son frère Marcel. Il n’est pas exclu que son grand-frère Charles soit derrière l’appareil photo.

Pourquoi sont-ils là alors qu’ils ne sont pas de la famille de la Haye et qu’ils n’habitent pas Bayeux ?

Une hypothèse est un rapprochement du corps enseignant normand, puisqu’on a ici, autour de la belle-mère du communiant, Tante Jeanne institutrice, sa directrice Mademoiselle Levallois, une professeure de dentelle Madame Guizot et Suzanne Lagouche qui a aussi été employée au pensionnat d’Auvers/Carentan.

Finalement il nous reste 4 personnes dont l’identification est un peu plus compliquée.

Peut-être Mesdemoiselles Levallois et Léger

A gauche de Tante Cécile il pourrait s’agir de son amie Mademoiselle Léger chez qui elle ira vivre à la fin de sa vie au 25 rue aux Coqs.

Un cran de plus à gauche il pourrait s’agir de Mademoiselle Levallois, directrice de la petite école où enseignait Tante Jeanne.

Maurice Gancel et une amie de Marthe, Armandine Bourguès

Par ressemblance avec la photo des communions d’André et Henriette Cauderlier commentée par Tante Denise on peut supposer que le monsieur est Maurice Gancel un cousin d’Henri Cauderlier qui logeait chez lui à Bayeux en 1911 comme vu sur les recensements.

On peut de la même façon identifier la dame comme étant Armandine Bourguès, une amie de Marthe Cauderlier née De La Haye dite Mamie de Bayeux.

Là encore on s’interroge sur la présence de cette dame si elle n’est qu’une amie d’une tante du communiant. Sans doute était elle aussi l’amie des De La Haye.

La photo de Paul Bouthreuil et Hortense Cauderlier

La première page de l’album qui me faisait rêver enfant représente le couple d’Hortense Cauderlier et Paul Bouthreuil, mes arrières-arrières-grands-parents du côté de ma grand-mère paternelle. La photo les montre jeunes. Ils se sont mariés en 1862. Elle est signée “Photographie GALLOT à Cherbourg” et dessous il est écrit “Seul représentant du Panthéon de l’ordre Impérial de la Légion d’honneur pour le Département de la Manche”

Comme le second empire s’achève en 1870 on peut raisonnablement penser que cette photo date des années 1860. C’est sans doute l’une des plus anciennes que nous ayons de nos aieux.

Quoique je connaisse cette photo depuis un demi siècle çà ne fait qu’une quinzaine de jours que j’ai pu identifier les personnes en les comparant à des portraits d’eux ultérieurs. Ce fût une grande joie.

Et en plus ils sont très beaux…

Du coup j’ai choisi cette photo comme premier emblème du site.

Les Cartes postales de Bayeux

Le 6 septembre 2020

Dans la maison de Bayeux, je retrouve des albums contenant des cartes postales. Ces albums sont ceux de mamie de Bayeux, Marthe. On s’écrivait comme des textos, tous les jours ou presque, pour ne pas dire grand-chose sur ces courriers sans enveloppe. la différence, c’est qu’il était courant de conserver et collectionner les cartes postales.

De nombreuses cartes sont envoyées à Carentan par des amis de Marthe et Henri, avant puis après leur mariage, par ses frères et sœurs, ses amis.

Marthe réside chez ses parents à la gendarmerie, son père Joseph en est le capitaine.

On découvre certaines personnalités, comme celle de sa sœur Cécile de la Haye née le 1er juillet 1892 qui écrit même quand elle est encore petite. Elle est spontanée et bavarde, elle écrit énormément. Les visites sont fréquentes de Bayeux à Carentan, à Caen et à Cherbourg, par le train.

On se rend visite le dimanche.

Une amie Jeanne Douet écrit très souvent depuis Cherbourg à Marthe, jusqu’au mariage de Jeanne Douet. Elle donne des nouvelles de Madame Viala.

Cherbourg a une importance particulière pour la famille de la Haye.

Les naissances donnent lieu à des échanges de cartes, ainsi que les fêtes.

La guerre de 1914-1918

Francis de la Haye et son beau-frère Henri Cauderlier sont mobilisés ensemble dans le même bataillon. Ils séjournent à Cherbourg, puis partent vers l’est à Belfort, en 1915 à Bray-sur-Somme.

Les permissions sont rares.

Georges Boucher est mobilisé et blessé.

Les cartes adressées à la petite Denise, âgée de 3 ans, ne lui épargnent pas les ruines et les destructions.

En l’absence des hommes, les femmes font tourner le commerce. Henri explique à Marthe comment gérer la comptabilité client.